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Le collège des au comité Mahorais à l’occasion de la célébration de la JOURNEE MAHORAISE

Par DAMIR Ben Ali Président du Collège des sages

Le peuple comorien et tous les peuples de l’ouest de l’océan indien furent colonisés au XIXe siècle par quatre puissances européennes : l’Angleterre, l’Allemagne, la France et le Portugal. Tous ces pays, à l’exception des Comores, ont, avant la fin du XXe siècle, recouvré leur indépendance dans leurs frontières coloniales. Pourtant, l’archipel des Comores, ce petit pays au territoire morcelé, avait joué un rôle créateur tout au long des siècles dans l’histoire cette région.

Bastion avancé de l’Islam dans l’hémisphère sud dès le deuxième siècle l’hégire, il devint très tôt un carrefour des échanges économiques et culturels entre les cités États de la côte orientale africaine, les tributs du nord de Madagascar et les mondes, arabo-persan et nord indiens. Un demi-siècle ou presque, après une indépendance inachevée, jetons très brièvement un regard critique sur une histoire politique qui, ces deux derniers siècles, s’est toujours limitée à un regard unilatéral, celui du colonisateur.

La crise généralisée des systèmes politiques nationaux dans la région

Dès la fin du XVIIIe siècle, les bouleversements sociaux et politiques que l’expansion coloniale européenne provoquait en Afrique orientale et dans les îles adjacentes, à Madagascar et, après le traité de Paris du 31 mai 1814, à Maurice et à La Réunion, avaient eu de graves répercussions d’abord à Maore et Ndzuani et par la suite, dans tout l’archipel.

En 1744, à la faveur d’une guerre civile, une nouvelle dynastie, les al Busaïd, se mit en place à Oman et Zanzibar devint la métropole culturelle, économique et politique de toutes les possessions omanaises de la côte est africaine et de toute la région ouest de l’océan indien. Un fortuné commerçant omanais, Soilih ben Mohammad ben Bachirou al Mundhiri s’installa à Ntsingoni, la capitale royale de Maorè. Il épousa une princesse royale, fille du vieux sultan Bwana Combo ben Salim.

À la mort de son beau-père en 1790, le commerçant omanais abjura l’Ibadisme et se proclama sultan de Maorè sous le nom de Salim II. Il transféra la capitale à Ndzaouzè, fortifia l’îlot avant d’être assassiné en 1806. Ce fut le déclenchement d’une série d’usurpations et d’assassinats qui allaient endeuiller la famille royale mahoraise durant la première moitié du XIXe siècle.

À Madagascar les Merina de Tananarive entreprirent de conquérir toute l’île en vue de réaliser son unité politique. L’armée commandée par Ramanetaka, le cousin du roi, envahit les royaumes sakalava. À la mort de Radama 1er, le 17 juillet 1828 et l’accession au trône de sa veuve, Ramanetaka se sentit menacé ; il quitta Majunga et se réfugia à Ndzuani chez Abdallah II qu’il avait connu à Majunga.

L’armée Merina poursuivit, cependant, la conquête des royaumes sakalava et Tse Lavelou, roi du Boina converti à l’Islam sous le nom d’Andrianantsoli, nom qui signifie le converti, se réfugia à Maorè en 1832 et finit par se proclamer sultan de l’île. Ramanetaka, de son côté, nommé douanier à Mwali par son hôte se convertit à l’Islam sous le nom d’Abderemane et se proclama sultan de Mwali.

Les deux princes malgaches reprirent leurs combats sur le sol mahorais et, comme à Madagascar, le sort des armes fut favorable à Ramanetaka. Il s’empara de Maorè en 1833 d’où il ne fut chassé qu’en 1835 par le sultan Abdallah II.

Reconnaissants, les chefs de l’aristocratie de Maoré, réunis en congrès le 19 septembre 1835, donnèrent leur île aux sultans de Ndzuani. L’accord fut écrit en arabe et traduit en anglais par Robert George Adie, un Anglais qui accompagnait le vizir Zubeir représentant du sultan de Ndzuani. En 1836, sultan Abdallah II mourut à Mwali et son fils Alawi, devenu gendre d’Andrianantsouli, le succéda sous le nom d’Alawi II.

