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L’esprit pétillant d’Ali Zamir

« Mon Etincelle », deuxième roman du Comorien, est une peinture de mœurs pleine d’urgence de ses compatriotes.

 Ali Zamir en a assez. ­Assez qu’on l’interroge sur son rapport à la langue française et qu’on souligne toujours que oui, il le parle et l’écrit bien, très bien. Il nous a confié cette lassitude lors d’une rencontre à Paris, en septembre. Le français, Ali Zamir est né dedans, en 1987, sur l’île d’Anjouan (Comores) où il a grandi entouré de livres, grâce à son père, directeur d’école, et une tante, libraire. Il suffisait d’ouvrir son premier roman, Anguille sous roche (Le Tripode), réjouissante révélation de la rentrée 2016, pour comprendre qu’il n’a pas passé sa jeunesse à bien apprendre une langue qui est aussi, rappelons-le, l’un des idiomes officiels des Comores, mais plutôt à la tordre, la contester, la dépasser. Bref, ainsi que le font les écrivains, à l’inventer.

 Une invention qu’Ali Zamir aime mettre en scène comme un défi et une question de survie. Ainsi Anguille sous roche, phrase unique de 300 pages, était le cri de révolte d’une femme, Anguille, sur le point de se noyer dans l’océan Indien. Etincelle, la narratrice de Mon Etincelle, se trouve pour sa part à bord d’un avion en train de se crasher, quand elle rend hommage à ceux qu’elle laisse derrière elle – sa mère, son île natale et ses habitants pittoresques – en d’étourdissants récits enchâssés. C’est l’amour qui l’a jetée dans cette traversée houleuse de l’océan, métaphore de l’existence, mais aussi, on le comprend vite, de la mise en danger que représente toute création littéraire.

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