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« L’honneur appartient à ceux qui ne renoncent jamais à la vérité »

Extrait de la lettre envoyée le 23 juin 1969 de la prison de Robben Island par Nelson MANDELA à son épouse Winnie

Le quart du PIB (Produit Intérieur Brut) des Comores est assuré par sa diaspora. La consommation reste le principal moteur de la croissance aux Comores et elle est soutenue essentiellement par les transferts financiers des Comoriens de l’Etranger. Cette manne financière dépasse de loin l’aide publique au développement accordée à l’Union des Comores par ses partenaires bilatéraux et multilatéraux. Une délégation de la Banque Centrale des Comores a rencontré ces derniers jours des membres éminents de la Diaspora établie en France pour les persuader d’orienter leurs transferts plutôt vers les investissements productifs. Nul besoin d’être expert ou sorcier pour deviner la contribution attendue de la Diaspora pour l' »Emergence à l’horizon 2030″.

La consécration par l’article 66 du projet de constitution soumis au référendum de la représentation des Comoriens de l’Etranger à l’Assemblée de l’Union constitue UNE réponse à l’une des NOMBREUSES demandes légitimes des Comoriens de l’Etranger. Je ne peux qu’apprécier à sa juste valeur la reconnaissance de ce droit politique tant revendiqué par la Diaspora. Par contre, mon enthousiasme est mesuré au sujet de la candidature des Comoriens de l’Etranger à l’élection majeure du système politique comorien, à savoir l’élection présidentielle. Ces Comoriens qui assurent un quart du PIB de leur pays d’origine et qui contribuent à sa survie économique et financière devront renoncer à leurs activités professionnelles à l’étranger et aller faire le pied de grue aux Comores pendant 12 mois s’ils se souhaitent se présenter à l’élection présidentielle. L’article 53 de ce projet de Constitution somme en fait les Comoriens de l’Etranger de choisir entre la candidature à Beit-Salam et leurs activités professionnelles à l’étranger. Curieuse façon d’inciter la Diaspora à contribuer à « l’Emergence à l’horizon 2030 »!

L’article 53 en son alinéa 3 stipule que tout Comorien peut être candidat à l’élection présidentielle sans être issu de l’île à laquelle échoit la tournante à condition d’y avoir vécu d’une manière effective durant au moins les dix années précédant l’élection présidentielle. Concrètement, un Comorien né de parents originaires de Ndzouani et de Moili et établi en France devra répondre à cette condition pour postuler à l’élection présidentielle lorsque le tour échoit à Ngazidja. En d’autres termes, ce candidat potentiel doit mettre une croix à ses activités professionnelles en France et venir attendre l’élection présidentielle à Ngazidja pendant 10 ans. Une chose est sûre : aucun Comorien de la Diaspora né de parents originaires de Ndzouani et de Moili ne pourra défier le Colonel Assoumani AZALI au cours de la prochaine élection présidentielle.

L’article 69 du projet de constitution prive automatiquement de leurs sièges les députés qui démissionnent de leurs partis. En ce sens, il est attentatoire à la liberté d’opinion des députés et institue DE FAIT un mandat impératif au bénéfice des organisations politiques. L’article 68 du même projet a beau énoncer que tout mandat impératif est nul, il n’en reste pas moins que ce texte a pour vocation de fabriquer des députés godillots. Il est inconcevable que des députés qui, en vertu du mandat représentatif, ne devraient même pas recevoir des ordres de leurs propres électeurs, soient mis sous la coupe d’un parti politique. Les élus ne sauraient être les porte-parole des intérêts des partis politiques. Aucune section du peuple (y compris les partis politiques) ni aucun individu ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté comme le rappelle à juste titre l’article 3 du projet de constitution. Le cas Ali MHADJI est resté en travers de la gorge des dirigeants de la CRC mais cela ne justifie aucunement une telle atteinte à un principe fondamental du droit constitutionnel aussi important que le mandat représentatif. La CRC n’a pas à faire une fixation sur le cas du député Ali MHADJI surtout que le MERCATO à l’Assemblée leur a été largement favorable. Elle a perdu le Député du HAMBOU et bénéficie du soutien de députés transfuges du RDC et de l’UPDC dont Abdou Ousseine, Président de l’Assemblée, Dhoulkamal, le Président de la Commission d’enquête parlementaire sur la citoyenneté économique, Abou Achraf, le super flic impliqué dans ce scandale et Hadjira OUMOURI, Présidente de la Commission de la Production et de l’Equipement.