Mais son oncle Salim s’empara du trône et la guerre civile éclata à Ndzuani et à Maorè. Le sultan Alawi II vaincu à Ndzuani s’installa avec sa famille et son beau-père Andrianantsoli à Maorè avant de partir chercher de l’aide à Maurice.

La colonisation de l’île de Mayotte par la France

En 1840, M. Passot, aide de camp du gouverneur de Bourbon, à la recherche d’un point d’appui dans la région pour la marine française afin de remplacer le port de l’île Maurice cédée aux Anglais en 1814 par le traité de Paris, arriva à Nosy Bé où régnait Tsioumeko, nièce d’Andrianantsoli. Menacée par les armées Merina, la reine de Nosy Be s’empressa de céder son île à la France.

Elle se mit en tête de convaincre l’officier français qu’avec l’aide d’Andrianantsoli, son oncle, il peut acquérir aussi Maorè et renforcer ainsi la présence française dans la région pour faire barrage à l’expansion merina. De son côté, Passot était encouragé par la facilité avec laquelle il avait obtenu la cession de Nosy Bè, il envisageait avec faveur la rencontre et l’ouverture des pourparlers avec Andrianantsoli.

Le Cheikh Youssouf ben Moanlim Mousa, originaire de Ngazidja, imam et maître coranique à Nosy Be, mit l’arabisant Vincent Noël, l’assistant de Passot, au courant du chaos politique qui régnait aux Comores. La reine Tsioumeko remit une lettre à Passot pour son oncle et le fit accompagner par deux notables Sakalavas, porteurs d’une lettre pour le gouverneur de Bourbon et chargés de convaincre Andrianantsoli de collaborer avec Passot pour l’annexion de Maorè.

Andrianantsoli reçut Passot avec courtoisie. Néanmoins, selon le rapport de l’arabisant Vincent Noêl, assistant de Passot1, il déclara qu’il ne se considérait que comme lieutenant du sultan Alawi II à Maorè et ne pouvait disposer de l’île sans un ordre exprès de ce prince2. Passot demanda à Andriantsoli d’écrire sa réponse pour le gouverneur de Bourbon. Ce fut donc le prince Oumar ben Aboubakar, cadi de Pamandzi qui, de connivence avec Passot écrivit la lettre et la fit signer par Andrianantsoli.

Une traduction3 de cette missive d’Andrianantsoli est citée par Jean Martin4 : « Au sultan de Bourbon !… Nous avons vu le député que vous avez envoyé à la reine Tsioumeko. Or nous demandons à nous unir à vous avec les mêmes liens… Je ne veux rien avoir en commun avec Seid Said5 que je n’aime pas… S’il plait à Dieu, nous vous ferons connaître le résultat de la guerre que nous avons avec les gens de Mayotte. Nous manquons de munitions… Nous vous en supplions, envoyez-nous du plomb, de la poudre, des fusils, des pierres à fusil, des canons et une cloche »

En février 1841 « Passot débarqua de nouveau à Ndzaouzé  en compagnie d’un homme appelé Mouhammad ibn Ahamade qui traduisit la lettre en présence d’Anrianantsoli. Quand il eut appris, le contenu du message, Andrianantouli fut pris de colère et dit : je n’ai jamais dit cela au colonel de Bourbon. Je n’ai jamais demandé à Cadi Oumar d’écrire une chose pareille… C’est toi Cadi Oumar qui a décidé seul d’offrir Maorè.

Moi je ne suis au courant de rien, je suis opposé à ta décision et je ne signerai aucun document. … Le lendemain Passot fit parvenir une lettre à Andrianantsoli dans laquelle il dit : Je te laisse un cours délai pour te permettre de réfléchir. Tu n’as pas d’autre choix que celui d’admettre que toi et le Cadi Oumar vous aviez proposé l’île de Maoré au sultan de France qui vous en exprimera sa reconnaissance. Cela vous vaudra à toi et au Cadi Oumar et “ton fils” Sultan Alawi, l’honneur et la considération du sultan de France, Louis-Philippe. Vous serez riche et honoré. Mais si tu t’obstines dans ton refus, attends-toi à subir les malheurs, les souffrances et la déchéance les plus terribles »6.

