En ce moment

Les 100 jours des îles autonomes : Des signaux plutôt inquiétants

Ngazidja. Des signaux plutôt inquiétants

 

Les premiers signaux sont plutôt inquiétants. Quand, aussitôt investi, Hassani Hamadi réclame plus de pouvoirs sans avoir encore montré de quoi il est capable, cela fait craindre la résurgence de ces fameux conflits de compétences qui ont par le passé empoisonné les relations entre l’Union et l’île de Ngazidja.

 

Si on devait rejouer l’élection du gouverneur de Ngazidja, les résultats seraient-ils les mêmes ? Pas sûr. Trois mois après l’entrée en fonction de Hassani Hamadi, l’opinion attend toujours qu’il sorte enfin de sa posture de candidat pour enfiler le costume de premier magistrat de l’île et mettre en œuvre ses engagements de campagne. Jusqu’ici, c’est encore le flou artistique.

Sa politique reste à peine lisible. Cet ancien ministre des Finances, considéré par ses partisans comme un réformiste convaincu, n’a toujours pas fixé un cap, ni annoncé la couleur de ce que sera son mandat. On nage donc en plein doute. De nombreux Wangazidja ont, à tort ou à raison, la forte impression que le navire vogue au gré des vents. Comme s’il n’y avait pas de capitaine à bord.

Pus de pouvoirs et plus de prérogatives

Même ses proches collaborateurs se posent des questions sur cette paralysie fonctionnelle et cette absence de vision. S’il est vrai qu’en cent jours, il est difficile de changer le cours des choses et de répondre aux multiples attentes des électeurs, on espérait tout de même que le nouveau locataire de Mrodju allait tracer des lignes directrices et poser quelques actes symboliques.

Il n’en est rien. Les premiers signaux sont plutôt inquiétants. Quand, aussitôt investi, notre cher gouverneur réclame plus de pouvoirs et plus de prérogatives sans avoir encore montré de quoi il est capable, cela fait craindre la résurgence de ces fameux conflits de compétences qui ont par le passé empoisonné les relations entre l’Union et l’île de Ngazidja. Quand, ensuite, pour son premier départ à l’étranger, il fait fi des textes en vigueur et choisit sa suppléance sur la base de ses affinités personnelles, on s’interroge sérieusement sur sa perception de la loi.

Quand, enfin, pour un candidat qui a été porté au pouvoir par la jeunesse (essentiellement des étudiants de l’Université des Comores), il jette sur le carreau des centaines de jeunes sans leur offrir aucune perspective d’avenir, on s’interroge alors sur ses priorités. Sa malheureuse phrase selon laquelle «ne monteront à bord que ceux qui ont poussé le véhicule» (héni ya tsusindiha légari kana hupachiya) illustre à merveille sa conception à la fois étriquée, discriminatoire et paternaliste du pouvoir. Hassani Hamadi doit sortir de sa bulle et se placer au-dessus de ces considérations partisanes s’il ne veut pas, à son tour, subir la malédiction de Mrodju (aucun de ses prédécesseurs n’a réussi jusqu’ici à se faire réélire à cause de leurs piètres bilans).

 

Mohamed Inoussa

 ________________________________________________

 

Ndzuani. Le tourisme peut toujours attendre

 

«La situation générale dont nous avons hérité est catastrophique. Nous en sommes donc toujours à éteindre des incendies un peu partout».

 

À Ndzuani, les cent jours du gouverneur Salami Abdou Salami n’ont donné lieu à aucune déclaration ni manifestation officielle. Interrogé à ce sujet, l’un de ses conseillers a tout juste dit : «Je ne veux pas me hasarder à dresser un bilan, mais je sais que le projet phare du gouverneur, c’est le tourisme. Rien n’est encore fait là-dessus, mais à la fin de ce mois de septembre, il prononcera son discours-programme devant le Conseil de l’île.» Selon la loi statutaire anjouanaise, ce discours aurait dû être prononcé dès la session du mois de juin dernier.

Comme l’avait déjà dit le directeur de cabinet du chef de l’exécutif de Ndzuani, Miftahou Abdallah, la nouvelle équipe en est encore à enfiler le maillot. «La situation générale dont nous avons hérité est catastrophique. Nous en sommes donc toujours à éteindre des incendies un peu partout. À la fonction publique par exemple, le fichier a comme été expressément saboté et c’est tout un travail de remettre les choses en places», nous a-t-il confié.

