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Le gouvernement Français interpellé par le parti communiste

POSITION DU PARTI COMMUNISTE RÉUNIONNAIS SUR LA SITUATION À MAYOTTE : LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS INTERPELLÉ

Le PCR a tenu ce 24 mai une conférence de presse pour donner sa position sur la situation à Mayotte. Maurice Gironcel et Ary Yée Chong Tchi Kan, secrétaires généraux du Parti communiste réunionnais, ont rencontré les journalistes. Pour le PCR, il est du devoir de l’État français de rétablir l’ordre républicain dans un département français et de prendre toutes les initiatives nécessaires pour rapprocher Mayotte des îles sœurs.

Mayotte connaît actuellement des événements d’une extrême gravité. Des familles sont expulsées de leur maison. Leurs habitations sont saccagées et détruites. Des personnes, sans distinction d’âge ou de sexe, sont passées à tabac par des collectifs d’habitants qui font la chasse aux soi-disant étrangers.

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Ces soi-disant étrangers sont des Comoriens. Parfois entrés irrégulièrement à Mayotte, parfois en situation régulière ; parfois il s’agit même de citoyens français. Ainsi, ceux qui ont été pendant des siècles des compatriotes sont transformés en « étrangers ».

Ce sont maintenant plus d’un millier de personnes — hommes, femmes et enfants — qui sont à la rue et regroupées place de la République à Mamoudzou sous la protection des gendarmes. Pour l’avenir immédiat, des observateurs craignent le pire.

L’origine de la crise : 1974
À 10.000 kilomètres de là, le gouvernement français s’est enfin ému de la situation et le Président de la République a qualifié la situation « d’extrêmement préoccupante ». Il faut dire que ces événements actuels font suite à des violences répétées créant un sentiment d’insécurité tel que 800 fonctionnaires en poste à Mayotte ont exprimé le souhait de quitter l’île. Il appartient au gouvernement français de rétablir l’ordre républicain dans un département français. Or la passivité du gouvernement est scandaleuse.

Pour le PCR, il faut remonter au 23 décembre 1974, quand le gouvernement français a décidé d’organiser un référendum d’autodétermination dans l’archipel des Comores.

Tout l’archipel était concerné : La Grande Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte. Alors que majoritairement les électeurs ont opté pour l’indépendance de leur pays, le résultat contraire à Mayotte a fourni au président de la République française de l’époque, M. Valéry Giscard d’Estaing, le prétexte pour détacher Mayotte de l’archipel des Comores.

Le poids de la démographie
À partir de là, comment les choses peuvent-elles évoluer à Mayotte. Du point de vue du PCR, il faut partir de l’évolution démographique de l’île. En effet, lors du référendum d’autodétermination en 1974, Mayotte comptait 45.000 habitants. Aujourd’hui, elle en compte 240.000 et en comptera 500.000 en 2050.

Déjà, avec la population d’aujourd’hui, l’État français n’arrive pas à régler les problèmes majeurs de la population mahoraise : emploi, logement, coût de la vie… C’est ce qui explique les événements actuels, où la recherche de bouc-émissaires se traduit par les actes odieux de xénophobie et de racisme que l’on voit actuellement.

Qu’en sera-t-il en 2050, au moment où Mayotte comptera 500.000 habitants ?

Le cas de La Réunion ne suffit-il pas au gouvernement français, qui prône l’égalité réelle pour Mayotte comme pour les autres territoires d’outre-mer ?

L’exemple de La Réunion : pendant 70 ans, l’objectif d’égalité réelle proclamé par la loi du 19 mars 1946 abolissant officiellement le statut de colonie du pays n’a pu être atteint. Le gouvernement français résoudra-t-il le problème de Mayotte en 25 ans, soit en 3 fois moins de temps ?

Proposition de sortie de crise
Au sujet des événements dramatiques qui se déroulent depuis plusieurs semaines à Mayotte, le PCR le réaffirme : tout cela est le résultat de la politique des différents gouvernements français qui ont pris la décision de détacher Mayotte de l’archipel des Comores et de distendre les liens de l’île hippocampe avec les autres îles de l’archipel.

Il est évident que la départementalisation de Mayotte au 1er janvier 2014 a accentué encore cette distanciation en privilégiant l’intégration de Mayotte dans la France. Cela rend de plus en plus difficile l’intégration nécessaire de Mayotte non seulement dans son archipel mais aussi dans son environnement économique.

Avec la mondialisation des échanges, cette intégration de Mayotte dans son pays et sa région en vue d’un co-développement régional solidaire est un impératif absolu, comme cela l’est également pour La Réunion qui doit, sans renoncer aux acquis positifs arrachés pendant 70 ans de luttes après la loi du 19 mars 46, réussir son intégration dans sa zone géo-économique. Enfin, dirions-nous !

Il est du devoir de l’État français de prendre toutes les initiatives nécessaires pour rapprocher Mayotte des îles sœurs de l’océan Indien. Laisser s’exacerber les oppositions et les affrontements entre les peuples frères de ces îles est de nature à compromettre la coopération au sein de la Commission de l’Océan Indien (COI). Ce qui se passe actuellement à Mayotte et les conséquences qui en découleront interpellent donc toute l’opinion et en premier lieu les élu-e-s.

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