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La tournante : L’idée d’organiser des assises nationales divise la classe politique

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DEBAT. L’idée d’une organisation d’assises nationales avant les élections (réclamées par le Mouvement du 11 Août 2015) n’en est qu’à ses débuts. Mais, il divise déjà. Le gouvernement a déjà fait part de ses réticences. Si la nécessité de faire le bilan des quarante ans de l’indépendance et des quinze ans de la tournante est partagée par la majorité des leaders que nous avons pu interroger, le timing du débat fait polémique, étant entendu que «nous ne sommes qu’à quelques mois du premier tour des présidentielles».

 

Le secrétaire général du Front national pour la justice (Fnj), Toibrane Houmadi, loue l’initiative des sages et leur rend hommage. «Je trouve que c’est une bonne idée, et nous y adhérons, afin de distinguer ce qui a marché de ce qui n’a pas marché. Ainsi il y a moins de risques de répéter les mêmes erreurs», dit-il. Cependant il estime – et là il rejoint la position du gouvernement rendu publique par son porte-parole (voire notre édition d’avant-hier) – que «le gouvernement n’a pas à patronner ces assises, qui doivent être spécifiquement citoyennes, sinon elles perdraient  de leur sens».

Il s’est, ensuite, empressé d’ajouter : «si le gouvernement ne peut pas être à l’initiative de telles assises, il a le devoir de les faciliter». Bien que les auteurs du manifeste estiment que «les assises nationales sont tout à fait compatibles avec le calendrier électoral proposé par la CeniI», certains avancent l’idée que ce qui se cache derrière ce manifeste, c’est la formation d’un gouvernement de transition.

Interrogé sur ce point précis, le secrétaire général du Fnj est catégorique : «les assises nationales ne doivent pas conditionner les élections présidentielles, et la formation d’un gouvernement d’union nationale serait une grave erreur. Nous ne devons pas couper l’élan de l’expression démocratique». Firozali Dramsi, secrétaire général du Front patriotique soilihiste (Fps), est d’un avis opposé. «Ce monstre à quatre têtes n’est pas viable», soutient-il faisant allusion au système de la «Tournante».

Il recommande donc la tenue de ces assises, lesquelles doivent, selon lui, être suivies par «la formation d’un gouvernement de transition d’une durée allant de 6 mois à 24 mois afin de lancer les réformes qui en découleront». Une proposition qui risque de faire bondir de sa chaise le ministre de l’Intérieur pour qui les dates de la tenue des élections aux dates annoncées (février et avril prochains) ne sont pas négociables. Fahmi Saïd Ibrahim (Pec) regrette que ce bilan n’ait pas fait il y a quelques années. Il «craint une concomitance entre ces assises, la période pré-électorale et les élections», a-t-il déclaré.

Le député d’Itsandra Nord tient néanmoins à préciser que si les assises n’empiètent pas sur le calendrier, il n’y voit «aucun inconvénient». «Je suis attaché à la légalité constitutionnelle et toutes les démarches politiques doivent être soucieuses du calendrier électoral et du mécanisme institutionnel», a-t-il insisté, avant de poursuivre : «Si nous ne voulons pas renouer avec les aventures et les aventuriers que nous avons connus par le passé, le calendrier électoral doit être respecté».

Enfin, le député  du parti Juwa dans la circonscription Moroni-sud, Mohamed Msaidié, dit soutenir la proposition des sages « en son nom propre » : «Ces assises permettront aux Comoriens, aux partis politiques et à la société civile de faire le bilan des quarante dernières  années et ainsi de jeter de meilleures bases pour l’avenir », raisonne le parlementaire. Il déplore, par ailleurs, le fait que «l’initiative de ses assises ne provienne pas du gouvernement actuel «car sans lui, ces assises n’auront pas les effets attendus».

Toujours est-il que les rencontres entre les initiateurs du Mouvement du 11 août 2015 et la société civile se multiplient. Encore faut-il savoir si les recommandations qui émaneront de ce grand congrès seront prises en compte par la kyrielle de candidats à venir.

 

Faïza Soulé Youssouf/Alwatwan

 

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1 commentaire sur La tournante : L’idée d’organiser des assises nationales divise la classe politique

  1. je pense que la raison veut l’emporter, habilité du politique mais aussi de la précision ce qui détermine l’homme politique des temps moderne.
    Si nous réagissons intellectuellement, on essaie et où on doit rester essayiste. tirer les les leçons de ces 40 dernières années et les 15 passées sur la difficultés, l’imprécision, le doute, et les échecs des temps! oui ils faut réagir; se parler, directement sans feinte, ni esquive. le moment est venu de faire le bilan de ceci. C’est une très bonne initiative! rater ce moment c’est se voir déconnecter de la réalité, le vérité…
    une chose au passage, Un Nicolas SARKOZY disait à travers son discours du Sénégal… l’homme Africain n’est pas entré dans ce monde moderne.
    pourquoi? je n’ai pas pris ceci pour une insulte; par contre pour une critique constructive et intelligente.
    Encore une fois j’ai lu « le gouvernement d’union nationale » c’est cité sur ce passage du texte ou de l’article!
    Oui!!! mais comprenons bien que sans alternance ni suivi de ce qui fonderont l’Etat de demain dans un pays: les étudiants; rien, mais rien n’y va.
    Alors qu’on débat, pour le gouvernement de Transition pourquoi pas l’armée? polémique???
    et pourquoi l’armée? Je constate les doutes des uns et les autres, sur l’art et la méthode de mettre ceci en oeuvre.
    convenons-nous sur une chose! le débat sur la critique constructive devrait avoir lieu aujourd’hui pas demain!
    Sachant quand-même que quand ces personnes ne voient pas consensus, ils renonceront directement à ce débat. Il faut un consensus sur le sujet!!!
    Aimez le pays, c’est cherchez le pertinent sur un certain nombre de sujet qui préoccupe les citoyens. pour ce faire, déjà la Télévision Nationale devrait fonctionner, d’ou la solution de la Mamwe, d’ou la solution des sociétés d’Etat qui partent à Volo depuis mais que personne n’en parle.
    Alternance, Alternance et donc, rejoignons-nous! ça suffit les milles partis qui ne rime en rien: car déjà tu ne sais pas qui dit quoi, qui fait quoi mais c’est bête et méchant.
    Construisons les Comores de demain!!! acceptons les critiques d’où elles viennes.
    Les universités étudiantes devraient se voir encouragées, mais dans ceci l’alternance!!!

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