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Mali : les islamistes ont pris une localité du centre et veulent avancer vers le Sud

11 janvier 2013

Mali : les islamistes ont pris une localité du centre et veulent avancer vers le Sud

Des islamistes dans le nord du Mali, en août 2012 ©AFP

BAMAKO (AFP) – (AFP)

Les
islamistes armés qui contrôlent le nord du Mali
ont pris jeudi une localité du centre du pays où
des témoins ont vu l’armée « battre en
retraite » après quelques jours de violents
affrontements, poussant le Conseil de sécurité
à se réunir d’urgence pour débattre de la
situation au Mali.

Des témoignages indirects et des informations sur
plusieurs sites de réseaux sociaux font état de
nombreuses victimes dans les affrontements de ces derniers
jours entre l’armée malienne et les islamistes, les
premiers depuis neuf mois.

Aucun bilan n’a pu être obtenu, mais un témoin
joint par l’AFP a dit avoir appris qu’ »un carnage »
avait eu lieu dans la localité de Konna finalement
tombée jeudi aux mains des islamistes, à 70 km de
la ville de Mopti (640 km au nord de Bamako) où est
basé l’état-major régional de l’armée malienne.

« Nous sommes actuellement à Konna pour le
jihad », a annoncé jeudi après-midi à
l’AFP un responsable du groupe armé Ansar Dine, Abdou
Dardar. »Nous contrôlons la cité presque en
totalité.Après, nous allons continuer » à
progresser vers le Sud, a annoncé ce responsable joint
par téléphone depuis Bamako.

Il affirmait parler au nom des trois groupes jihadistes qui
occupent totalement le Nord, Ansar Dine, Al-Qaïda au
Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l’unicité
et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

Sollicité par l’AFP, l’état-major régional de
l’armée n’a pas voulu réagir à ces propos.Mais des témoins joints par l’AFP ont constaté que
l’armée avait abandonné Konna.

« Les islamistes sont entrés à Konna, ce sont
eux qui contrôlent la localité.Les militaires
retournent actuellement vers Sévaré » à 12
km de Mopti, a affirmé un des témoins. »Les
militaires maliens ont battu en retraite en direction de
Sévaré.C’est la débandade totale ici », a
dit un autre témoin. »Les gens sont affolés.Les islamistes ont juré qu’ils vont marcher sur le sud
du pays ».

Selon plusieurs sources militaires, des affrontements à
l’arme lourde avaient eu lieu dans la nuit avant de
reprendre dans la matinée.Une source sécuritaire
régionale avait fait état d’affrontements jeudi
après-midi près de Konna, en disant :
« L’armée cherche à résister ».

Ces
affrontements font croire au « début d’une guerre
qui ne dit pas son nom », a commenté le journaliste
et analyste malien Alexis Kalambry.

« Urgence d’agir »

A New York, le Conseil de sécurité de l’ONU devait
se réunir en urgence jeudi, à huis clos, à
partir de 18H00 locales (23H00 GMT) pour discuter de la
situation au Mali, à la demande de la France, selon une
source diplomatique.

Cette source a affirmé que les islamistes armés
étaient désormais « à 20 km de la ville de
Mopti », ce qu’aucune source n’a pu confirmer à
l’AFP à Bamako.La source diplomatique a également
déclaré que la colonne des jihadistes comptait
près de 1.200 hommes équipés de
véhicules tout-terrain et pourrait décider de
contourner Mopti pour se diriger plus au sud, vers Bamako.

Le déploiement d’une force internationale au Mali pour
chasser les islamistes, approuvé par l’ONU le 20
décembre, est en préparation, mais sans calendrier
précis.En novembre, l’émissaire de l’ONU pour le
Sahel Romano Prodi avait estimé une intervention
impossible avant septembre 2013. »Si l’offensive »
des islamistes se poursuit « encore, je pense qu’il y
aura des décisions extraordinaires du côté de
la communauté internationale », a averti jeudi M.
Prodi, en visite pour quelques heures à Bamako.

Jeudi, la France et l’Union européenne ont
évoqué l’urgence d’agir.

Les derniers événements soulignent « la
nécessité de procéder au déploiement
rapide d’une force africaine au Mali ainsi que de la mission
européenne de formation et de conseil », a
déclaré le ministère français des
Affaires étrangères.

La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a
indiqué que la planification de la mission
européenne de formation de l’armée malienne se
poursuivait « exactement comme prévu », les
événements ne faisant « que renforcer la
pertinence et l’urgence d’agir ».

Parallèlement, l’ONU prône le dialogue avec les
groupes armés se démarquant du terrorisme et de la
partition du pays.Mais des discussions prévues
initialement jeudi entre le gouvernement malien, Ansar Dine
et la rébellion touareg ont été
reportées au 21 janvier, a indiqué à
Ouagadougou la médiation burkinabè.

La Mauritanie, qui exclut de participer à une
intervention internationale au Mali voisin, a
réitéré son souhait d’une
« résolution à l’amiable de tous les conflits
armés » dans ce « pays frère », par la
voix de son Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.

Par ailleurs, des policiers ont été
déployés à Bamako pour éviter des
débordements, alors qu’une marche y était
organisée jeudi, notamment en soutien à
l’armée.Mercredi, de premières manifestations
s’étaient soldées par des violences dans la
capitale et à Kati (près de Bamako), faisant un
blessé.Les écoles ont été fermées
jusqu’à nouvel ordre dans ces deux villes.



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