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Les trois quarts des profits de Canal plus proviennent des Dom-Tom et de l’Afrique

EXCLUSIF. Les trois quarts des profits de la filiale de Vivendi proviennent des Dom-Tom et de l’Afrique, qui dégagent deux fois plus de bénéfices que les activités de télévision payante en métropole.

À moins de vivre sur la planète Mars, difficile d’ignorer les difficultés très médiatisées de Canal Plus. Mais, contrairement à une opinion répandue, la filiale de Vivendi reste rentable, même si ses profits ont été divisés par deux par rapport à la période 2008-2014. Ainsi, l’an dernier, le Groupe Canal Plus a dégagé un bénéfice opérationnel de 318 millions d’euros, soit une marge de 6%.

Quand on regarde d’où viennent des profits, on trouve des résultats plus ou moins inattendus. Bien sûr, les profits ne viennent pas des chaînes gratuites (C8, CStar et CNews), qui n’ont jamais gagné d’argent. Ils ne viennent pas non plus de Studio Canal, dont la rentabilité a été divisée par deux depuis 2014. Surtout, ces profits ne viennent plus de la télévision payante en métropole (la chaîne Canal Plus et le bouquet CanalSat rebaptisé les offres Canal), qui est désormais juste à l’équilibre, alors que c’était historiquement la principale source de profits (cf. chiffres ci-dessous).
Les marges les plus élevées

En réalité, l’essentiel des profits vient des Dom-Tom et d’Afrique, qui ont engrangé 227 millions d’euros de bénéfices opérationnels l’an dernier, soit les trois quarts des bénéfices opérationnels du groupe. Autrement dit, deux fois plus que la télévision payante en métropole…

Surtout, ce sont ces filiales qui génèrent les marges les plus élevées: 27% en moyenne. Une performance d’autant plus remarquable qu’en Afrique, le piratage est endémique, et les tarifs sont bien moins élevés qu’en France: la facture moyenne d’un abonné est de moins de 15 euros par mois. En effet, Canal, après avoir ciblé initialement les Français expatriés et les riches Africains, a progressivement démocratisé son offre en baissant ses prix.
Vaches à lait

Si ces filiales sont des vaches à lait, c’est pour plusieurs raisons. D’abord, elles sont en quasi-monopole. En effet, Canal Plus est quasiment la seule solution pour regarder de la télévision payante dans ces territoires où les offres triple play des opérateurs télécoms sont bien moins développées.

Ensuite, Canal achète les droits des programmes pour ces territoires pour des sommes peu élevés, en raison du moindre niveau de vie local, et aussi du fait que Canal est le seul acquéreur possible. En pratique, ces filiales achètent directement leurs droits sportifs et les droits des films français et américains.

Autre explication: ces filiales bénéficient des programmes de la chaîne Canal Plus. Précisément, les filiales dans les Dom-Tom diffusent une version légèrement modifiée de la chaîne cryptée, tandis que les chaînes éditées pour l’Afrique reprennent quelques émissions, essentiellement les magazines sportifs. Toutefois, ces filiales payent un prix de marché pour ces programmes, comparable à ceux de programmes similaires. Ainsi, les filiales dans les Dom-Tom reversent environ 40% de leur chiffre d’affaires à la métropole. Quant aux chaînes africaines, elles reprennent de moins en moins de programmes de la métropole, qui intéressent moins les Africains que les programmes locaux ou les films américains.
Vincent Bolloré ne s’en mêle pas

Dernière explication: les activités hors de France bénéficient d’une certaine stabilité. C’est la seule activité dont le patron (Jacques du Puy, nommé en 2013) n’a pas été viré par Vincent Bolloré à son arrivée. « Comme Universal Music, ça marche d’autant mieux que Vincent Bolloré ne s’en mêle pas trop », persifle un ancien salarié.

Ironie de l’histoire, l’Afrique est aussi la vache à lait du groupe Bolloré (premier actionnaire de Vivendi et de Canal Plus). Selon une étude d’Oddo publiée fin 2015, le continent noir représente 25% du chiffre d’affaires du groupe, mais 65% du bénéfice opérationnel.

Interrogé, Canal Plus n’a pas souhaité faire de commentaires.

Les résultats 2017 du Groupe Canal Plus (en millions d’euros)

Chiffre d’affaires
TV payante métropole: 3071
C8: 121
CStar: 37
CNews: 25
Studio Canal: 467
Pologne: 505
Afrique et Dom Tom: 839

Résultat opérationnel (marge opérationnelle en %)
TV payante métropole: +103 (3%)
C8 & CStar: -62 (-38%)
CNews: -14 (-56%)
Studio Canal: +29 (6%)
Pologne: +37 (7%)
Afrique et Dom Tom: +227 (27%)

Source: BFM TV
Les résultats de l’activité de télévision payante en métropole (en millions d’euros)

Chiffre d’affaires
2012: 3580
2013: 3544
2014: 3454
2015: 3337
2016: 3178
2017: 3071

Résultat opérationnel (marge opérationnelle en %)
2012: +488 (14%)
2013: +459 (13%)
2014: +327 (9%)
2015: +192 (6%)
2016: +46 (1%)
2017: +103 (3%)

Source: BFM TV

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