Les notables Sakalva de Nosy Be, Nahikou et Fiouzuna qui avaient accompagné Passot à Bourbon avant de s’installer à Maorè exerçaient une forte pression sur Andrianantsoli. « Le lendemain Passot se fit confirmer solennellement par Cadi Oumar et par Andrianantsoli la cession de Maorè au sultan de France. … Passot demanda à ce que le document (le traité) fût rédigé au nom d’Andrianantsoli. Il fut contresigné par les chefs de l’aristocratie de Maorè et les compagnons d’Andrianantsoli ».

Les réactions

L’annonce du traité souleva de nombreuses réactions. Les premières furent celles de Salim, sultan en exercice à Mutsamudu et de Said Hamza ministre d’Alawi II, l’ancien sultan, réfugié et mort à Maurice en avril 1842. Bien qu’ennemis, l’un et l’autre trouvèrent une oreille attentive auprès des Anglais.

Le sultan Seid Said de Zanzibar exprima son mécontentement au consul anglais Atkins Hamerton qu’il chargea de susciter une démarche de son gouvernement tandis que lui-même écrivait au ministre anglais Lord Palmerston. Le Vice amiral King, commandant la station navale du Cap reçut l’ordre d’enquêter sur la politique française dans les Comores et l’authenticité de cette cession de Maorè à la France.

« Le roi Louis-Philippe, qui conservait sans doute quelques scrupules sur la légitimité de cette étrange cession, et qui craignait de déplaire au gouvernement britannique, fit appeler Passot à Paris, afin d’en obtenir officiellement des explications. En réalité, il s’agissait de gagner du temps et tout en apaisant l’inquiétude anglaise. » (Martin, 1983,T.1)

En juin 1843, M. Passot hissa le drapeau français au centre de Ndzaouzé. Ayant appris qu’il existait un accord aux termes duquel le pouvoir à Maoré revenait de droit au sultan de Ndzuani, il convoqua Cadi Oumar et lui demanda de lui donner l’acte de cet accord. Le texte, selon Cadi Oumar, avait été brûlé lorsque les guerriers du sultan Salim avaient attaqué et incendié Ndzaouzé.

« Dans ce cas dit Pssot, je te demande de réécrire ce document et d’y signaler que tu avais cédé la souveraineté de Maorè à sultan Abdallah et son fils Alawi, et qu’il est prévu qu’après leur mort Maorè reviendrait automatiquement à ses habitants. Cadi Oumar lui dit : comment pourrais-je réécrire un acte qui était écrit en arabe d’un côté et en anglais de l’autre ?

Passot lui répondit : cela n’a pas d’importance. Fais comme je l’ai indiqué. Si je réussis à obtenir la signature de la main de Salim, tu jouiras personnellement d’un grand prestige auprès du sultan de France. Et tant que le pavillon français flottera sur Maorè, tu seras comblé de richesses et d’honneurs, toi et tes descendants7 »

De son côté, Said Omar al Maseli reconnaissait qu’il s’agissait d’une donation définitive faite aux sultans de Ndzuani et que l’acte original est caché au palais d’Alawi à Ndzuani. Cependant il avait appris lors d’un séjour à Bourbon que Said Hamza, vizir de Sultan Alawi II et chargé par testament d’assurer la régence en attendant la majorité d’Aboudou le fils d’Alawi II avait promis au gouverneur de Bourbon de céder Mayotte à la France en cas de victoire sur Salim.

Said Omar el Masela promit donc à Basoche, le nouveau gouverneur de Bourbon de convaincre Salim à accepter le fait accompli à Mayotte par la France8. « Said Omar, me répondit avec vivacité monsieur Bazoche, si vous réussissez vous pouvez compter sur une croix d’honneur, une belle pension et la protection de la France9 »

À Ndzouani, le sultan Salim refusa de contresigner le document. Deux navires du Commandant Favin Lévêque, l’Héroïne et le Colibri, arrivèrent devant Mutsamudu pour lui faire croire qu’il était abandonné par les Anglais et qu’il n’avait plus qu’à accepter la situation établie à Mayotte par la France. Le 19 septembre 1843, Said Omar, profita d’un moment de découragement du sultan, lui mit « la plume en main ».

Il lui fut signé le document écrit par Cadi Oumar.   Sur ordre de Salime, Said Omar fut arrêté, ligoté et exposé au soleil au bord de la mer. L’intervention de la France a permis son expulsion vers Maorè. Il ne revint à Ndzuani qu’en avril 1891.

