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Lettre au président de la République française

Excellence Monsieur le Président de la République française,

Au seuil de la nouvelle année, il nous est particulièrement agréable de vous renouveler l’expression de notre haute considération et de vous adresser ainsi qu’à votre honorable famille, nos vœux les meilleurs de santé, de bonheur et de réussite à l’occasion de la naissance de 2013.

Dans ce monde en crise et dans un environnement international complexe, nous formulons pour la France et pour son peuple des souhaits de succès de plus en plus grands à la hauteur de la grandeur de ce pays ami dont vous avez désormais la responsabilité.

Permettez – nous également Monsieur le Président de vous féliciter pour votre courage politique en dénonçant le jeudi 20 décembre dernier, le système colonial “profondément injuste et brutal” instauré en Algérie par la France et pour la reconnaissance du grand pays des droits de l’homme des “souffrances” que le peuple algérien a enduré.

En vous exprimant devant les parlementaires Algériens vous avez cité “les massacres de Sétif, de Guelma et de Kherrata” qui demeurent selon vos propos ancrés dans la mémoire et dans la conscience des Algériens. “La vérité, elle n’abîme pas, elle répare. (….) l’Histoire, même quand elle est tragique, douloureuse, elle doit être dite …. Rien ne se construit dans la dissimulation, l’oubli ou le déni.

Par ces déclarations, vous vous êtes exigé un “devoir de vérité sur la violence, les injustices, les massacres et la torture”. Pour la première fois et d’une manière solennelle, la France assure “la paix des mémoires”. En guise de réponse le chef de l’Etat Algérien a souhaité un “partenariat d’exception”.

Monsieur le Président,

Notre pays les Comores n’a pas connu la guerre, avant d’obtenir son indépendance. Par contre, l’archipel continue, 38 ans après son indépendance, à connaitre des souffrances pour une indépendance restée encore inachevée. Les Nations unies ont adopté une vingtaine de résolutions demandant à la France de continuer les discussions avec les Comores pour créer les conditions de la réintégration de Mayotte dans son environnement naturel, en respectant l’unité et l’intégrité des Comores.

Toutes ces résolutions font références à la 39ème séance plénière tenue le 21 octobre 1976, qui a condamné les consultations françaises à Mayotte du 8 février et du 11 avril 1976, mais qui a aussi rejeté, comme nulle et non avenue, toutes consultations ultérieures françaises à Mayotte.

Depuis 1995, les Comores ont consenti à ne plus inscrire la question de Mayotte à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies suivis d’un débat et résolution pour éviter à la France, Nation invitée à jouer un grand rôle dans le monde, des condamnations unanimes des Nations du monde. Nous avons fait miroiter au Secrétariat général des Nations unies que les commissions mixtes Franco-comoriennes et récemment le Groupe de travail de haut niveau, recherchent les voies et moyens pour accélérer ce processus d’intégration de Mayotte dans son environnement, dans le respect des résolutions.

En réalité la France a choisi unilatéralement d’accélérer le processus d’ancrage de Mayotte dans la République Française, et d’inscrire l’île comorienne dans un processus d’intégration au sein de l’Union européenne, en la transformant en région ultrapériphérique. Nous n’allons pas Monsieur le président refaire l’histoire, ni la réécrire.

Nous avons subi le mercenariat, nous avons perdu deux présidents assassinés, nous avons essuyé l’extrême humiliation de voir notre président déporté à l’île de la Réunion. Alors que la France n’avait pas restreint les échanges entre les quatre îles, l’introduction du visa Balladur, a séparé de force un peuple, déchiré des familles, porté un coup aux échanges de toutes natures.

Depuis cette année, des centaines de Comoriens, voulant contourner ce visa accordé au compte goutte, meurent chaque année en mer, transformant ce bras de mer de 70 kilomètres, en grand cimetière marin de la terre.

Mayotte s’est transformée depuis notre indépendance en base arrière pour toutes les déstabilisations des Comores indépendantes. Elle a été le maitre d’œuvre de dix ans de séparatisme, en faisant miroiter à la population anjouanaise, la possibilité d’obtenir la nationalité française et d’émigrer vers un Eldorado qu’offre la France.

Point n’est besoin ici de rappeler, les durs sacrifices consentis pour chasser des Comores, les séparatistes anjouanais, qui ont tous trouvé refuge à Mayotte, multipliant les provocations et véhiculant les mêmes messages de haine et de rancœur. Le Parti socialiste a toujours été du côté du peuple comorien dans ses aspirations de paix et de développement. Il l’a été plus encore, au moment fort de notre indépendance, quand la loi française a été modifiée pour permettre la séparation de Mayotte des autres îles.

Ce grand élan qui est le votre, devrait permettre aujourd’hui de recadrer les discussions entre la France et les Comores. La France, sous la présidence Sambi, avait mis en place un groupe de travail pour étudier le fond de la question. Des pistes ont été avancées à l’exemple de “ la communauté des îles”, mais encore une fois d’autres termes de références ont été imposés au cours de travaux empêchant le grand traité d’être signé.

Nous avons des relations privilégiées, aussi bien monétaires que militaires. Ce contentieux territorial ne devait pas se régler au prix de déchirures profondes, au prix des centaines de morts et au nom de rapport de forces qui nous seront toujours défavorables. Avec nos qualités d’amis fidèles à la France, nous sommes disposés à jouer un rôle majeur pour favoriser ce dialogue, afin de permettre à nos deux peuples de dépasser ces litiges, pour ouvrir une nouvelle page et aborder l’avenir avec la sérénité nécessaire.

En espérant que cette requête retiendra votre haute attention et dans cette attente, nous vous prions de d’gréer Monsieur le Président, les assurances de notre haute considération.

Moroni, le 27 décembre 2012

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