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Les Coelacanthes: L’étonnant parcours d’Amir Abdou

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Le coach de Golfech/Saint Paul est aussi le sélectionneur des Comores, qui poursuit ses qualifications pour la Coupe du Monde. Prochaine étape : le Ghana des frères Ayew.

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Entre ses obligations d’entraîneur de l’Entente, sa fonction de sélectionneur des Comores et sa responsabilité de chef de famille, Amir Abdou doit jongler avec les horaires avec… la précision d’un horloger. Chez le technicien Lot-et-Garonnais, qui a mis sa passion et sa science au service du club de DH et de son Pays d’origine, tout semble aller très vite. L’homme a choisi son chemin, celui qu’il entend emprunter, pourvu que ce soit en montant.

Dans quelques jours Amir Abdou vivra un grand moment avec le match aller face au Ghana qui pourrait permettre à son pays d’intégrer les poules africaines de qualification à la prochaine Coupe du monde. «Un rêve sans étoile est un rêve oublié.» Amir Abdou sait que cette phrase signée Paul Eluard ne devrait pas lui apporter l’étoile d’un champion du monde. Mais un sélectionneur qui s’apprête à rencontrer le Ghana (le 13 novembre à Moroni, le 17 en match retour), une des meilleures équipes africaines, entend jouer la carte à fond : «Le Ghana, c’est le Brésil africain ; ce pays a disputé 3 Coupes du monde ; il occupe le – 28e rang de la FIFA alors que nous sommes à la 188e place. C’est l’ogre du football africain.» N’empêche ! Le sélectionneur réalise cependant l’énorme impact que suscite cette rencontre : «C’est difficile à imaginer ; c’est comparable à… l’indépendance qu’a connue

notre pays. Je suis imprégné de la culture de mon île ; quand tu es sélectionneur, tu es populaire. Tu perds, tu as une partie de l’opinion contre toi ; tu gagnes, c’est l’inverse.» La loi du sport en somme, celle qui ne fait aucun cadeau et vous met la tête à l’endroit ou à l’envers. C’est selon : «L’Afrique est impitoyable ; les responsables veulent des résultats immédiats. Le pays est plus dans la performance rapide que dans la construction.» C’est sans doute pour cette raison que l’enfant des Comores est, pour l’instant, assis sur un CDD de 6 mois ; tout sauf le confort. Même si j’ai le soutien du président, la pression du peuple peut faire basculer à tout moment cette marque de confiance.» Pour le technicien agenais, quelques indices sont à prendre en compte pour cette double confrontation entre l’ogre et le petit poucet : «A Moroni, les Ghanéens vont se trouver dans un petit stade, sur une pelouse synthétique et devant 6 700 personnes ; un désert pour la plupart de ces joueurs. S’ils arrivent avec une attitude méprisante, nous jouerons sur le mental. Nous ferons tout pour assurer… la qualif. Aux Comores, on n’a décidément peur de rien.» Et Amir Abdou entend réussir son accession et un exploit dans l’union sacrée.

Les Comores c’est quoi ?

Les Comores sont une ancienne République fédérale des Républiques d’Afrique australe située au nord du canal de Mozambique. Composée de quatre îles (Grande Comores, Anjouan, Mohéli, Mayotte (qui est resté département français), elle recensait en 2013 734 917 habitants et a obtenue son indépendance le 8 juillet 1975.

Bio express

Date de naissance : le 8 juillet 72 à Moroni (Comores).
Profession : entraîneur de football.
Joueur, clubs : Burel, Saint-Gabriel, Saint-Médard (CFA et CFA 2), Agen.

Poste : milieu offensif ou attaquant d’axe.

Carrière d’entraîneur : Agen (jeunes et Seniors 2), adjoint de la CFA 2 (Agen); Golfech/Saint Paul (Division honneur); Sélectionneur des Comores.
«Une véritable fratrie»

Au sein de son staff Amir Abdou s’est entouré d’un ancien joueur du MFC-TG, Mathieu Larrouturou, coach spécialisé dans la préparation physique et mentale : «C’est quelqu’un qui mérite bien mieux. Il a un vrai avenir et il peut aller loin. C’est une personne de confiance, bosseur, brillant et tout aussi discret. Si j’en ai la possibilité, j’aimerais le garder à mes côtés».

