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L’Islam comorien à l’épreuve de la mondialisation

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1) La place de l’islam dans cet archipel.

Les Comores, de par leur insularité, ont été, relativement, à l’abri de certaines influences externes, tant sur le plan politique que sur les plans culturel et religieux. Et ce, après avoir été à au début de leur histoire et jusqu’à un passé pas très lointain dans l’effervescence d’influences multiples. Des îles soeurs de Zanzibar (zindjibâr, en arabe) et de Madagascar au monde Arabe, notamment le Yémen, en passant par les côtes Est-africaines et des pays fort, fort lointains, comme le Portugal, la GB, la France et l’Inde, l’archipel a reçu les influences démographiques, ethniques, religieuses, culturelles et politiques qui en ont fait un mille-feuille, certes à dominante arabo-islamique, mais pas moins mille-feuille, quand même.

L’islam s’y est installé depuis sa primeur. La légende des deux dignitaires comoriens partis, en terre sainte, à la Mecque, à la rencontre du prophète pour se convertir à la nouvelle religion, est aujourd’hui en partie corroborée par les fouilles archéologiques récemment effectuées dans la ville de Ntsawéni, dans le Nord de l’île de la Grande-Comore, qui prouvent de manière définitive que l’islam est bien arrivé aux Comores dès le premier siècle de l’ère hégirienne. Peu importe, dès lors, que ce soit par Mtswa Muindza et Fé Bédja, lesdits dignitaires, ou par d’autres qu’il y ait élu domicile.

L’élément important, dans cette donnée nouvelle, est que l’islam est dans ce pays aussi ancien que l’instauration des premières populations. Il est un des ciments de la société comorienne, dont il régit une partie non négligeable de l’organisation, tant au niveau des moeurs qu’à celui de la justice, notamment la justice civile.

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Mais, comme cela a été le cas partout, l’islam a subi, au contact des autres ciments de la société comorienne, comme l’animisme, encore vivace en Afrique, les traditions et autres éléments du quotidien du Comorien, des adaptions ou plutôt des ajouts qui le distinguent un tantinet de celui pratiqué dans les autres coins du monde. Ces adaptations ne touchent aucunement les fondements de la religion.

Restons sur les particularités de cet islam. L’école juridique, ou madhhab, suivie aux Comores est le shafiisme. Et ce, depuis des temps immémoriaux. Cela est certainement à mettre à l’actif du grand frère yéménite, acquis à la jurisprudence, ou fiqh, de l’imam al-Shafi’, fondateur de ladite école, depuis plus de mille ans. Il serait en revanche intéressant de chercher à savoir de quelle école juridique étaient les premiers musulmans Comoriens, car, si l’Islam y est dès son premier siècle, il y a de forte chance qu’ils aient été zaydites, (du zaydisme, école juridique et dogmatique, dont le fondateur est l’imam Zayd Ibn ‘Ali Zayn al-‘Âbidine Ibn al-Husayn, petit-fils du Prophète, né en 75 Ap- H et mort en 122), comme leurs frères Yéménites, car al-Shafi’ ne naît que dans la seconde moitié du second siècle de l’hégire. Est-ce de là que viendrait la sur-estime dont jouissent les descendants du Prophète, appelés en comorien mazarifu? Ce n’est pas impossible.

Une autre particularité de l’islam comorien est l’influence du soufisme, et ses confréries. Les plus répandues sont la kadiriya, la shadhuliya et la rifa’yia. Ces twarika, confrérie en comorien, de l’arabe twari:qat, s’organisent, chacune, autour de lieux de culte appelés zawiya – dans lesquels elles font leurs cercles d’invocation appelés dayira, les prières quotidiennes et se psalmodient les oraisons nocturnes et matinales, appelées wadhifa. A côté de ces grandes confréries, s’en trouvaient d’autres, souvent élitistes. Il s’agit par exemple de la dandarawiya et de la bâanlawiya. La première n’a quasiment plus de murid, (adepte d’une confrérie en arabe), la seconde, quant à elle, par les majlis, est présente encore aujourd’hui essentiellement en Grande-Comore. Signifiant en arabe « endroit où l’on siège » ce mot désigne en comorien la cérémonie traditionnelle et religieuse, ou plutôt simplement traditionnelle – religion et traditions se confondant quasi constamment aux Comores, comme ailleurs dans le monde arabo-musulman – qui a lieu, généralement, la nuit, et par laquelle est célébré un mariage coutumier. On y chante des chants religieux, appelés « kaswida » de la twarika, comme on y psalmodie le Coran et y fait un prêche et des invocations pour le bien-être des mariés.

