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L’accès à l’eau et la campagne électorale

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En cette période de campagne électorale timorée, les problèmes fondamentaux rencontrés par la population sont éclipsés par des professions de foi et des programmes qui ne tiennent pas compte de priorités nationales identifiées notamment par la Stratégie de Croissance accélérée et de Développement Durable (SCA2D 2015 – 2019). Et l’un de ces problèmes qui affecte toute la population et qui est un facteur déterminant de l’état de santé est l’accès à l’eau potable. Il suffit de circuler à Moroni et ses environs pour constater de visu, l’état de détresse de la population qui s’agglutine autour des fontaines publiques pour s’approvisionner en eau potable.

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Le constat est plus qu’amer dans ce pays. A Ngazidja, à peine 10,89% des habitants ont de l’eau courante à domicile. La situation dans la capitale est inquiétante. En effet, chaque habitant de Moroni et de ses environs devrait recevoir 258 litres d’eau par jour, conformément á la réglementation en vigueur. C’est loin d’être le cas à cause des fuites dues à la vétusté du réseau. Certaines zones de Moroni peuvent ne pas recevoir de l’eau pendant plusieurs semaines ou seulement une quantité infime pendant quelques heures par jour ; et ceci en dépit de la potentialité existante. L’Hôpital El Maarouf, le plus grand établissement hospitalier du pays, manque souvent. La famille du malade doit apporter de l’eau.

A Mwali, seulement 28,89% de la population ont de l’eau courante à domicile. C’est en soi une proportion faible qui peut s’expliquer par un problème d’accessibilité financière mais aussi d’accessibilité géographique en raison des fuites dues à la vétusté du réseau et de mauvais branchements du réseau. La ville de Fomboni est ainsi rationnée en eau de façon tournante.

A Ndzouani, les 39,18% de la population qui ont l’eau courante à domicile n’ont bien souvent pas la moindre goutte d’eau à leur robinet à cause de la vétusté des infrastructures.

En outre l’eau utilisée par la population n’est toujours pas potable. Le code de l’eau dispose dans son article 3 que « Toute eau livrée à la consommation humaine doit être potable. Elle remplit cette condition lorsqu’elle n’est pas susceptible de porter atteinte à la Santé de ceux qui la consomment ». Cette disposition législative est loin d’être respectée.

La gouvernance de l’eau est aussi catastrophique. Or l’eau est un bien public qui doit satisfaire des besoins essentiels et l’accès à l’eau potable est un droit humain reconnu dans des instruments juridiques nationaux et plusieurs conventions internationales ratifiées par le pays. La gestion des ressources disponibles n’est uniforme ni sur l’ensemble des trois îles (Mwali, Ndzouani et Ngazidja), ni à l’intérieur d’une île.

La société d’eau et d’électricité des Comores (MAMWE) n’est jamais intervenue dans la gestion de l’eau à Mwali et à Ndzouani. A Ngazidja, cette société se limite au réseau d’adduction d’eau de Moroni et de ses environs.

En dehors de l’agglomération de Moroni, ce sont les communautés voisines du puits ou de la source qui prennent en charge la gestion de l’eau. Considérée comme un don de Dieu, l’eau est gratuite à Mwali et à Ndzouani. Cependant, un début de restructuration de la gouvernance au niveau de Ndzouani a débuté. L’Union des Comités de l’Eau d’Anjouan (UCEA) (une fédération des comités de l’eau des villages) prend progressivement en charge la gestion de l’eau.

Ainsi la résolution du problème de l’eau aux Comores devrait être l’une des priorités de nos candidats à l’élection présidentielle de l’Union et aux élections des gouverneurs des iles autonomes. Mais ces derniers parlent d’autres choses, normale que la population ait déserté les réunions politiques.

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