L’on pourrait, cependant, mettre à l’actif de ce bilan provisoire de trois mois, cet assainissement du fichier de la Fonction publique insulaire. Mais, il a aussi son revers : la suspension des salaires de plus d’une centaine d’agents que l’on dit avoir été recrutés pendant la période électorale.

Assainissement  controversé

Cet assainissement est d’autant controversé qu’il n’a pas aidé à rabaisser la masse salariale, bien au contraire : celle-ci est passée de 508 millions à 512 millions de francs en juin de cette année.

Ce qui a engendré un retard de paiement en juillet, du fait que le gouvernement fédéral avait débloqué moins que cette somme. L’on pourrait compléter ce bilan à mi-parcours de Salami par quelques autres actions comme le ramassage d’une vingtaine de véhicules de service, qui avaient été bradés par l’exécutif sortant, la baisse au niveau insulaire de certains produits agricoles pendant le ramadan, ou encore l’opération de contrôle de la gestion des mairies, dont le rapport est attendu cette semaine.

 

Sardou Moussa

 

_____________________________________________

 

«Les Mohéliens doivent faire preuve de patience»

 

«C’est peu pour dresser un bilan à proprement parler, mais ce qui est le moins rassurant, c’est l’absence de vision et d’initiatives de la part des nouvelles autorités et on se demande quand est-ce qu’ils vont commencer à réagir», explique la magistrat Riziki Djabir.

 

Les Mohéliens jugent sévèrement les cent premiers jours du nouveau gouverneur de l’île, Mohamed Said Fazul. Sounihadji Madi, secrétaire général du Conseil de l’île, n’y va pas avec le dos de la cuillère  pour critiquer ce bilan. Un directeur régional d’une société d’Etat parle «d’inaction.» Pour Moudjib, un agent de sécurité à la Snpsf, le chef de l’exécutif de Mwali est tout simplement devenu «un spectateur».

Mais, pour les partisans de Fazul, les Mohéliens doivent faire preuve de patience. «Ce n’est pas avec cette équipe qu’il va gérer l’île ; une réorganisation est en gestation ; il fallait recompencer d’abord ceux qui s’étaient investis dans la campagne», dit l’un d’eux.

Entre attentes et doléances

Riziki Djabir, un magistrat de renom, essaie de porter un jugement nuancé sur ces trois mois. «C’est peu pour dresser un bilan à proprement parler, mais ce qui est le moins rassurant, c’est l’absence de vision et d’initiatives de la part des nouvelles autorités et on se demande quand est-ce qu’ils vont commencer à réagir», explique-t-il.

Djabir Abdou, l’un des ténors de l’exécutif insulaire, a tenu à donner son point de vue en tant que simple citoyen. «100 jours, ce n’est pas suffisant pour prendre le recul nécessaire. Il est vrai qu’on avait placé beaucoup d’espoir sur Fazul et ces gens-là sont un peu déçus. Entre les attentes de la population d’une manière générale et les doléances de chaque électeur, le défi est énorme. Tout cela demande un coût financier alors que les moyens de l’île sont très limités», se justifie le commissaire chargé des Finances.

Et de reconnaitre que son patron n’a pas été choisi sur la base d’un programme, mais il a plutôt profité du rejet de son adversaire, Mohamed Ali Said. Un aveu que Fazul appréciera. Pour Djabir, la situation est «inextricable» : le gouvernement est obligé de «payer des dizaines d’agents dont l’utilité reste encore à prouver.» Il appelle les hommes politiques à tenir un langage de la vérité au lieu de chercher à leurrer les électeurs. Une sortie du tunnel en vue ? «Il faut beaucoup de travail, mais nous nous y attelons, avec une feuille de route et un plan d’action qui sera financé par la coopération régionale», répond-tiil.

Mohamed Nassur Riziki /Alwatwan 

Comoresinfos est un média qui a vu le jour en avril 2012 et qui depuis lors, prône l'indépendance éditoriale. Notre ferme croyance en l'information de qualité, libre de toute influence, reste un pilier essentiel pour soutenir le fonctionnement démocratique.

1 commentaire sur Les 100 jours des îles autonomes : Des signaux plutôt inquiétants

  1. Je voudrais rappeler les particularités de la Tournantes comoriennes,Le chef de l’Union est là pour encadrer les initiatives et les idées phares des insulaires.J’estime que jusque là aucun Président de l’Union n’a pu interpreter et concrétiser cet aspect que constitue me^me le cœur du developpement des Comores.

Réagissez à cet article

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


error: Content is protected !!