La transmission du savoir religieux s’organisait autour desdites confréries. On était, jusqu’aux années 90, obligatoirement affilié à l’une d’elles, car tout le monde appartenait, j’allais dire, naturellement à la confrérie de son père ou de sa mère.

2) Les foyers du savoir religieux aux Comores

Les enseignements religieux commençaient par l’apprentissage du Coran, à l’école coranique, appelée en langue nationale « shioni » ou encore paya la shiyo « cuisine du livre ». Ici, on recevait les rudiments de la religion, outre la lecture du Livre-Saint. On y apprenait aussi la culture de la terre et, parfois, l’élevage. En cela, c’était l’école de la vie. L’enseignant s’appelle fundi, probablement, du turc efendi « Monsieur, ou Seigneur ».

A côté des « cuisines du livre » ou plutôt après celles-ci, certaines mosquées et/ou zawiyas formaient des cercles d’enseignement dans lesquels des maîtres formés au droit musulman, fiqh, dispensaient leur savoir théologique. Ils n’étaient pas tous au même niveau, certains ne pouvant enseigner que jusu’ au robo, autre nom du célèbre condensé (mukhtaswar, en arabe) du rite shafiite, appelé al-Muqaddima alhadhramiyat, du savant hadhrami appelé Abdallah Ibn Abderrahmane Bâ Fadhl (850- 918 ap- H) alors que d’autres étaient de vrais érudits, rompus au fiqh, au moins autant que leurs paires d’autres contrées musulmanes du monde. Le minha :j al-twalibîne, livre de référence du fiqh shafiite sur la base duquel les cadis de ce rite dans le monde entier rendent justice, leur était aussi familier que la clarté de la lune, dont l’archipel des Comores tiendrait son nom.

D’autres incunables dudit rite, comme le fath al-mu’i:ne du savant shafiite indien Zaïne al-Di:ine Ibn Abd al-Aziz Almali:ba:ri, ou encore al-Manha:j alqawi:mn fi: masa:il al-ta’l:im, commentaire du Robo, appelé aussi, par les lettrés comoriens, le Bun Hajar, en référence à son auteur, Ibn Hajar al-Haytami (1504-1567), le plus grand savant de l’école shafiite, après l’auteur du Minha :j, al-Nawawi (1233-1277) leur étaient si bien connus qu’ils en firent soit des gloses (sherehi, en comorien, de l’arabe sharh), soit des gloses de gloses (appelées en arabe hâshiyat).

3) Quelques noms de savants comoriens contemporains et leur œuvre.

La famille al-Sumaytw, comoro-yéménite, ou plutôt comoro-hadhramite, suffit à elle seule à illustrer ce propos. Le premier de cette descendance savante, Abu Bakr Bin Abdillah, vient directement de Hadhramaout, précisément de la cité de Shibâme, et fonde une famille aux Comores. Une de ses épouses lui donne un fils qu’il appellera Ahmad en 1861. Ce dernier aura un non moins illustre enfant, connu aux Comores par le nom d’al-Habib, qu’il nomme Omar.

Le grand-père commente le livre que jusqu’à récemment tout Comorien devait connaître appelé communément Babu, en référence au premier chapitre de cette épitre portant essentiellement sur la purification (les ablutions majeures et mineures) et la prière, intitulée Irshâd al-Muslimin. Il a intitulé son commentaire al-Tirya:qu al-Nâfi’in mina al-‘ama, sharht babu ma: ja fi ‘ittiba’i al’ilmi wa fadl al’ulama. C’était d’ailleurs le premier commentaire que l’on lisait d’un livre que l’on connaissait, en tout cas me concernant. Dans le domaine du dogme, avec ou en même temps que le babu, il existait une épitre nommée ‘aqidatu al-ima:n par laquelle on était initié aux piliers de la foi que son petit-fils commentera à son tour par une autre épitre qu’il intitulera Hadiyyatu al’ikhwane sharh ‘aqidatu al-imâne, que l’on apprenait aussi dans le jeune âge. Elle est simple et claire et aborde des questions très sérieuses, parfois très philosophiques, aussi longtemps que je m’en souvienne.

