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Les papiers en France:  Notre père n’est pas mon père

Y a t il des études des effets psychologiques sur les  enfants de la diaspora,  nés de « femme seule » et de « père inconnu » ?  Ces enfants connaissent leur papa, le voient au quotidien ou partiellement.   A mesure qu’ils grandissent, ils prennent conscience à travers les papiers d’état civil et administratifs , qu’ils sont déclarés de père inconnu. 
Cette situation n’est pas unique à la communauté comorienne. Les premières générations d’immigrés dans tous les pays du monde usent de tous les stratégèmes pour se créer des identités  qui leur permettent de maximiser les revenus . 
Des jeunes  confrontés à cette situation, commencent à en parler. Certains la vivent comme un grave handicap identitaire et social. De février à hier, j’ai écouté 4  cas. Je dis bien écouter et non discuter. Le point commun entre ces 4 jeunes gens , 2 fille et 2 garçons entre 19 et 30 ans, est qu’ils sont nés en France, ont fait ou font des études supérieures. Une vit en Allemagne. Leurs relations sociales et professionnelles, pour l’essentiel, se vivent hors du milieu comorien. 2 se sont confiés à moi en espérant des explications  que je n’ai pas pu donner. Les 2 autres se sont juste ouverts à une oreille  attentive. Il faudrait des spécialistes ayant des connaissances du milieu comorien.  Le dernier cas, hier, m’a bouleversé, d’où ce partage, en espérant que la communauté prendra conscience de ces drames.
On ne doit pas compter sur des jeunes nés et qui grandissent hors du village comorien, pour qu’ils se foutent de ce qui est écrit sur « les papiers ». Ils ne vivent pas au village, où, le nom qui importe, est celui qui revient sur la place publique lors des grandes occasions. 

A-t-on idée des questions que se pose l’enfant, fier de sa ressemblance avec son père et de ses ainés qu’il admire, quand il  apprend qu’il est de père inconnu  et qu’il porte le nom de  son grand père maternel ?

Des couples mariés civilement divorceraient pour que l’épouse devienne « femme seule ». Les enfants qui suivent sont de père inconnu,  contrairement aux aînés , et même  aux neveux et nièces « reconnus » venus des Comores. Ils porteront un nom différent.  Le couple divorcé maximise ainsi les prestations sociales en vue de la préparation du grand mariage. Ce n’est qu’une hypothèse mais une hypothèse forte. Ce n’est pas la seule raison. Ceux  qui me lisent et qui sont plus familiers de ces drames et tragédies en citeront d’autres raisons, peut être moins condamnables
 La situation pouvait  se comprendre, quand la première génération d’émigrés  pensait sincèrement que, le séjour en France était un mal nécessaire pour amasser de l’argent,  que fatalement toute la famille retournerait un jour dans l’archipel.  Et, quand on n’était pas confronté à des générations de jeunes devenus adultes. 

   Nous savons désormais que comme pour tous les peuples, une minorité seulement des descendants des émigrés comoriens nés en France retournera s’installer aux Comores. Ils  sont Français d’origine comorienne. Ils vont à l’école, à l’atelier, à l’université, au bureau, à la salle de sport, avec d’autres jeunes Français C’est avec eux,  qu’ils  forgent  une partie de leur  identité et mesurent les rapports affectifs ; pas avec les notables et les différents groupes d’âge du village des parents. 

 

 Les descendants des Africains et des Arabes venus chercher une meilleure vie aux  Comores ne sont pas retournés en Afrique, en Oman, au Yemen et en Inde. Cette terre d’émigration de nos ancêtres nous l’appelons notre pays. Quand nous partons c’est pour d’autres pays , pas le point de départ de nos grands et arrières grands parents.

Nous n’avons plus d’excuse pour faire naître ces enfants avec des fardeux susceptibles de leur créer de graves blessures psychologiques, juste  pour notre statut coutumier au village.  
P.S : Certains enfants sont « reconnus » par des oncles et des amis de la famille. Est ce mieux quand une fratrie de « même père, même mère » se retrouve avec des patronymes différents sur les « papiers » ?

Said Mchagama 

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5 commentaires sur Les papiers en France:  Notre père n’est pas mon père

  1. les comoriens n’aime pas se remettre en question, accepter la vérité est un long travail qu’ils doivent faire et ça prend plus de 40 ans… on se demande qui sont les malades ici.

  2. Said Mchangama,
    C’est quoi le but de votre article? Dois-je comprendre que vous voulez dénoncer votre communauté auprès des autorités françaises ou voulez-vous vous révolter contre ces pratiques?

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