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Les fonctions politiques doivent-elles êtres gratuites ?

Opinion libre: Dans une vidéo diffusée sur Facebook, un ami préconise la gratuité des fonctions politiques au motif que les politiques sont honorés dans les cérémonies traditionnelles. Il précise qu’ils devaient se contenter des places de choix que l’on leur réserve dans les madjlis, les maoulids, les toirabs et les dîners. Notre ami estime par ailleurs que le constituant doit imposer cette diète aux politiciens au motif que l’Etat ne remplit pas ses obligations vis-à-vis des citoyens et que le pays est pauvre. Notre ami concède plus loin la possibilité d’accorder des indemnités aux politiques qui justifieraient de bons résultats à leurs postes.

Il convient d’abord de noter que la course au « Shewo » est une spécialité grand-comorienne qui laisse indifférents les Anjouanais et les Mohéliens. Il serait donc injuste d’embarquer les politiques originaires de Ndzouani et de Moili dans une histoire de course à l’honneur propre à Ngazidja.

S’agissant du principe même de la gratuité des fonctions politiques, il me plait de rappeler que la constitution en vigueur l’érige en ce qui concerne les mandats de conseillers des îles. Ces derniers perçoivent des indemnités de présence uniquement pendant les sessions. Cette disposition est reprise par le projet de constitution soumis au référendum en ce qui concerne les fonctions des membres du Conseil Consultatif. On aurait pu envisager une disposition analogue s’agissant des fonctions de député à l’Assemblée de l’Union. La gratuité des fonctions de parlementaires (conseillers des îles, membres du Conseil Consultatif, députés de l’Union) s’expliquerait par le fait qu’ils ne se consacrent pas à plein temps à leurs fonctions de législateurs. Ils ont la possibilité et le DROIT d’exercer des activités professionnelles en plus de leurs mandats électifs contrairement aux politiques qui exercent des fonctions exécutives (Président, Gouverneurs, Ministres). La constitution interdit à ces derniers d’exercer une activité professionnelle que ce soit dans le secteur public ou privé afin de préserver leur indépendance et de prévenir d’éventuels conflits d’intérêts. Dans ces conditions, il serait illogique de leur interdire une rémunération.

Un Président, des Gouverneurs et des Ministres bénévoles ! Par cette boutade, notre ami cherche à interpeller les Comoriens sur le coût exorbitant de la rémunération de nos responsables politiques depuis 1978.

Nous sommes nombreux à partager son avis sur ce sujet et notamment le Prince Saïd Ali Kemal. Ce dernier avait préconisé lors de la dernière élection présidentielle de réduire de 30 % les rémunérations des hautes autorités de l’Etat, de réduire le budget de la Présidence notamment les crédits alloués aux fonds secrets qui sont estimés à 400 millions de francs comoriens par an, de supprimer la prise en charge des consommations d’électricité et d’eau des logements administratifs et de réaffecter les 4 milliards de francs comoriens collectés chaque année au titre de la RAU (Redevance Administrative Unique) entièrement au budget de l’Etat afin de financer les projets des secteurs prioritaires : santé, éducation et énergie. Il faut préciser qu’une grande opacité entoure la gestion de cette manne financière dont une grande partie est partagée entre les hauts fonctionnaires du Ministère des Finances.

Abdourahamane Cheikh Ali, diplômé de gestion de l’école nationale d’enseignement supérieur de Mvouni et et de droit de l’université Lumière Lyon 2

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1 commentaire sur Les fonctions politiques doivent-elles êtres gratuites ?

  1. Actuellement tous les républiques modernes, démocratiques appliquent la transparence. Pratiquement, les fonds secrets qui étaient justifiés dans un temps, n’existent pas en France donc je ne vois pas pourquoi un pays classés dans les 10 pays les plus pauvres au monde disposent d’un fond secret. Il y a des budgets qui sont votés et donc cela enlève le caractère de secret. Les Comores sont loin d’être un pays démocratique et égalitaire dont les fonds secrets ça sert à payer à l’ombre et dilapider notre argent commun

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