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La diaspora, une ressource non négligeable pour contribuer au développement économique de l’Afrique

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La diaspora africaine est un levier de croissance économique, par son pouvoir économique, son savoir-faire et par ses investissements entrepreneuriat, communautaires et sociaux.

Ignorer un tel potentiel économique est aberrant d’autant plus que ses apports dépassent les aides au développement destinées à l’Afrique. Pourtant les transferts d’argent destinés au pays du Sud en particulier les pays de l’Afrique sub-saharienne ne sont pas suffisamment orientés vers le secteur productif. Des études des institutions internationales et panafricaines comme l’OCDE ou la BAD, estiment que la part des transferts d’argent investi dans le secteur productif atteint à peine 10%. A titre de comparaison, la part des transferts investis dans les pays asiatiques notamment l’Inde et la Chine dans le secteur productif peuvent parfois atteindre 30%. Il ne suffit pas seulement d’envoyer de l’argent pour contribuer au développement de l’Afrique.

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Orienter les flux des transferts d’argent de la diaspora africaine dans les secteurs productifs est incontournables.

En premier lieu, les pouvoirs publics devraient mener une campagne de sensibilisation pour orienter les flux de transferts vers les secteurs clés créateurs de richesses et d’emplois et donc à terme des recettes fiscales. En second lieu, les Autorités nationales devraient faire des efforts pour encourager davantage l’entrepreneuriat de la diaspora, la création de coopératives, la coproduction, le groupement d’intérêts économiques avec la possibilité de prêt à coût réduit pour les entrepreneurs issus de la Diaspora. Un guichet unique pour les formalités administratives, fiscales et douanières avec la mise en place notamment d’un centre national d’information sur les secteurs et créneaux porteurs et considérés comme prioritaires par l’État devrait être institué de façon permanente. L’Etat pourrait signer une convention avec des banques ou établissements de crédit ou mutuelles d’épargne partenaire pouvant accompagner les initiatives des expatriés avec la possibilité d’octroi d’un prêt à moindre coût si le projet présenté est validé par la banque. Cela qui implique également la mise en place d’un système de suivi et d’accompagnement par des professionnels avec une obligation de s’inscrire dans un centre de gestion comptable agréé pendant une durée minimale de 3 ans. Cela permettrait de réduit le taux de faillite et de réduire progressivement le développement du secteur informel en générant à terme des recettes fiscales pour l’État.

Une politique volontariste pour la bibancarisation est une nécessité absolue

Les banques de la place devraient être invitées à offrir davantage de produits d’épargne attractive pour cette catégorie de population, ce qui permettrait d’obtenir à terme des prêts à taux bonifié pour notamment permettre aux investisseurs de la Diaspora de disposer de fonds de roulement pour leurs activités entrepreneuriales. Les banques publiques ou privées pourraient également faire une démarche proactive en s’implantant dans les pays d’émigration de la Diaspora comme le font certaines banques africaines comme celles du Mail, du Sénégal, de la Tunisie et du Maroc. Les Comores ont également fait un pas avec la banque postale Implantée en France. Mais cette dernière n’est qu’une représentation avec des activités réduites.

Et son image mérite d’être renforcée avec l’extension de ses activités à celle d’une banque universelle pour les Comoriens établis en France. Il convient donc d’adapter les actions bancaires aux enjeux. Et les pouvoirs publics devraient aider à l’obtention des autorisations nécessaires pour que la Banque postale comorienne et d’autres banques partenaires à des banques locales à l’exemple de la Bank of Africa puissent permettre des opérations générales avec possibilités de prêt d’entreprises voire des prêts immobiliers à des coûts compétitifs. La crédibilité qui sera donnée à ces banques sera cruciale. Des opérations et campagnes d’information et de séduction avec présentation de la cohérence et la solidité des établissements financiers concernés seront nécessaires. De même la création de produits d’épargne attractifs donnant des avantages intéressants pour les investisseurs aux pays d’origine est à encourager. Les banques de la diaspora ont un avenir comme l’ont compris des pays comme le Maroc et le Mali par exemple.