Le fils, Ahmad, était quant à lui un abîme de sciences. De la poésie aux fondements du fiqh, appelés usu :l al-fiqh, en passant par le fiqh, rares sont les sciences « islamiques » dans lesquelles il n’a pas écrit. Il sera même décoré par le calife ottoman pour son oeuvre scientifique. De retour de Hadhramaout où il a appris auprès des grands savants yéménites de l’époque, il va prodiguer son immense savoir aux Comores, avant d’être appelé par le sultan de l’île soeur de Zanzibar comme Cadi. Il a laissé à la postérité ente autres trésors son livre de référence mondiale al’ibtihâj bi baya:ni ‘istilâhi al-Minha:j, dans lequel il résume et explicite le vocabulaire technique utilisé par le savantissime al-Nawawi dans son Minhâj, la glose de fath al-jawâd, incontournable glose, d’Ibn Hajar al-Haytami, d’un des livres mères de l’école shafiite intitulé al-‘irsha:d, du plus grand savant jamais né au Yémen, l’imâm Ibn al-Muqri, (1353-1433 de l’ère chrétienne) selon l’érudit al-Shawkâni, et surtout l’auteur d’un seul texte écrit traitant concomitamment de droit, de grammaire, d’histoire, de poésie et de métrique, intitulé ‘unwan al-sharaf al-wâfi, une prouesse inégalée, car dans la même phrase tu peux lire des informations ou des règles traitant desdites cinq disciplines, comme le commentaire de certains écrits de l’illustre imam hadhdrami al-Haddâd, etc.

Le petit-fils écrira moins que le fils, mais sa longévité – il meurt à la Grande-Comore en 1976- à plus de 90 ans, ou presque, contrairement à son père, qui mourut à Zanzibar en 1925, lui permit de former un nombre non négligeable de personnes, comme le grand cheikh Ahmad, surnommé Laplace, de la région de Mitsamihouli, dans le Nord de l’île de Ngazidja, le poète et grammairien comorien de la ville d’Ikoni, Bourhan Mukalla, auteur, entre autres livres, d’une exégèse du Coran, d’une poésie sur la vie du prophète et de ses compagnons, intitulée Nafhatu al-wardat fi manhaji al-burdat, écrite sur les traces de l’illustre imam al-Buswayri, et d’un condensé de mille vers sur la grammaire arabe, à l’instar d’Ibn Mâlik, intitulée al-Alfiyyatu al-wa:fiyat, et bien d’autres savants, comme l’ancien grand mufti des Comores, Said Mouhammad Abderrahmane, qui forma, à son tour, un nombre non négligeable de disciples. Ce dernier fut un grand connaisseur de la jurisprudence islamique et un exégète hors paire. Nombreuses de ses fatwas ont été novatrices dans les années 70-80. Il était reconnu, même par ses propres maîtres, comme sinon le plus grand juriste de l’Afrique de l’Est, voire au-delà, en tout cas, un des plus grands. Il fut membre du Conseil Juridique Islamique de Jeddah et y donna des avis fort remarquables.

De retour de Zanzibar, où il fut formé par plusieurs maîtres aux sciences religieuses, pendant onze ans, il s’installa à Moroni, la capitale des Comores, dans les années 40 et y enseigna la jurisprudence musulmane, l’exégèse, la grammaire, la poésie arabe, les sciences de l’héritage, le hadith, la métrique, car il était aussi très bon poète, comme le furent ses maîtres d’ailleurs, pendant à peu près un demi-siècle. Il rejoignit la miséricorde de son seigneur en 1990 à Paris.

D’autres illustres savants ont enseigné les sciences islamiques et ont eu une longévité aussi grande que la sienne. Je pense au cheikh Ahmada Mfoihaya, de la ville de Mbéni, très bon juriste qui a formé bien des personnes de la région Nord de l’île de Ngazidja, mort dans le milieu des années 90, au linguiste, poète, théologien voire politicien, Ahmad Qamardine, de la même ville, auteur, entre autres, d’un manuel de grammaire arabe, d’un livre sur les 99 noms et attributs de Dieu, publié en Tunisie dans les années 60, sauf méprise de ma part, mort en 1974, et à d’autres encore.

