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L’Union européenne face au casse-tête de son budget

Premier des chefs d'Etat et de gouvernement reçus par le président du Conseil européen, le premier ministre britannique David Cameron s'est montré inflexible, jeudi.

Le marathon pour trouver un accord sur le projet de budget européen pour la période 2014-2020 a commencé dans la douleur, jeudi 22 novembre, à Bruxelles, avec des dirigeants européens peu enclins à compromettre leurs intérêts nationaux au nom d’une Europe qui ne fait plus rêver leurs concitoyens.

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Premier des vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement reçus en tête à tête par le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, avant l’ouverture formelle du sommet, le premier ministre britannique, David Cameron, s’est montré inflexible.

Lire : Le Royaume-Uni exige la réduction drastique du budget de l’Union européenne

« Je ne suis pas content du tout [des propositions sur la table], je vais négocier durement pour obtenir un bon accord pour les contribuables britanniques et européens et je veux conserver le rabais [sur la contribution] britannique », arraché de haute lutte en 1984, a-t-il dit. Une position qualifiée d’« ultimatum » par le président du Parlement européen, Martin Schulz.

M. Cameron s’est toutefois gardé de prononcer le mot « veto », comme il avait menacé de le faire lors du dernier sommet des dirigeants européens, le 19 octobre. Mais il s’est ensuite réuni avec deux de ses alliés, le Suédois Fredrik Reinfeldt et le Néerlandais Mark Rutte, comme lui partisans d’une réduction drastique des dépenses proposées.

« PAS D’ULTIMATUMS MAIS UN BON COMPROMIS »

Compte tenu des contraintes budgétaires des pays membres, Herman Van Rompuy propose de réduire de 75 milliards d’euros l’enveloppe de 1 033 milliards d’euros initialement proposée par la Commission européenne – des réductions qui atteignent même 80 milliards en tenant compte de programmes hors budget.

David Cameron exige des coupes beaucoup plus substantielles – de l’ordre de 150 milliards – pour ramener le montant global à 886 milliards d’euros. Mais des concessions trop importantes envers le Royaume-Uni ne manqueraient pas d’entraîner un raidissement des autres pays, dont la France. « Je ne viens pas poser des ultimatums mais je viens chercher un bon compromis », a déclaré le président François Hollande à son arrivée au Conseil européen. « Aucun pays ne peut venir chercher ce qu’il a versé. Autrement, il n’y a plus d’Europe. »

Français et Allemands pourraient s’accorder sur une réduction du budget pluriannuel d’environ 100 milliards par rapport aux propositions de la Commission et tenter de rallier d’autres Etats membres à cette position, dit-on à Paris.

RÉPARTITION DE L’EFFORT ET BUDGET DE LA PAC

Mais au-delà des coupes budgétaires proposées, c’est aussi la répartition de l’effort qui divise les Européens. Les membres les plus récents de l’Union, comme la Pologne, s’accrochent aux fonds de cohésion – environ un tiers de l’enveloppe globale – qui leur ont permis de se moderniser.

La France, qui leur a apporté son soutien, a de son côté beaucoup à perdre d’une diminution du budget de la politique agricole commune (PAC), qui constitue un autre tiers du budget – et juge inacceptables les réductions envisagées dans ce secteur. Une position proche de celle de l’Italie, dont le premier ministre, Mario Monti, a jugé « essentiel » d’améliorer le projet en ce qui concerne l’agriculture et la cohésion.

Lire : PAC : comment l’agriculture allemande est passée devant la française

D’autres pays, comme l’Allemagne, estiment que le budget européen doit répondre aux défis du moment et estiment que l’agriculture absorbe trop de fonds au détriment, par exemple, de la recherche ou des investissements.

LA GUERRE AUX « RABAIS »

La France, l’Italie et d’autres pays veulent enfin que soient revus à la baisse, outre la ristourne britannique, les « rabais » accordés depuis à l’Allemagne, aux Pays-Bas ou à la Suède et qui augmentent d’autant leurs propres contributions.

Les dirigeants européens se préparent donc à une réunion marathon qui pourrait se prolonger, selon les plus pessimistes, jusqu’à dimanche – voire « si nécessaire jusqu’à lundi » –, a même dit le chancelier autrichien, Werner Faymann. Mais d’autres estiment que le sommet pourrait s’arrêter vendredi si un compromis paraît hors de portée à ce stade.

En cas d’échec, le budget 2013 serait reconduit en 2014, ce qui implique une stabilité, non une réduction. Mais le risque est surtout qu’il entraîne un véritable divorce entre la Grande-Bretagne et l’Europe, dont David Cameron fait planer la menace.

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