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La Turquie réclame les faïences du Louvre

Le département des Arts islamiques du Louvre, fraîchement inauguré, présente plus de 3000 objets, parmi lesquels un mur de céramiques « ottomanes » dans la pure tradition des faïences d’Iznik.

Sur le site du Louvre, les objets sont présentés comme suit: « Ces tympans proviendraient de la mosquée de Piyale Pacha où ils étaient placés au-dessus des fenêtres. Piyale Pacha, grand amiral de la flotte ottomane de 1554 à 1568, qui était marié à Hadje Guheri Muluk Sultan, soeur de Selim II. Dans le champ central se détachent des « nuages chinois » rouges, motifs issus des miniatures iraniennes mongoles et timourides ; ils sont ici noués, stylisés et assemblés en un long ruban. Les éléments végétaux issus du motif central, en apparence très naturalistes, se révèlent à l’observation être des compositions imaginaires ».

Ces faïences assure le ministère turc de la Culture ornaient l’intérieur de la mosquée de Piyale Pacha, dans le quartier de Kasimpacha, dont est originaire le premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Fin octobre le journal Radikal a lancé en première page une accusation: Les céramiques auraient été « volées » par l’historien de l’art Germain Bapst. « Tout est à nous », dit le journal. Le Louvre dément et répond qu’elles lui ont été offertes par Bapst qui voyagea à Istanbul en 1899. Des fonctionnaires de l’ambassade turque sont allés les photographier dans le musée du Louvre et le ministère a entamé des démarches officielles pour réclamer leur « restitution ». Une procédure hasardeuse car la convention de l’Unesco qui régit le trafic d’œuvres d’art et de pièces archéologiques, signée en 1970, n’est pas rétroactive.

Le ministre de la Culture Ertugrul Günay qui sera à Paris mardi et mercredi pour promouvoir l’expo universelle à Izmir en 2020, profitera de ce passage pour manifester son mécontentement devant le refus du Louvre.

La Turquie a lancé, depuis quelques années, une vaste campagne pour « rapatrier » des pièces de musées du monde entier. Les faïences du tombeau de Selim II à Sainte-Sophie, également détenues par le Louvre, avaient déjà provoqué quelques bisbilles. Elles auraient été, selon la Turquie, exportées illégalement par le collectionneur Albert Dorigny à la fin du XIXe siècle. Le musée de Pergame à Berlin avait accepté l’an dernier de renvoyer vers Istanbul le sphinx de Hattucha, une statue retrouvée sur le chantier archéologique de la cité hittite, où travaillent des équipes allemandes. Des centaines d’objets sont ainsi réclamés par la Turquie.



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