Pour l’histoire coloniale qui a nourri l’élite francophone comorienne, le prince Mahorais Oumar ben Aboubakar, cadi de Pamandzi et le prince Said Omar al Maseli, cousin et ministre du sultan Salim de Ndzuani et père du sultan Said Ali ntibe de Ngazidja n’avaient joué aucun rôle dans l’annexion de Maorè au domaine colonial français. Le Cheikh Youssouf ben Moanllim Moussa, originaire de Ngazidja a d’ailleurs payé de sa vie sa collaboration avec les Français.

Mohamed ben Sultan dit Bangala, un fils d’Andriantsoli l’a fait assassiner quelques mois après ses rencontres avec Vincent Noël. En fait, selon la littérature coloniale, les indigènes étaient incapables de jouer un rôle actif dans l’histoire de leur pays. La perception de la civilisation et de la culture des peuples colonisés ne pouvant s’opérer qu’à travers les descriptions des ethnologues sur les sociétés primitives, et la seule civilisation étant celle de l’Occident, les « races inférieures » ne pouvaient qu’aspirer à s’élever pour jouir aussi de ses bienfaits.

Partitions et annexions coloniales des pays de l’ouest de l’océan Indien

L’expansion coloniale a toujours été liée au jeu des alliances et des rivalités en Europe. Le statut de maints territoires africains a dépendu de concessions que les puissances se faisaient ailleurs. À la Conférence de Berlin sur le partage de l’Afrique de 1884-1885, les grandes puissances européennes se répartissaient ce qu’ils appelaient des zones d’influence  : « ce sont des territoires habités où les ethnies étaient suffisamment stables, groupés, et organisés en États, pour pouvoir former des ensembles conformes aux exigences de la technique et de l’économie modernes10 ».

Le lendemain de la clôture, le 27 février 1885, le protectorat allemand fut proclamé sur l’Oussagara. Devant les protestations du sultan Baraghache de Zanzibar, l’escadre du commodore von Paschen se présenta devant Zanzibar avec un ultimatum qui donnait 24 heures au sultan pour se soumettre. En 1886, un accord entre l’Angleterre et l’Allemagne aboutit à un autre démantèlement du sultanat de Zanzibar. Mombasa et la bande côtière furent rattachés au Kenya britannique.

Le chancelier allemand Bismarck convaincu par le baron de Courcelles, ambassadeur de France à Berlin et Freycinet, ministre des Affaires étrangères sur l’unité de la population de l’archipel, admit que la France étant présente dans l’île de Mayotte, l’ensemble des îles comoriennes se trouvait de facto dans son orbite.

Le commandant de Mayotte, GERVILLE REACHE, imposa alors, le 6 janvier 1886 à Said Ali à Moroni, le 12 avril à Abdallah ben Salim à Mutsamudu et le 26 avril à Said Mardjani à Fomboni, la signature des conventions qui plaçaient les trois îles sous le régime du protectorat français. Le décret de ratification publié par la France, le 30 août 1886 fut communiqué aux gouvernements allemand et anglais en vertu de l’article 34 de l’Acte international de Berlin.

Le 5 août 1890 fut signée la convention franco-anglaise par laquelle, la Grande-Bretagne, en échange de son protectorat sur Zanzibar, avait reconnu « le protectorat français sur Madagascar avec toutes ses conséquences ». Le 1er octobre 1895, l’armée française occupait Tananarive. La loi du 6 juillet 1896 déclarait « colonie française l’île de Madagascar avec les îles qui en dépendent ».

L’année suivante, un projet de loi d’annexion de l’archipel des Comores fut adopté par les députés français, mais rejeté par le sénat en raison du refus du sultan Said Ali d’abdiquer. Après seize années d’exile, le sultan de Ngazidja finit par remettre la lettre d’abdication au président de la République française à l’Élysée en février 1910 et la loi 25 juillet 1912 déclara les quatre îles Comores colonies françaises rattachées à Madagascar.

L’archipel fut happé par un empire colonial qui s’étendait sur tous les continents avec près de 110 millions d’habitants. À partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, cet empire perdait des territoires et changeait de nom. Il s’appela Union française, puis Communauté franco-africaine avant de se disloquer sous les coups des guerres de libération et des résolutions de la communauté internationale.