Le peuple comorien est un melting pot de populations originaires du Portugal, de la péninsule indienne, d’Iran et surtout de l’Afrique Orientale et du monde arabe. Nous sommes membres à la fois de de l’Union Africaine et de la Ligue des Etats Arabes. Chacune de ces organisations a besoin de renforcer son identité, son unité et son intégration. Il est donc à saluer que « l’Union ds Comores s’engage à renforcer l’identité, l’unité et l’intégration africaines (article 11 alinéa 3) » mais il est étonnant que notre pays n’affiche pas le même volontarisme en ce qui concerne le monde arabe. S’agirait-il d’une réponse du Président Assoumani AZALI BOINAHERI à « l’omano-yéménite » Ahmed Hassane EL BARWANE qui lui avait dénié sa comorienneté au cours d’un meeting de l’opposition à MBENI ? Ou voudrait-il par cette disposition s’attacher les faveurs de l’Union Africaine dans sa lutte à mort contre l' »arabe » Ahmed Abdallah Mohamed SAMBI ? Certains avancent que cette disposition constitutionnelle a été couchée sur le papier sous le coup de l’amertume consécutive aux nombreuses désillusions sur les promesses de financement par les Arabes des projets d’investissement présentés par le gouvernement du Président Assoumani AZALI BOINAHERI. Les nombreuses péripéties qui jalonnent l’histoire de la construction du Centre Hospitalier Universitaire EL MAAROUF ont engendré de la rancoeur à l’égard de nos frères Arabes. On nous avait annoncé dans un premier temps son financement par l’Arabie Saoudite. Nous avons eu ensuite droit à un rétropédalage : les Comoriens devront construire eux-mêmes leur hôpital. Une taxe spéciale fut envisagée à cet effet et les Comoriens de l’Etranger furent approchés pour organiser des madjliss dédiés à l’hôpital. J’apprends aujourd’hui que FINALEMENT l’hôpital serait construit grâce à un prêt de la TDB, une banque commerciale de l’Afrique de l’ESt. Malgré les apparences, malgré les nombreux voyages dans les pays du Golfe, Assoumani AZALI BOINAHERI est très mécontent. Et il le fait savoir en excluant l’identité arabe de son projet de constitution.
Cette inégalité de traitement entre ces deux univers culturels et politiques qui font partie de notre identité traduit une volonté de remise en cause de notre cohésion nationale et serait mal vue par nos frères Arabes.
L’article 52 confirme la présidence tournante entre les Iles. « Chaque Ile, par le candidat élu, assure la présidence de l’Union … » Vous avez bien lu : c’est l’ILE et non pas UN individu qui assure la présidence de l’Union. C’est la consécration du pouvoir insulaire ! La logique insulariste de nos institutions depuis 2001 n’a ni renforcé l’unité nationale ni favorisé le développement économique. Il a fallu un débarquement militaire pour restaurer la légalité républicaine et les institutions de l’Union à Anjouan en 2008. En ce qui concerne la lutte contre la précarité et les inégalités sociales et territoriales, il convient de souligner que les Grand-Comoriens continuent de vendre les bijoux de famille pour tenter d’entrer illégalement en France au prix de nombreuses noyades en mer Méditerranée malgré le 6 ans de tournante grand-comorienne (2002-2006 et 2016-2018). Les Anjouanais continuent de périr dans le bras de mer séparant Anjouan de Mayotte dans leur quête d’une vie meilleure dans l’île soeur malgré les 5 ans de tournante anjouanaise. Les Mohéliens n’ont toujours pas ni de port, ni d’aéroport digne de ce nom ni de dépôt d’hydrocarbures malgré les 5 ans de tournante mohélienne. En conséquence, ceux qui avaient voté contre la constitution de 2001 devraient LOGIQUEMENT pour les mêmes raisons s’opposer au texte actuel. La tournante n’arrange que les prédateurs des 3 îles qui ont ainsi la possibilité de se relayer à BEIT SALAM pour violer à tour de rôle la Nation comorienne. Je n’exagère rien lorsque je parle de viol collectif au sujet de la « Tournante ». Selon WIKIPEDIA, le terme « Tournante » désigne une forme de viol en réunion dans laquelle la victime est violée successivement par plusieurs personnes.