A cela, il faut ajouter que la quasi totalité des enseignants en sciences islamiques sur l’île de Zanzibar était d’origine comorienne. Une des preuves est que l’illustre Bourhane Mkalla parle dans l’introduction de son manuel de grammaire de son professeur en grammaire, appelé Abdourrahmane, dont il dit qu’il est de la région du Washili, dans le Nord de l’île de Ngazidja.

4) Etat des lieux du savoir théologique aux Comores aujourd’hui.

En un mot, c’est à ce point que les sciences islamiques étaient maîtrisées et transmises aux Comores. Hélas, ce patrimoine commencera à partir en déliquescence dès les années 70. Au lieu de Zanzibar ou une autre région ou ville comoriennes, les gens partiront en Arabie Saoudite et à l’Al-Azhar pour se former aux sciences religieuses. Leur retour aux Comores ne va pas se faire sans heurt car, quoique nous puissions dire, nous sommes inéluctablement influencés peu ou prou par les coutumes et la philosophie de l’endroit où nous sommes formés. Le soufisme n’étant pas en odeur de sainteté dans le royaume des Saoud, les étudiants qui sortent de ses universités s’opposeront, j’ai envie de dire, naturellement au soufisme comorien. Certaines pratiques comme la da’yira ou la célébration de la naissance du Prophète, appelée en comorien maoulida (de l’arabe maulid « naissance ») vont faire l’objet de violentes critiques de leur part. Le shafiisme comorien en prend même un coup. Les savants comoriens ci-dessus présentés sont qui raillés, qui considérés comme des ignorants, alors qu’ils n’ont, de fait, rien à envier à leurs homologues saoudiens ou d’ailleurs. Ils vont être victimes de l’adage arabe qui dit « le musicien du coin n’épate personne ».

Plus personne ou presque ne parle du Minha :j. Le fiqh n’est plus enseigné, comme jadis. Une forme nouvelle d’enseignement a vu le jour, qui consiste à faire des conférences grand public. Une chose est, en revanche, certaine. L’enseignement classique ne peut que très difficilement être assuré par quelqu’un d’exclusivement formé dans une université. Les cadres ne sont pas les mêmes, les exigences non plus. Sans doute est-ce pour cela que les cercles scientifiques d’autrefois n’existent plus ou presque dans les Comores d’aujourd’hui.

Les premiers diplômés des universités saoudiennes vont, malgré tout, marquer positivement de leur présence, le paysage scientifique des Comores. Des madaris, pluriel de madrassat, (école, en arabe), voient le jour – qui enseignent les sciences islamiques. Le dogme et la jurisprudence enseignés ne s’appuient plus sur les incunables précédemment présentés, les enseignements étant calqués sur l’enseignement primaire et secondaire saoudien. C’est le cas de madrasat al-imane, du cheikh Swadiq Mbapandza, diplômé en sciences coraniques et lecture du Coran, de l’université de Médine, fin des années 70, début des années 80. Il formera un nombre considérable de disciples, hommes et femmes, des quatre coins de l’archipel.

Le cheikh Abu Bakr Bin Abdillah Jamal Allayl, un des tout premiers diplômés en shari’a de l’université de Médine, formera aussi dans sa mosquée, cette fois-ci, des générations entières en grammaire classique, quasi exclusivement, d’ailleurs.

Les disciples de l’ancien grand mufti, comme cheikh Mouhammad Soighir, de la ville de Tsidjé, au centre de l’île de Ngazidja, l’ancien grand cadi des Comores, feu Said Ahmed Jaïlâne, feu cheikh Mhadjiri, de la ville de Foumbouni, dans le Sud, le Cadi Saïd Ismaïl de Mbéni, disciple aussi de cheikh Qamardine, continueront le travail de leur maître. Mais, force est de constater que la tendance n’est plus, depuis la fin des années 80, à des cercles scientifiques qui peuvent durer des dizaines d’années autour d’un maître, comme autrefois. Mon père est par exemple resté auprès de son maître, l’ancien grand mufti, 21 ans – pendant lesquels il s’est formé essentiellement au soufisme et au fiqh. Même les « cuisines de livre » disparaissent et, au fond, avec toutes ces structures, c’est l’islam comorien qui, pourrions-nous dire, s’éteint.