Le staff.

Sélectionneur : Amir Abdou ; adjoint : Fabien Pujo ; préparateur physique : Mathieu Larrouturou ; entraîneur des gardiens : Éric Alibert (ex-LOSC) ; directeur sportif : Djamal Mohamed (Consulat de Marseille) ; adjoint : Behamir Saadi ; intendant : Makir Nasser

L’effectif.

«Je suis allé les chercher ! Certains joueurs sont venus à l’image d’Ali Assana (Monaco), Ahmed Mogni (Paris FC), Salim Ben Boina (ancien gardien de but de l’équipe de France de Beach Soccer), Youssuf Benjalloud (Orléans)… Certains manquent encore à l’appel comme Ali Ahamada le gardien toulousain ou encore Rafidine Abdullah ou Djamel Bacar : Certains ne veulent pas venir, c’est leur choix ; mais un jour ils endosseront le maillot. Dès qu’ils y ont goûté, ils ne repartent plus ; c’est un honneur qui leur échoit. Les joueurs des Comores sont très soudés ; c’est une véritable fratrie.
Une route pas toujours rectiligne

La voie du petit Comorien, arrivé dans la région Marseillaise à l’âge de 5 ans, n’a pas toujours eu la quiétude rectiligne d’une autoroute. Dans ce coin de France où le football est roi, le ballon rond ne pouvait guère lui échapper : «J’ai effectué mes premiers de footeux au club d FC Burel et poursuivi mon apprentissage à la J O de Saint-Gabriel avant d’émigrer dans la région bordelaise… Petit intermède, retour aux Comores à l’âge de 15 ans : «La bêtise de l’adolescence,» confesse le sélectionneur. Une certitude toutefois : c’était parti pour une vie en crampons…» La région bordelaise allait bénéficier de l’apport de cet excellent technicien : «En Troisième Division et en CFA 2 à Saint-Médard en Jalles en qualité de milieu offensif ou d’attaquant d’axe.»

Mais c’est dans l’Agenais qu’il allait creuser son nid, en famille ; un privilège pour cet homme de cœur à la rigueur implacable. Une grave blessure aux croisés ne parvenait pas à freiner sa passion du jeu : retour sur les pelouses en DH comme joueur. Puis la révélation, à moins que ce ne soit qu’une continuité : le besoin de transmettre aux autres ses propres connaissances, faire bénéficier les jeunes de ses acquis. Ce titulaire du DEF et du (nouveau) DESJEPS diplômes qui lui permettent d’entraîner jusqu’au National entame alors le deuxième cycle de sa vie de footballeur : «A Agen, j’ai côtoyé toutes les catégories d’âge ; j’ai ensuite accompagné la réserve agenaise, comme entraîneur, de la PL à la DSR (l’équivalent de «notre» DHR) avant de devenir entraîneur adjoint de la CFA 2 en compagnie de l’ex- joueur de Marmande Vimbouly.»

Entente Golfech/Saint Paul.

«Le club du président Didier Walaszeck m’a beaucoup apporté…» Amir Abdou marque sa reconnaissance avec respect mais n’oublie d’écorcher au passage ceux qui, à ses yeux, pullulent l’entourage : «Je me suis efforcé de renvoyer la balle en mettant en place une structure rationnelle au sein du club… rappelant en cela les propos d’un certain «Coco» Suaudeau qui avait coutume de rappeler : «On improvise dans une organisation, mais il est impossible d’organiser dans l’improvisation.» La portée de ces paroles tranchantes a cependant des limites aux yeux de l’entraîneur : «L’Entente n’est pas aidée par les clubs voisins ; elle est la tête de Turc du département. On gêne et tout le monde attend la chute.»

Pan sur le bec ! Amir Abdou estime par ailleurs qu’il est en fin d’un cycle dans le club : «Je suis un jeune entraîneur ; l’Entente m’aura servi de passerelle. Les dirigeants m’ont laissé vivre ma passion et m’ont donné les clés du club. Je vois en Stéphane Moulin un bel exemple à suivre.» L’ambition ne tue pas l’action.

Page réalisée par notre correspondant Jean-Claude Cabaret.ladepeche

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