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Licenciement du directeur général du CHN El-Maarouf : La justice saisie pour une conciliation

Suite à sa « suspension » et la nomination d’un Directeur Général intérimaire du CHN Elmaarouf, Zain-El-Abidine Abdallah estime être victime d’un licenciement abusif et politique de la part du Ministère de la Santé. Lors d’un entretien avec La Gazette des Comores il a d’abord exprimé sa déception et a affiché une  certaine démotivation face, dit-il, à « des pratiques qui perdurent depuis des décennies, et qui ont pour noms clientélisme politique et arbitraire ».

 

Zaïn-El-Abidine Abdallah, dit avoir postulé pour la Direction de Elmaarouf parce qu’il a une culture et une expérience professionnelles qui auraient pu lui permettre de mener des réformes au sein de cet hôpital. « Malheureusement au lieu que cela soit perçu comme étant un atout, j’en ai été victime, car j’ai compris que pour des raisons de politique politicienne et d’intérêts individuels, certains œuvreront à toujours marginaliser ceux et celles qui voudront servir le pays avec un autre état d’esprit. Un ami et ancien de l’hôpital, installé au Canada depuis 2 décennies a trouvé les mots pour me résumer cette situation : dans ce pays il y aura toujours des gens pour nous tirer vers le bas », a conclu avec désolation l’ancien Directeur Général. Pour rappel c’est au lendemain du décès en juin dernier au CHN Elmaarouf par négligence médicale, de Marie Daniz Soulaimana et son bébé, que le Ministre de la Santé a suspendu le Directeur Général, pourtant recruté par appel à candidatures et sous contrat jusqu’en 2019. Lors de notre entretien, l’intéressé confirme n’avoir jamais été entendu par aucun organe statutaire de l’hôpital, ni par la justice et n’en parlons plus par le ministère de la santé. « Le jour où j’allais être suspendu, j’ai appelé le ministre au téléphone et c’est là qu’il m’en a informé, avant que je reçoive une note de service laconique le lendemain », explique le désormais ancien directeur général du CHN Elmaarouf. Depuis, dit-il « nous nous sommes plus revu ni parlé ». Recruté en novembre 2015 à l’issue d’un appel à candidatures, puis nommé par décret présidentiel, conformément aux statuts de l’hôpital, l’intéressé avait signé un contrat avec le Conseil d’Administration de cet hôpital qui jouit d’une autonomie administrative et financière depuis 2011, pour une mission de 4 ans.

Selon cet ancien fonctionnaire du PNUD et de l’UNFPA, les délais légaux d’une suspension largement dépassés et la nomination d’un directeur intérimaire  au mépris des textes et des organes de l’hôpital et des clauses du contrat de travail, signifient qu’il s’agit bien d’un « licenciement déguisé » qui n’a jamais été acté. Lequel licenciement Zain-El-Abidine Abdallah considère « abusif et politique et qui arrange beaucoup de monde au sein de l’hôpital et au sein même du ministère de la santé, en raison de l’hostilité et de la résistance affichées par certains, vis-à-vis des réformes que j’ai initiées en matière de gouvernance administrative et financière et de gestion des ressources humaines ». C’est pour cette raison que, convaincu que le ministère de la santé ne reviendra pas sur sa décision (sauf dit-il avis contraire du conseil de ministres) et afin de faire valoir ses droits, l’intéressé a porté l’affaire devant l’inspection du travail, qui à son tour l’a transférée au tribunal de Moroni, en l’absence d’une conciliation avec le ministère de la santé.

La Gazette des Comores a appris qu’une audience en conciliation aurait dû avoir lieu devant le juge le 24 août dernier. Au cours de notre entretien, Zain-El-Abidine Abdallah a confirmé cette information et révélé que le ministère n’a pas envoyé de représentant, d’où le report de l’audience. L’ancien directeur général dit avoir été convoqué en même temps que le ministère de la santé et avoir la preuve que l’institution a bien signé l’accusé de réception de la convocation. Cette forfaiture du ministère est interprétée par l’ancien directeur général comme « un mépris envers l’institution judiciaire et un défi au Chef de l’Etat, qui prône l’état de droit et demande à tout un chacun, citoyens comme institutions publiques et privées, à se tourner vers les tribunaux compétents pour se départager, au lieu de se faire justice soi-même ». Enfin, Zain-El-Abidine a confirmé à la Gazette des Comores qu’une autre audience en conciliation est programmée le 21 septembre prochain. Qu’adviendra-t-il si encore une fois le ministère de la santé joue aux abonnés absents ?

Toufé Maecha


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