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l’ancien ophtalmologue de l’hôpital de MAYOTTE « LE DOCTEUR ROCHE CONDAMNÉ À HUIT ANS DE PRISON POUR LE VIOL D’UNE PATIENTE »

Reconnu coupable du viol d’une de ses patientes et d’atteintes sexuelles sur une autre, l’ancien ophtalmologue de l’hôpital de MAYOTTE a été condamné à huit ans de prison. Mais acquitté des faits de viols sur deux autres plaignantes, le docteur Jean Roche entend faire appel de cette sentence.

Sonné. Le regard dans le vide, le docteur Jean Roche écoute la cour rendre sa décision, au terme de trois longues heures de délibéré. Reconnu coupable de viol sur l’une de ses patientes mineures et d’atteintes sexuelles sur une autre, l’ancien ophtalmologue des hôpitaux de Mamoudzou et de Saint-Denis est condamné à huit ans de prison. Hagard, il vide les poches de son veston pour suivre l’escorte qui va le conduire au centre pénitentiaire, lui qui n’avait pas fait un seul jour de détention provisoire durant les onze années de sa mise en examen.

LE PARQUET REQUIERT L’ACQUITTEMENT

Aussitôt, ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel de cette décision « inacceptable » (lire par ailleurs). Ceci bien que le médecin ait été acquitté pour les faits de viols dénoncés par trois autres de ses patientes, et pour lesquels il encourrait 20 ans de réclusion criminelle .

Une condamnation accueillie avec soulagement et émotion par la seule jeune femme venue témoigner à l’audience, et reconnue dans le statut de victime qu’elle a revendiqué durant toutes ces années. « Elle a été violée, salie, elle n’était plus bonne à rien. Si elle est là encore aujourd’hui, c’est parce qu’elle dit la vérité. », avait plaidé quelques heures plus tôt son avocate Me Moissonnier.

Pourtant, jusqu’au bout, l’issue de ce procès sera restée incertaine, comme en témoigne la longueur du temps passé par les jurés dans le secret du délibéré. Une longue réflexion sans doute due au réquisitoire quelque peu déroutant de l’avocate générale Danièle Braud qui, fidèle aux demandes de non-lieu formulées par le Parquet durant l’affaire, a littéralement plaidé pour un acquittement de l’accusé. « Le rôle du Procureur, c’est de prendre des réquisitions convenables au bien de la Justice. De défendre les victimes, certes, mais d’abord de trouver la vérité », rappelle en préambule la représentante du Parquet, avant d’attaquer une longue démonstration des lacunes rencontrées dans le dossier, des errements initiaux de l’enquête aux déclarations incohérentes ou contradictoires des plaignantes accusant le docteur de les avoir violées dans son Cabinet du Centre hospitalier entre 1999 et 2001. « Aucun des témoins n’a jamais rien vu directement, ni n’a pensé à ramasser l’un des soi-disant préservatifs découverts dans la poubelle », note la Magistrate en référence aux accusations des secrétaires médicales. « Vous pourrez me faire le bénéfice de mon honnêteté intellectuelle. Pour moi, ce dossier est insuffisant pour condamner le docteur Roche. Même s’il n’est pas sympathique, même s’il a fait des fautes professionnelles, même s’il est de mauvaise vertu », lance l’avocate générale à des jurés déboussolés.

Et de conclure : « Ce n’est pas évident pour un Procureur de requérir un acquittement. Mais je le fais en mon âme et conscience ». On se dit alors que la route est toute tracée pour les avocats de la défense, qui n’en demandaient sans doute pas tant. Me Iqbal Akhoun va insister sur le manque de crédibilité des victimes présumées, « des parties civiles soit fantomatiques, soit incohérentes », l’absence de « pièces à conviction », ou « l’ambiance délétère entre les Magistrats de MAYOTTE, qui a conduit au dépaysement du dossier », avant d’inviter les jurés à « sortir de la caricature du notable qui abuse de son pouvoir ».

« UNE INFAMIE »

Son Confrère, le Bâtonnier Djalil Gangate, enfonce le clou : « Un prédateur néocolonialiste et raciste, voilà pour quoi on veut faire passer M. Roche… Tout ça parce qu’il est docteur, et parce qu’il est blanc ? » Puis, s’adressant aux jurés : « Et c’est à vous qu’on demande de compenser les faiblesses de ce dossier ? »

L’avocat évoque les états de services irréprochables d’un homme qui « travaillait dix heures par jour et a révolutionné la médecine à Mayotte ». « Sur 30 000 patientes examinées en six ans, il y en a quatre qui se plaignent ? Cela ne tient pas la route », lance Me Gangate. La personnalité « harmonieuse » et l’absence de « tendances à la pédophilie » notées par les experts sont rappelées par l’avocat qui conclut à propos du Dr Roche : « Rendez-lui justice, rendez-lui sa dignité ».

Mais les jurés, tout en écartant bon nombre des charges qui pesaient sur le docteur, auront gardé en mémoire la détresse de la jeune femme venue témoigner à la barre, ces photos de toutes jeunes filles nues trouvées dans l’ordinateur du docteur, mais aussi ses explications peu convaincantes sur l’utilisation de préservatifs pour protéger des sondes médicales. Et sans doute aussi, cette relation sexuelle à trois avouée avec l’une des victimes, un détournement de mineur pour lequel sa compagne a pourtant été acquittée. « Je n’en peux plus de ces accusations. C’est une infamie que je ne peux plus supporter », avait dit le docteur Roche pour ses dernières paroles de l’audience. Sans réussir à convaincre le jury

Compte rendu d’audience : Sébastien GIGNOUX – Clicanoo

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« Ma cliente reviendra témoigner »

Me Catherine Moissonier, qui défendait l’une des parties civiles reconnue victime de viol par la cour, a évoqué « un verdict satisfaisant » pour sa cliente désormais « soulagée ». Mais elle rappelle toutefois que le docteur Roche « n’a pas été condamné pour les autres faits, les jurés ont estimé qu’il y avait des doutes ».

« Ce n’était pas un exercice facile pour la partie civile de démontrer une culpabilité, quand le Parquet a fait un autre choix », souligne l’avocate, qui s’attend déjà à un nouveau procès contre le docteur Roche. « Il va sans doute faire appel, mais ma cliente reviendra témoigner et fera face à cette nouvelle épreuve ».

Clicanoo

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La Défense veut faire appel

À la lecture du verdict, Mes Djalil Gangate et Iqbal Akhoun, avocats du Dr Roche, ont annoncé leur intention « de faire appel dès lundi ». « Cette décision n’est pas acceptable. Nous avons déployé beaucoup d’efforts, d’énergie et de conviction pour démontrer que ce dossier était vide. Je rappelle, et c’est un fait rarissime dans les annales judiciaires, que l’avocat général a abondé dans notre sens. La Cour en a décidé autrement, nous en prenons acte. Mais nous nous battrons jusqu’au bout », précise Me Akhoun.

Clicanoo

Même s’il a été acquitté de bon nombre des charges qui pesaient sur lui, le docteur Jean Roche

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