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Le « ANDA » et la Nouvelle Génération

anda Le Grand Mariage Comorien occupe une place non négligeable dans l’esprit de tout Comorien. Qu’on soit partisan ou détracteur, nos projets futurs sont indissociables du « Anda »  car ils gravitent autour de cette coutume.

Mais de quel « Anda » parle-t-on?  Celui que continue de célébrer nos parents ou bien celui qui serait issue de la vision de la nouvelle génération ?

Autrefois indéboulonnable, le Grand mariage Comorien perd de sa superbe, de son autorité, de son assurance lentement mais surement.

Faut-il s’inquiéter de la destitution et de la dégringolade progressive du « Anda » de sa place en haut de la pyramide des coutumes Comoriennes ?

Qu’est-ce qu’en pensent les têtes de gondole de la future génération à savoir les étudiants ?

Le grand mariage constitue un sujet de discorde chez nos futurs cadres. Les uns défendent farouchement avec arguments à l’appui cette tradition. Les autres abondent bien évidemment dans le sens inverse tout en s’argumentant aussi.

Les premiers estiment que le rôle que joue le grand mariage dans notre société ne peut être négligé dans la mesure où, l’économie de notre pays dépend énormément des aides de la diaspora. Les bienfaits sont légion et couvrent toutes les couches sociales, dans tous les compartiments de la vie.

 

Pour le premier défenseur du Grand Mariage qu’on a eu à recueillir son témoignage pour comores-infos, il explique que parmi les avantages indéniables, il y a « l’envie de réussir, la détermination et la mise à disposition de moyens pour y arriver». En effet, pour cet étudiant, cette tradition donne d’une manière obligatoire ou presque, l’envie de tout entreprendre pour regagner la France dans l’espoir de lendemains meilleurs. Quitte à vendre des terrains, des bijoux, etc.

Selon lui, ce ne sont tout de même pas ces terrains qui vont booster le quotidien de la famille. Il explique qu’avoir une personne en France, garantie plusieurs possibilités (construction de maisons, éducation des enfants, assurance maladie en quelque sorte…) avant même de parler grand mariage.

Un autre étudiant abonde dans ce sens. Selon ce dernier, les réalisations qui découlent du grand mariage sont incontournables pour le développement du pays d’autant plus qu’en aucun cas, l’Etat ne serait en mesure de les assumer.

Dernièrement, le gouvernement désenclave de manière significative les villes et villages les plus éloignés. Mais n’oublions pas que l’avènement dans nos villages des infrastructures tels que les routes, l’électricité, est devenu possible uniquement à cause de l’argent que perçoivent les villages lors des cérémonies de mariages. La construction des mosquées, des marchés, des places publiques, des écoles pour ne citer que ça est réalisable uniquement grâce aux retombés pécuniaires qu’engendre le « Anda ». Le plus importants pour lui reste le fait que le mariage permet d’avoir un toit digne, un patrimoine pour les enfants, mais surtout le respect entre les gens. Sans le respect, nous n’aurons pas de société.

andaPour les seconds qui font office de détracteurs officiels du « Anda », l’argumentation est différente. Le grand mariage plombe bien des projets de développement et porte un coup à la cohésion sociale.

Le grand mariage fait des malheureux et malheureuses aussi bien chez les étudiants, les politiques, mais surtout chez les particuliers. Un des étudiants sondés pour comores-infos, explique qu’ « il est difficilement concevable que des personnes restent jusqu’à un âge très avancés juste pour un rêve de grand mariage tout en passant complètement à coté de toute leurs vies respectives. Soit elles restent sans rien faire par choix en attendant que les familles prennent toutes leurs charges, soit elles restent parce que les familles l’imposent. Pour ne pas décevoir qui que ce soit, ces personnes en majorité des femmes restent dans l’attente et oublient de vivre leurs vies. Ce pratique est vraiment déplorable, et constitue par la même occasion un frein pour l’émancipation de tout un chacun.»

Un constat et non le moindre, montre que le Grand mariage favorise la prolifération des unions forcées. Ce qui provoque généralement des divorces à répétition pour cause d’incompatibilité d’humeur tout simplement.

Un autre étudiant qu’on a confié à comores-infos  prend en exemple sa propre expérience. En effet, il nous a confessé qu’il a failli être exclu de sa formation parce que sa famille a tout bonnement cessé d’envoyer l’argent que nécessite sa formation. Et tout ça pourquoi ? Parce que la famille avait un grand mariage à organiser. Ainsi, ils ont privilégié le grand mariage au lieu de l’éducation de leur enfant. Pire, la vie de leur enfant à l’étranger importait peu à leurs yeux à ce moment la.

Une étude réalisée, montre que les étudiants Comoriens souffrent le martyre dés que les mois prédisposés pour les grands mariages se font sentir.

Un troisième étudiant nous raconte qu’à part les méfaits sociologiques du grand mariage, il fonde son raisonnement sur le fait que la majorité des festivités le composant, sont prohibées par la religion musulmane.

En somme, le grand mariage est un facteur de développement pour les uns puisque se sont les villages qui font office de fief du « Anda » qui se développement le plus aux Comores. Le Grand mariage se pratique généralement en Grande Comores et pourtant, les autres iles ne sont pas aussi avancées. Il est inconcevable qu’on puisse penser à supprimer cette tradition.

Pour les autres, si les Comores accusent un retard aussi conséquent sur le développement par rapport aux autres pays, la majeure partie est due au grand mariage.

En conclusion, le Grand mariage continuera de susciter des débats et demeurera toujours comme un sujet sensible. Une seule solution permettrait de rapprocher les deux parties (partisanes et détractrices).

REFORMER le grand mariage ainsi que la société.

Cette reforme constituerait à donner une place prépondérante aux intellectuels (fini le « Anda » à la mosquée).Désormais, la personne puissante du village, serait celui qui mettrait tout en évidence pour éduquer ses enfants et non celui qui aurait fait le plus de dépenses dans le « Anda ». Au lieu de tout faire pour réaliser ses rêves de grand mariage, on gagnerait en œuvrant tous pour que le rêve de l’éducation des enfants devienne une réalité. Si on vend un terrain ou autre chose pour aller en France, ce n’est plus pour le mariage mais plutôt pour l’éducation des enfants et le bien être des familles.

On est tous d’accord que le « Anda » ne peut en aucun cas disparaître, mais on peut le restructurer en plafonnant une somme à ne pas dépasser histoire de limiter la dilapidation de l’argent durement gagné. Prévoir une somme pour les villages pour continuer le développement. Ainsi, on n’hypothèque pas l’AVENIR de sa famille et de ses enfants.

Med Youssouf

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