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Les découverts à la Snpsf : Un processus inéluctable souvent entaché d’irrégularités

La Société nationale des postes et services financiers (Snpsf) demeure la principale banque de la place où sont domiciliés les comptes de l’ensemble des fonctionnaires et agents de l’Etat comorien. Malgré cette obligation d’y percevoir leurs salaires, ces clients bénéficient d’un avantage d’avance sur salaire, autrement dit «découvert». Celui-ci permet à certains de réaliser quelques projets plus importants. Mais aujourd’hui, ces emprunts sont plus que jamais remis en cause par les clients jugeant qu’il y a un flou sur le mécanisme.
 
Tous les jours, c’est toujours  la même situation à l’Espace commercial de la Société nationale des postes et services financiers (Snpsf), sis à Moroni-port, le siège principal de la Banque postale des Comores. Les fonctionnaires et autres agents de l’Etat font la queue à l’entrée de ce service qui s’occupe des opérations commerciales. La plupart d’entre eux sont venus déposer leurs dossiers de demandes car ils veulent bénéficier d’un découvert.
D’autres attendent impatiemment qu’on leur annonce que la somme, sollicitée depuis plusieurs semaines, est déjà positionnée dans leurs comptes, pendant que certains parmi eux sont simplement venus s’informer sur l’état de leurs comptes, combien peut-on retirer où combien de temps reste-t-il pour leurs remboursements. Dans une salle d’attente exigüe, nombreux sont ceux qui préfèrent rester dehors en attendant que leur tour arrive. Ces attentes sont une occasion pour discuter un peu de leurs appréhensions sur la question des découverts.

Debout devant une voiture garée à quelques mètres de la porte principale, trois fonctionnaires dont deux hommes et une dame fustigent le processus. L’un d’entre eux, Saïd  Djaouhar, enseignant au collège, se lâche : “les conditions permettant de bénéficier d’un découvert à la Snpsf ne sont pas du tout satisfaisantes. Il faut attendre des semaines avant de pouvoir percevoir l’argent, à moins que l’on connaisse quelqu’un à l’intérieur. Ce n’est pas admissible car ils ne connaissent même pas nos difficultés. A un moment donné on a une urgence. Par exemple, on veut évacuer un membre de la famille qui a besoin  de soins dans les plus brefs délais. Dès fois, on se demande si cela valait la peine avec toutes les lenteurs qui entourent le processus».  
Manque de transparence sur le processus
Premier reproche qui entoure le processus de découvert, la durée d’étude du dossier ne devrait pas dépasser deux jours au maximum.

Pour cet enseignant, la liste est très longue, mais il préfère citer l’absence d’informations suffisantes en faveur des clients, qui sollicitent un découvert, qui constitue encore un autre handicap chez l’emprunteur. Pour Saïd  Djaouhar,
Avant toute chose, il serait crucial qu’on mette à la disposition des demandeurs de découvert, un agent habilité, capable d’expliquer les clauses et les conditions d’un découvert». Quant à un autre client en phase de remboursement, il soutient que la plupart du temps la Snpsf présente un tableau à ses clients, mais personne ne comprend son contenu.
 
    Au final, on est confronté à de multiples difficultés au milieu de l’échéance, car on ne connait pas le taux d’intérêt encore moins ce que l’on pourra toucher du reste du salaire, une fois qu’on vient de bénéficier de l’emprunt. 

Selon toujours ses appréciations, «à un moment donné, on se rend compte que notre découvert est arrivé à échéance, mais arrivé sur place on nous dit le contraire. Dès fois le salaire que l’on bénéficie chaque mois varie considérablement». Pour soutenir son incompréhension sur le processus, Saïd Djaouhar précise que «la logique des choses voudrait qu’à force de se rapprocher vers la fin de l’échéance, l’on touche un peu plus. Ce qui n’est pas souvent le cas “.
La Meck comme solution
Autre grief reproché à la Snpsf, la durée de remboursement jugée trop courte a ajouté une autre dame ayant déjà connu ses péripéties. Si le prélèvement d’un taux de 10%, qui était effectué chez tous les clients   bénéficiaires d’un découvert pour être déposé dans un compte d’épargne serait un souvenir lointain, ces multiples difficultés incitent malheureusement les fonctionnaires à changer de cap.
A en croire un autre client retrouvé sur place du nom de Salim Saïd, la situation de la Snpsf poussent certains à se tourner vers la Mutuelle d’épargne ya Komor (Meck), comme solution aux divers problèmes rencontrés à la banque postale. Si l’on s’en tient aux témoignages requis sur les lieux, cette dernière offrirait plus d’avantages à leurs clients qui veulent bénéficier des emprunts.
“ A la Meck, il suffit de verser son salaire pendant trois mois au maximum et on peut bénéficier d’un découvert plus avantageux pour de multiples raisons. Tout d’abord, il y a la transparence sur ce qu’on va prélever sur le salaire. Celui-ci  peut être multiplié par douze et non  six comme à la Snpsf. La durée de remboursement peut dépasser un an”,  a expliqué Saïd Djaouhar. Contactés pour apporter plus d’éclaircissements sur ces interrogations, les responsables de la Snpsf n’ont pas voulu réagir.

Abdou Moustoifa/Alwatwan 

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