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Les limites de la neutre médiation de l’armée égyptienne

egypteA la différence des pays tels que la Tunisie ou la Libye, l’Egypte possède l’une des plus grandes armées. L’armée est même une institution,  qui joue le rôle de première instance de dernier recours du pays. Socle même du pouvoir, elle a toujours su contrôler le régime en étant l’arbitre des conflits institutionnels et politiques. En effet, en février 2011, elle su écarter Hosni Moubarak du pouvoir en légitimant les revendications du peuple. Elle s’engagea ainsi à n’user d’aucunes forces. Devenue fer de lance du mouvement révolutionnaire, elle s’instaura dans un rôle de « protecteur de la révolution et des citoyens », ce qui implique en ce sens une certaine neutralité vis à vis des revendications citoyennes afin de préserver la stabilité politique et économique du pays. L’armée égyptienne permit de ce fait une transition pacifique vers un pouvoir organisé, notamment par l’arrivée de Mohamed Morsi en juin 2012. Toutes fois, l’armée fut mise à l’écart et cela à l’aube même de la présidence de Mohamed Morsi. Le conseil suprême des forces armées (CSFA) du se défaire de deux de ses membres , le maréchal Hussein Tantaoui, chef du CSFA d’une part, ainsi que de son «  numéro deux » le général Sami Annan. Il s’ensuivit également l’annulation des prérogatives politiques tels que les pouvoirs législatifs de l’armée par Mohamed Morsi. Mohamed Morsi instaura ainsi par ces mesures une rupture entre les frères musulmans et l’armée. Il désigna en ce sens Abdel Fattah al Sissi en tant que ministre de la défense et général de l’armée en août 2012. Cette nomination marqua pour Mohamed Morsi le processus de frérisation de l’Etat. Il apprendra à ces dépends qu’on ne peut faire de la résistance au pouvoir du CSFA.

Finalement, le coup d’état du Général Abdel Fattah al Sissi prouve encore une fois, que l’armée est l’institution capable de changement politique, ou plutôt de remise en place de l’ancien régime. On pourrait en ce sens se demander si le coup d’état n’aurait pas été planifié par les militaires.

Plusieurs éléments nous mènent à penser que ce coup d’état aurait été préparé. Certaines sources venant des frères musulmans affirmèrent que le coup d’état aurait été organisé dès le 23 juin, soit 7 jours avant le début des manifestations. Il y aurait également eu une médiatisation des manifestations, notamment par la publication de photos prises par des avions militaires. D’autres éléments nous rendent perplexes. En effet, l’Egypte souffre de pénuries de carburant et d’électricité depuis plus d’un an, or il se trouve que le lendemain du coup d’état, la population n’eut plus à souffrir de ces dernières. L’armée a ainsi alimenté la révolution par des bases économiques comme politiques. Le risque d’une guerre civile entre pro et anti-morsi tout autant qu’une dictature militaire est à craindre. En attendant, des pourparlers se poursuivent en Egypte entre les différents camps et la communauté internationale. Néanmoins, tout porte à croire, que l’armée ne veut pour le moment admettre la nécessité d’une concession du pouvoir.

Narmine Abou Bakari du site Comores infos
Narmine Abou Bakari du site Comores infos

Narmine Abou Bakari | Comores-infos

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