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Les défis du nouveau directeur de Comores Télécom

A peine nommé, le nouveau Directeur Général de Comores Télécom, Saïd BOUHTANE,  aura le devoir de relever  certains défis. Ils sont intrinsèquement liés  à la nouvelle réglementation des Communications Electroniques, à la concurrence en raison de l’avènement d’un second opérateur, puis à la création effective de Comores Câbles.

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En effet le fameux « Etat dans l’Etat » est tout sauf dans la légalité, au grand dam des consommateurs et de l’Etat Comorien. Sa seule licence GSM, délivrée la décennie précédente, ne lui autorise nullement, dans un avenir proche, la fourniture de l’ensemble des services de téléphonie, d’internet, de télécopie, des services à valeur ajoutée. En conséquence le premier défi à relever par le Directeur Saïd BOUHTANE  demeure l’obtention de la licence globale et unifiée, délivrée par l’Autorité Nationale de Régulation des TIC- ANRTIC.  Cette licence, en principe, doit être assortie d’un cahier de charges inscrivant les obligations réglementaires de l’opérateur. Y figureront, à coup sûr, les conditions de  permanence, de qualité et de disponibilité du réseau et du service, au grand bonheur des usagers ! Cependant, nul besoin de rappeler la responsabilité de l’ANRTIC pour mettre fin à cet imbroglio aux répercussions désastreuses.

L’autre défi, et non le moindre, est de faire face à prochaine concurrence du second opérateur. Non limitée aux tarifs, elle s’étend à la qualité des services, à la relation clients  et aux innovations technologiques. Une concurrence consacrée, encouragée par la loi qui interdit  tout droit d’exclusivité et pénalise tout abus de position dominante.

Indubitablement, la première  des révolutions  à initier au sein de cette société nationale  est celle des mentalités : faire évoluer la mentalité monopolistique d’Etat à une mentalité d’opérateur public concurrentiel.  L’autre  pari des changements est de se mettre au diapason de  la révolution numérique au risque de réduire en peau de chagrin son portefeuille clients: développement des applications libres, de la VoIP, des services à valeur ajoutée. Faire face à la concurrence reviendra à dynamiser les changements technologiques afin de fournir de nouveaux services et des systèmes apportant des solutions novatrices aux entreprises, aux administrations et aux consommateurs dans leurs communications internes et avec le monde extérieur.

Réussir dans ce nouveau marché, contraint CT à revoir toute  sa vision, sa stratégie commerciale, son modèle d’organisation et de gestion des ressources humaines. Le challenge aussi consiste à respecter toute la panoplie de la loi prohibant les pratiques anticoncurrentielles. Un hic à résoudre au risque d’être constamment pénalisé par l’ANRTIC.

Troisième défi, le transfert des actifs câble de Comores Télécom vers Comores Câbles (CC). A ce jour, CT assure le financement, l’exploitation et la gestion du câble sous marin ainsi que sa participation au consortium Eassy. Des missions nouvellement assignées par le décret N°13-086/PR à la société publique  Comores Câbles, chargée de la commercialisation, de l’accès, et des ventes de capacités large bande. Avec la nomination de la Directrice Générale, Mme Amina ABDALLAH, il est permis d’envisager l’accélération du processus de cession. Le transfert d’une telle infrastructure lourde valant des milliards implique, au premier abord, une perte financière et de compétences. Cependant Comores Télécom aura la facilité d’acheter de la bande passante et devenir, de facto, le deuxième actionnaire public de Comores Câbles.  Qu’il soit dit au passage que la réglementation l’autorise à déployer le réseau fibre optique intra-îles.  

En somme relever ces défis pose de nouvelles exigences au nouveau Directeur Général de Comores Télécom. Primo, une bonne Gouvernance tournée vers une gestion transparente, saine et des investissements productifs qui mettent ses clients au centre des enjeux de demain. Secundo, l’audace d’établir un partenariat dynamique,  gagnant-gagnant avec les autres acteurs des TIC, notamment les prochains fournisseurs de services, ensuite les usagers. Tertio, un esprit d’ouverture, pour des stratégies nouvelles dans un marché concurrentiel, un monde des TIC en pleine évolution et un respect rigoureux de la réglementation nationale.

Les acteurs publics, au premier rang les Ministères de tutelle et le régulateur, seront-ils spectateurs ou des leviers pour une concurrence réussie de notre fleuron national des TIC ? Garantir les effets avantageux de la concurrence pour les Comores et les comoriens est, sans nul doute, le visé de la libéralisation des Communications Electroniques : baisse des tarifs, amélioration de la qualité des services, innovations technologiques. Nul besoin de rappeler que l’un des objectifs de la loi sectorielle est « d’accroître l’offre de services de communications électroniques, faciliter leur accès universel afin de mieux lutter contre la pauvreté, de promouvoir internet comme instrument fondamental de développement d’une économie compétitive et ouverte au monde de l’emploi, de l’éducation, de la formation et de la culture en Union des Comores. »                                                                         Assaf Mohamed Sahali

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