Les ramoneurs allemands, connus pour leur costume noir et haut-de-forme traditionnels, ont basculé dans l’économie de marché le 1er janvier en voyant tomber leur monopole, issu du nazisme.
L’Allemagne a ainsi fini par céder aux pressions de Bruxelles pour libéraliser ce secteur, jusqu’ici protégé, et se conformer à une directive européenne sur les services, après des années de résistance.
PLUS DE ZONES EXCLUSIVES
Cette profession réglementée bénéficiait en effet d’un monopole depuis la mise en place en 1935 par le régime nazi d’un registre national, attribuant à des « maîtres » ramoneurs des zones exclusives pour l’exercice de leur métier. Depuis le 1er janvier, les hommes en noir doivent affronter la concurrence d’entrepreneurs libres de proposer leurs services sans limite géographique et de négocier leurs prix.
« Tout n’est pas si mauvais. Les clients pourront choisir leur ramoneur, et nous aussi, pour la première fois, nous aurons le choix, estime Norbert Skrobek, 52 ans, qui exerce cette profession à Berlin, où il emploie son fils et deux apprentis. Maintenant, je peux dire que je n’ai plus besoin de travailler pour des clients qui n’ont pas payé depuis deux ou trois ans. C’est un plus. »
CONTRÔLE DES SYSTÈMES DE CHAUFFAGE
Les quelque huit mille ramoneurs d’Allemagne ne sont pas seulement chargés de nettoyer les conduits de cheminée, mais ils s’occupent aussi de contrôler la sécurité des systèmes de chauffage, leur niveau de pollution et leur efficacité énergétique.
Selon M. Skrobek, les ramoneurs prenaient en charge un ensemble de missions pour une rémunération forfaitaire, mais désormais les propriétaires de logement devront mieux s’informer sur les travaux nécessaires et sur leurs coûts.
ESPIONNAGE SOUS LE TROISIÈME REICH
Les ramoneurs, qui en Allemagne sont supposés porter bonheur, n’ont pas toujours eu bonne réputation dans le pays. Sous le Troisième Reich, les nazis leur demandaient d’espionner leurs concitoyens pour le compte du régime en profitant de leur accès privilégié à tous les logements. La pratique s’est poursuivie dans l’ex-Allemagne de l’Est communiste. Mais M. Skrobek assure que cette image sulfureuse fait partie du passé.
En 2009, l’Allemagne avait déjà ouvert une brèche dans le marché verrouillé des ramoneurs, en se voyant contrainte d’autoriser les professionnels d’autres pays de l’Union européenne à exercer sur son territoire. Mais la faiblesse des tarifs réglementaires ne rendait pas le marché attractif pour la plupart des sociétés étrangères.
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