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Le MNLA passe à l’attaque à Gao

Cela faisait de nombreuses semaines, voire plusieurs mois, que le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) travaillait sur l’idée, puis l’organisation d’une attaque vers Gao, grande ville du Mali située dans la région frontalière du Niger et du Burkina Faso.
Cette attaque a commencé vendredi, et les affrontements avec le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), qui tient Gao, ont eu lieu à une centaine de kilomètres de la ville, aux alentours d’Ansongo (au Sud de Gao) et de Tagarane Gabout. Les détails sont encore rares, mais voici déjà ce que l’on peut résumer samedi : depuis plusieurs semaines, le préparait une offensive

 

Le secrétaire général du MLNA, Bilal Ag Acherif, le 16 novembre à Ouagadougou. AFP PHOTO/AHMED OUOBA .

D’abord, cette offensive fait suite à une réorganisation de l’état-major, et à une réorganisation du mouvement rebelle, nous expliquait récemment une source au sein du MNLA. Les principaux chefs militaires du mouvement, dont le ministre de la sécurité intérieure, le colonel Hassan Fagaga, font partie de l’opération selon une source au sein du MNLa. Cette opération visait plusieurs objectifs.

D’abord, reprendre le contrôle de Gao, dont les troupes de la rébellion touareg ont été chassées en juin par des groupes islamistes radicaux (essentiellement le Mujao). Depuis la prise de Gao pour les rebelles, leurs différentes obédiences avaient coexisté difficilement, jusqu’aux affrontements de juin. Depuis, le MNLA était marginalisé. Reprendre Gao, ce serait pour la rébellion touareg redevenir un interlocuteur de poids au Mali à un moment clef. Signifiant par là qu’il conviendrait d’associer la formation de Bilal ag Cherif dans de futures négociations politiques dans le Mali d’après-crise, et dans un premier temps dans d’éventuelles opérations militaires pour la « reconquête » du Nord Mali sous l’égide de l’armée malienne appuyée par une force d’intervention africaine dont les détails sont en cours d’élaboration.
Cette « inclusion » du MNLA dans le processus en cours n’a pas la force de l’évidence pour les autres parties de la crise malienne, à commencer par le gouvernement malien, qui, en dépit de ses divisions, ne voit certainement pas d’un bon oeil la collaboration avec des rebelles qui, hier, mettaient à mal l’armée régulière au point d’avoir précipité la crise politique à Bamako et faciliter le coup d’état d’avril, revenir dans la grâce du pouvoir central par une attaque de groupes islamistes radicaux. Bref, en attaquznt Gao, le MNLA espérait un retournement de situation.

Deux combattants islamistes du Mujao, dans une rue de Goa, en juin. AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO

Car Gao, depuis juin, est sous le contrôle du Mujao, proche d’Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), qui fait partie des cibles prioritaires de la coalition internationale en voie d’élaboration. Une campagne de recrutement a été menée au cours des derniers mois, pour gonfler les effectifs de ce mouvement composite qui associe des responsables radicaux à des groupes proches du trafic trans-saharien de drogue. Le Mujao a suffisamment de fonds à dépenser pour payer ses combattants, au risque de compter des « djihadistes alimentaires » recrutés parmi la jeunesse désœuvrée, en plus des combattants qui rejoignent le mouvement en provenance d’autres pays.

Dans l’autre camp, il y a aux côtés des forces du MNLA, affirment plusieurs sources, des combattants d’Ansar Eddine, l’autre grand mouvement touareg. Les mouvements de va-et-vient entre les deux groupes sont fréquents, et les délimitations parfois artificielles entre les deux formations. Côté touareg, trois colonnes de soixante véhicules seraient impliquées dans cette offensive qui est partie de la région de Ménaka et est entrée au contact des forces du Mujao dans les environs d’Ansongo.

Jeudi, des pick ups avec des combattants du Mujao et, selon certaines sources, d’Aqmi, avaient quitté Gao pour descendre vers le Sud et tendre une embuscade aux rebelles touaregs, qui pourrait compter trois colonnes de 20 pick ups chacune. Les affrontements de vendredi ont été violents, chaque camp donne des bilans contradictoires. mais il semble que dans un premier temps, l’avancée du MNLA ait été stoppée. Et la zone de combat est encore à une bonne centaine de kilomètres de Gao. Le MNLA estime que la bataille n’est pas terminée.



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