Les Comores ont besoin d’un Nouveau Départ incarné par un Président d’une probité exemplaire. Les Iles doivent bénéficier des moyens adéquats pour assumer pleinement leur autonomie. Le Gouvernement de l’Union doit associer les Gouverneurs dans l’élaboration des projets d’équipement d’envergure. Les investissements publics doivent être répartis équitablement entre les Iles et entre les régions. Les services publics doivent se rapprocher des usagers. Il est inconcevable qu’un citoyen se déplace de Ndzouani et de Moili vers Moroni pour se faire délivrer un passeport. L’Etat n’existe qu’à MORONI, MUTSAMUDU et FOMBONI. Il doit assurer sa présence partout. Il faut en finir avec l’impunité qui caractérise les délits qui affectent les deniers et biens publics. Ces délits doivent devenir imprescriptibles. La charge de la preuve devra être inversée au sujet des responsables politiques, dirigeants de société d’Etat et des fonctionnaires exerçant dans les administrations financières qui affichent un train de vie manifestement disproportionné par rapport à leurs revenus officiels. Un pôle financier doit être créé au sein du Tribunal de Grande Instance de Moroni avec une compétence nationale. Il devra connaître des affaires de corruption, d’escroquerie, de marchés publics frauduleux, de blanchiment et de fraudes fiscales. Dans un premier temps, le gouvernement devra faire appel à des magistrats retraités étrangers pour constituer ce pôle financier.
Abou ACHRAF a été mis en examen et placé en mandat de dépôt sous la Présidence d’IKILILOU pour avoir mis en place un réseau parallèle de vente de passeports dans le cadre du Programme de Citoyenneté économique. Son flair de policier lui a permis de comprendre que son immunité parlementaire ne le protégerait pas de la traque qu’AZALI lancerait contre ses opposants sous couvert de lutte contre la corruption. Il s’empressa d’adhérer à la CRC du Président AZALI. L’évènement fut célébré en grandes pompes par le parti au pouvoir. L’homme coule aujourd’hui des jours tranquilles loin des prétoires pendant que la rigueur de la justice s’abat contre les personnalités politiques de l’UPDC et du JUWA qui sont soupçonnées d’être impliquées dans ce scandale. Bashar KIWAN, l’homme clé de ce dossier, avait écrit au Président de la Commission d’enquête parlementaire pour manifester son désir de coopération sur ce dossier. Etant placé sous contrôle judiciaire au KOWEIT, il souhaitait être entendu dans ce pays. Personne ne s’est déplacé au KOWEIT pour l’entendre alors que le gouvernement n’est jamais avare lorsqu’il s’agit de financer des voyages inutiles. Le gouvernement d’AZALI avait-il peur des révélations de Bashar KIWAN ? Depuis, l’homme d’affaires franco-syrien a été emprisonné au KOWEIT. Il mourrait en prison et certains s’en réjouiraient dans les cercles du pouvoir à MORONI.
L’excuse consistant à donner un chèque en blanc à Assoumani AZALI au motif qu’il mènerait une lutte contre la corruption n’est donc qu’une mystification. Déclarer que l’on vote une constitution aussi médiocre au motif qu’il y aurait des voleurs du côté de l’opposition est une histoire à dormir debout, ne serait-ce que parce les voleurs pullulent également du côté du pouvoir. En conséquence, je demande aux Comoriens et en particulier à mes amis politiques de rejeter de toutes leurs forces ce projet de constitution.

La constance est plus que jamais nécessaire dans les circonstances actuelles. NOUS NE DEVONS, POUR QUELQUE MOTIF QUE CE SOIT, CEDER AUX CHANTS DES SIRENES. Les sacrifices consentis pendant des décennies d’engagement politique sincère au service de la Patrie ne doivent pas être passés par pertes et profits car « L’honneur appartient à ceux qui ne renoncent jamais à la vérité ».
Abdourahamane Cheikh Ali,
Diplômé de droit de l’Université Lumière Lyon 2
Diplômé de gestion de l’Ecole Nationale d’Enseignement Supérieur de Mvouni
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