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La Cour de sûreté de l’État, cette broyeuse de vie…

Contribution: « Que cela reste dans la conscience des Comoriens qu’il y a des innocents qui sont en prison et qu’ils ne peuvent rien faire ». C’est la réaction de Me Attick, avocat des deux hommes condamnés ce jeudi 13 décembre, à Moroni, par la Cour de Sûreté l’État dans l’affaire des clous deversés en février dernier sur le tarmac de l’aérodrome de Bandar-Salam à Fomboni ( Mwali).
Des propos désabusés d’un avocat qui a assisté,impuissant, ses clients embarqués pour un retour à la case prison où ils ont déjà passés plusieurs mois de détention ( provisoire). Il est vrai que la justice a eu la main très lourde à l’encontre de ces jeunes anciens employés de l’aérodrome de Bandar-Salam, qui ont écopé 8 ans de prison pour l’un et 5 ans pour l’autre.  » Ces deux hommes ne veulent pas citer leur commanditaire, ils vont payer pour lui » , a cru bon de souligner le commissaire du gouvernement auprès de la Cour de sûreté de l’État dans son réquisitoire, lui qui a réclamé 10 ans de prison pour les deux accusés. Malheur aux vaincus…

Ces lourdes peines rappellent, en tout cas, la  » promesse » faite en février dernier par le ministre de l’intérieur, quelques heures après la découverte des clous sur le tarmac de l’aérodrome de Bandar-Salam.  » Ils ont raté leur cible, mais nous n’allons pas les rater » promettait le ministre Mohamed Daoudou, ce jour là. Il flairait la main de l’opposition derrière cet acte de sabotage. Un acte qualifié alors de  » tentative d’attentat ». Après plusieurs mois d’enquête aucune trace d’implication de l’opposition n’a été décelé.

Ces jeunes, ces pères de familles, qui ont clamé leur innocence tout le long du procès ont été happés par cette broyeuse qu’est la Cour de sûreté de l’ État, cette juridiction politique d’exception dont les décisions ne sont susceptibles d’aucun recours. Une juridiction désuète, de triste mémoire, qui a disparu du paysage judiciaire dans plusieurs pays du monde.

Le seul salut de ces jeunes repose aujourd’hui sur un improbable grâce présidentielle. Désemparé, après ces lourdes peines infligés à ses clients, Me Attick en appelle à la conscience de tous les Comoriens qui doivent  » faire en sorte que cette juridiction soit supprimée ».

Le coup d’éclat, ce vendredi 14 décembre, des avocats constitués dans l’affaire de la présumée tentative de coup d’État, le deuxième dossier aux mains de la Cour de sûreté de l’État qui compte juger quatre affaires durant cette session 2018, est peut-être un début de la contestation de cette juridiction qui ne devrait jamais sortir de la poubelle de l’Histoire où elle était classée.

En quittant la salle d’audience, refusant ainsi de cautionner la  » mascarade judiciaire » annoncée, les hommes en toges noires ont retardé, évité, peut être, à leurs clients qui étaient sur la porte d’entrée de la broyeuse de glisser dedans. Le combat ne fait que commencer, il doit rassembler, unir, tous les hommes et femmes assoiffés de démocratie dans nos belles îles de la lune.

Fayçoil Abdou

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