Autrefois, trouver un Comorien qui ne sait pas lire le Coran revenait à chercher une aiguille dans une motte de foin. Aujourd’hui, la norme s’inverse. C’est le prix que payent les Comores à la mondialisation.

Ailleurs, les gens se sont rendus compte que les cercles traditionnels restent une des meilleures façons d’acquérir le savoir religieux. Aux Comores, ils sont considérés comme définitivement surannés. Ailleurs, plus le savant est vieux, plus il est courtisé. Dans cet archipel, les savants âgés sont considérés par certains de leurs « élèves » formés à l’étranger comme des ignares.

Il règne depuis la mort de l’ancien grand mufti une gabegie sans nom dans l’enseignement islamique des Comores, et ce, nonobstant le travail sans relâche de l’actuel grand mufti, l’érudit Said Toihir Bin Ahmad Maulâna, diplômé en shari’a et qanûn, de la prestigieuse université d’al-Azhar, en 1965. Chacun se déclare enseignant, puisque plus personne ne va à la rencontre du savant prétendu avec un livre pour apprendre. Il est par conséquent facile de nous prendre pour des savants, puisque personne n’est en mesure de juger notre savoir.

Si on n’ensigne plus le Minha :j, ce n’est pas seulement parce que de nouveaux rites sont apparus aux Comores, c’est surtout parce que les compétences n’existent plus. L’université des Comores devrait, d’ailleurs, profiter des derniers maîtres du fiqh shafiite, encore en vie, pour qu’ils passent le flambeau.

5) Le nouveau défi de l’islam comorien.

Même si le wahhabisme a contribué sensiblement au changement du visage de l’islam comorien, il serait injuste de lui attribuer tous les torts de cette décadence. D’autant plus que ses tenants ont enseigné de manière considérable, les sciences islamiques. Et ce, que nous soyons d’accord ou non avec eux.

Le vrai problème me semble être les pays dans lesquels vont se former en shari’a les jeunes comoriens. Chacun ramenant les habitudes et les pratiques du pays dans lequel il a fait ses études aux Comores, le pays se trouve sans direction. Entre ceux qui disent ceci dans la prière et ceux qui disent cela, les rixes ne sont pas loin de se taire. Pour un souci de cohésion, l’Etat comorien devrait prendre une décision qui uniformise les orientations selon ses besoins. Et ce n’est pas seulement par une loi, comme celle qui inscrit dans la constitution certains fondements de l’islam comorien, comme le shafiisme. Le pays devrait davantage se pencher sur les orientations des étudiants en théologie, aujourd’hui. Les docteurs en shari’a des universités saoudiennes, égyptiennes, soudanaises, etc. sont nombreux dans le pays. Ils devraient s’aider de leurs maîtres encore en vie pour redonner au savoir islamique comorien ses lettres de noblesse.

L’intrusion nouvelle d’un shiisme militant dans le pays ne va pas arranger une situation déjà très explosive. Les différends qui opposaient jusque-là soufis, majoritaires, et wahhabis, minoritaires, avaient lieu dans le sacro-saint sunnite. Ils n’ont jamais fait de victime, mais au pire des cas ont provoqué quelques pugilats que le pouvoir coutumier réglait plus ou moins rapidement.

Les conflits, cette fois-ci, risquent d’être durs, voire très violents. Des guerres de religion peuvent avoir lieu, si les dispositions nécessaires ne sont pas prises très rapidement, qui garantissent la liberté de culte de chacun, mais interdisent toute forme de dogme militant. Il en va de la stabilité et de l’union de ce pays. Chacun doit y mettre du sien, notamment les religieux, pour prémunir le pays contre une libanisation, plus que probable.

Mohamed Bajrafil
Imam à la mosquée d’Ivry-Sur-Seine
Secrétaire Général Adjoint du Conseil Théologique Musulman de France (CTMF).

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1 commentaire sur L’Islam comorien à l’épreuve de la mondialisation

  1. Je n’ai pas lu toute cette page d’histoire mais a mes yeux les religions sont de l’endoctrinement et ne sont que des sujets qui mènent à la discorde et même à la guerre. J’en est pour preuve qu’on endoctrine les peuples dès la naissance de l’individu. Si l’individu s’intéressait à la religion qu’à sa majorité, beaucoup en feraient abstraction. Seul les faibles feraient appel à elle devant la mort.

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