L’effondrement des empires coloniaux

La génération qui entra en politique en 1945 mena une lutte continue durant trente ans (1945-1975) pour arracher aux autorités coloniales, des prérogatives administratives et politiques qu’elle espérait voir attribuer aux représentants légitimes du peuple afin de préserver l’unité et la solidarité nationales.

Elle a pu imposer six changements de statuts, mais chaque fois, les prérogatives obtenues pour les institutions locales étaient échues non pas aux élus et fonctionnaires comoriens, mais toujours aux représentants du pouvoir colonial. Jamais une délégation comorienne partie à Paris pour négocier n’est revenue avec une solution satisfaisante pour son peuple. L’un des plus illustres des Français, Charles De Gaule, a dit que la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts.

Le sentiment national de cette première génération francophone était nourri non pas par la littérature coloniale, mais par un patrimoine de récits oraux, reçus des parents et grands-parents témoins oculaires de douloureux évènements qui avaient marqué la pénétration coloniale.

Ces récits portaient sur les bombardements et les incendies des villes et villages par les obus de la marine française, les destitutions et les déportations des sultans, des chefs coutumiers et religieux, les arrestations et exécutions sommaires des guerriers patriotes, les travaux forcés, les chaises à porteurs, les dépossessions des terres et l’impôt de capitation.

Le 14 décembre 1960, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.

Le 6 juillet 1975, les négociations pour l’indépendance dans l’amitié avec la France ayant échoué, les dirigeants comoriens échaudés ont déclaré l’indépendance unilatérale. Le 12 novembre 1976, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté à l’unanimité et une seule voix d’abstention, celle de la France, l’admission de notre pays comme État souverain, membre des Nations Unies, composé des quatre îles, Maoré, Mwali, Ndzuani et Ngazidja. Violant la loi internationale, la France maintient l’île de Mayotte sous son administration et en fait une base arrière des forces de déstabilisation du jeune État.

En 1990, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé la première Décennie internationale de l’élimination du colonialisme.

Le monde entier et notamment l’Afrique, la Ligue des États arabes et la Umma islamique nous observent et se demandent pourquoi au milieu de ce courant immense qui amène par pans entiers le colonialisme dans les abîmes de l’histoire, sommes-nous restés immobiles depuis quarante ans ? Pourquoi les six constitutions adoptées par l’élite politique postindépendance ont-elles toujours réalisé ce que Géorges Burdeau a appelé le fédéralisme par ségrégation en opposition au fédéralisme par agrégation ?

En 2011, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé 2011-2020, la Troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme. La communauté internationale nous a encore fixé une date buttoir, la troisième date buttoir, 2020. La loi françaises qui a fait de Maorè un département français ne fait que s’ajouter à des centaines voire de milliers d’autres lois françaises depuis les traités de 1841, et de 1886, la loi du 25 juillet 1912 et bien d’autres jusqu’en 1974 et au delà de cette date qui sont aujourd’hui caduques.

L’île Sainte-Marie de Madagascar, occupée par des ressortissants français dès 1750, devenait colonie française vers 1820-1822 et faisait partie du Gouvernement de Mayotte en 1860. Saint-Pierre-et-Miquelon, devenu département d’outre-mer en 1976, est transformé en collectivité à statut particulier par une autre loi du 11 juin 1985.

Néanmoins, une déclaration triomphale du ministre de Villepin devant le Sénat français, le 16 octobre 2002, a profondément humilié la nation comorienne. Ladite déclaration est citée par les éditions Djahazi LB en novembre 2.016 au forum du FCC : « La position des autorités comoriennes évolue, dans le cadre des contacts réguliers que nous avons avec elles.

Ainsi, la question de Mayotte n’est plus traitée aux Nations Unies. Les responsables des Comores ont, en effet, accepté de retirer ce point à l’ordre du jour de la dernière Assemblée générale, de ne plus demander de débat ni de prendre de résolution sur ce sujet. // le meilleur moyen de faire reconnaître aux autorités comoriennes notre souveraineté sur Mayotte est de faire mieux accepter notre présence et d’engager un dialogue avec elles ».

Cette déclaration a, comme on dit, fait retourner dans leurs tombes, des milliers de Comoriens morts pour leur patrie et enterrés en Nouvelle-Calédonie, à Obock (Djibouti), à Sainte-Marie de Madagascar, à La Réunion, sur le territoire national et au fond de la mer entre Ndzuani et Maorè.

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