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La Croatie se réjouit de l’acquittement de deux généraux par le TPIY

Plusieurs milliers de personnes s'étaient réunies sur la place centrale de Zagreb pour accueillir les deux généraux acquittés.

Acquittés vendredi 16 novembre en appel par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), les généraux croates Ante Gotovina et Mladen Markac, « héros » de l’indépendance dans leur pays, sont arrivés à Zagreb, où le verdict a été salué par des larmes de joie. Accueillis à l’aéroport par le premier ministre Zoran Milanovic, les généraux, tous deux âgés de 57 ans, se sont ensuite rendus sur la place centrale de Zagreb où ils ont été acclamés par des dizaines de milliers de compatriotes. « Ante, Ante » scandait la foule enthousiaste (près de 80 000 personnes selon la télévision nationale), qui brandissait des centaines de drapeaux croates.

« Le jugement a confirmé tout ce que nous avons cru en Croatie : que les généraux Ante Gotovina et Mladen Markac sont innocents et qu’il ne s’agissait pas d’une entreprise criminelle commune organisée par le pouvoir et les forces croates dans le but d’expulser des civils, nos concitoyens de nationalité serbe [comme l’affirmait l’acte d’accusation], a déclaré le président croate Ivo Josipovic. Le jugement a confirmé que la Croatie n’a pas commis de nettoyage ethnique et que le combat de nos défenseurs a été juste. » Le président s’est réjoui d’un verdict qui blanchit son pays de graves accusations portant sur des crimes commis pendant la guerre d’indépendance (1991-1995), ayant opposé les forces de Zagreb aux sécessionnistes serbes soutenus par le régime au pouvoir à Belgrade.

UN VERDICT « SCANDALEUX » POUR BELGRADE

Les généraux Gotovina et Markac avaient été condamnés en première instance à respectivement vingt-quatre et dix-huit ans de prison pour des faits commis durant l’opération « Tempête », en 1995, qui avait pour but la reconquête de la République serbe autoproclamée de Krajina, une des dernières poches de résistance tenues par les sécessionnistes serbes. Le TPIY les accusait d’être responsables de la mort de 324 civils ou soldats ayant déposé les armes et du déplacement par la force de 90 000 Serbes de la Krajina. Les associations de victimes serbes évoquent pour leur part les chiffres de 220 000 réfugiés et de près de 1 200 civils tués.

De son côté, Belgrade n’a pas dissimulé sa colère. « Le gouvernement a décidé de réduire la coopération avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie à un niveau technique, supprimant de l’agenda tout envoi de documentation réclamé par le tribunal », a déclaré le ministre chargé de la coopération avec le TPIY, Rasim Ljajic. « C’est une décision scandaleuse », a renchéri le procureur serbe chargé des crimes de guerre, Vladimir Vukcevic. Le magistrat a dénoncé un verdict « juridiquement incompréhensible » portant sur « un des plus graves » crimes de guerre commis en ex-Yougoslavie.

Le conflit serbo-croate qui a fait 20 000 morts a été l’un des épisodes sanglants du démembrement de la fédération yougoslave, dont les six ex-républiques sont aujourd’hui toutes indépendantes. Après la Slovénie (2004), la Croatie est appelée à intégrer l’Union européenne en 2013.

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