Soutenir les initiatives et les investissements de la diaspora dans les secteurs à valeur ajoutée

Certains pays l’ont également compris comme le Bénin qui a organisé en France en trois jours un forum de développement ou de l’émergence du Bénin avec une journée sur la thématique de la Diaspora le 3 juin 2014 à Paris. Le Togo organise du 13 au 16 janvier 2015, une semaine baptisée  » Réussites Diaspora » pour encourager les initiatives des expatriés qui réussissent dans leurs initiatives privées ou communautaires en innovant ou en créant des entreprises ou des produits ou produits innovants… Une telle initiative est à saluer et à encourager pour d’autres pays à forte diaspora comme les Comores où la population expatriée représente un peu plus de 25% de la population. Ladite diaspora envoie l’équivalent de 190% des recettes budgétaires, près de 25% du produit intérieur brut (PIB). La Banque centrale des Comores dans son rapport du premier trimestre 2014 a estimé les transferts d’argent de la Diaspora à près de 58 milliards de Francs Comoriens (100 millions d’euros environ) en 2013 sans pouvoir prendre en compte l’argent transféré de main à main. Celui est très élevé et peut atteindre l’équivalent du montant officiel.

Cela montre que les potentiels économiques de la Diaspora sont importants et les enjeux en matière de développement encore plus important. Négliger une telle source économique serait un manque de vision politique et un acte inacceptable quand on sait que les Comores importent près de 90% des produits de consommation. La consommation sur place de diaspora durant les vacances représente une part non négligeable au point d’entraîner parfois des augmentations temporaire s de prix de produits locaux. La valorisation des activités à création de valeur ajoutée dans l’agriculture, l’agro-alimentaire, les richesses halieutiques ou le secteur des technologies et des services constitue un axe de travail qui permettrait d’ouvrir des perspectives d’investissement et de création d’emplois. Les investissements de la diaspora devraient être orientés vers ces secteurs par des facilités fiscales, douanières et administratives sans pour autant créer des distorsions nuisibles en matière de concurrence.

Un réservoir de savoir-faire à valoriser et à mettre au service du développement économique

La diaspora africaine constitue également une réserve de ressources humaines et de savoir-faire à mettre au service du développement économique. Plusieurs pays africains l’ont compris. Et la France a mis en place quelques dispositifs intéressants pour mobiliser les compétences de la diaspora notamment pour la diaspora comorienne dans le cadre du programme franco-comorien de codéveloppement ou le nouveau terme utilisé est  » développement solidaire. » Ces dispositifs doivent être amplifiés. Les Gouvernants africains doivent mettre en place leurs propres dispositifs pour capter les compétences de la diaspora dans le cadre de contrats de mission transparents et motivants pour le secteur administratif et des collectivités décentralisées.

L’épargne dormante devra être mise au service du financement de l’économie

La création de Caisses de Dépôts et de Développements sur le modèle de la Caisse des Dépôts et des Consignations mise en place en France et dans 15 pays dans le monde dont la Tunisie, la Mauritanie, le Maroc et le Gabon mais avec une adaptation rigoureuse aux réalités économiques, financières et culturelles de chaque pays africain pourrait être étudiée pour les pays qui n’en disposent pas comme les Comores et Madagascar. Ces caisses s’appuieraient sur la surliquidité des banques publiques, l’épargne dormante des populations et celle de la diaspora en les mobilisant par des incitations novatrices sur un produit financier spécifique et avantageux comme un Livret d’épargne développement (LED).

Pour finir, la volonté politique est toujours primordiale pour mettre en œuvre de telles propositions. La commission de l’Union Africaine a .également un rôle crucial à jouer en matière d’impulsion et d’accompagnement des politiques publiques des 54 Etats du continent africain. Le poids économique de la diaspora est tel qu’il n’est pas possible de se croiser les bras alors que rien que pour l’Afrique sub-saharienne, les transferts d’argent atteignent les 60 milliards de dollars par an et dépassent le montant global de l’aide publique au développement. Une institution panafricaine spécialisée dans la mobilisation des ressources multiformes de la diaspora africaine serait un geste fort de la part de l’Union africaine pour amorcer une stratégie originale, novatrice et efficace dans l’inclusion et l’implication des expatriés africains dans la contribution à l’émergence du continent africain.

Darchari Mikidache

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