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Maroc : l’huile d’argan, facteur d’émancipation pour les femmes berbères

13 novembre 2012

Maroc : l’huile d’argan, facteur d’émancipation pour les femmes berbères

Des Marocaines écrasent des noix d’arganier, à Smimmou, dans le nord ouest du pays ©AFP

TIDZI (Maroc) (AFP) – (AFP)

Dans la
campagne pauvre mais fertile du sud-ouest marocain, le
commerce de l’huile d’argan, produit cosmétique
réputé, n’a pas de prix : il constitue une
opportunité unique pour des milliers de femmes
berbères de gagner leur relative indépendance
sociale et financière.

Qualifiée par certains de « produit miracle » ou
encore « de liquide or » -notamment pour sa couleur
miel-, l’huile d’argan n’est exportée que par le Maroc.Si elle ne peut être assimilée à un
médicament du point de vue scientifique, elle fait
fureur en Occident, en aromathérapie, comme soin
anti-âge pour la peau et soin capillaire.

Dans le royaume, la production actuelle d’huile d’argan,
également utilisée comme ingrédient dans la
cuisine marocaine, est estimée à quelque 4.000
tonnes par an.Dans le cadre d’un contrat-programme 2010-20,
les autorités ont pour ambition de la porter à
environ 10.000 tonnes.

Sur les routes vallonnées entre Agadir et Essaouira,
à l’écart des spots de surf réputés, les
arganiers -arbres de petite taille mais touffus- sont
légion et ne peuvent échapper au regard du
voyageur, offrant parfois l’image insolite de troupeaux
perchés sur leurs branches, en quête de nourriture.

Au gré des villages traversés, l’autre constat est
celui du grand nombre de coopératives recensées
-jusqu’à 137 sur l’ensemble de la région-.

Celle d’Ajddigue, à Tidzi, qui compte 60 employées,
est l’une des toutes premières à avoir vu le jour,
en 1996, selon sa responsable, Zahra Knabo.

D’après
elle, la création de la coopérative a
constitué une aubaine pour les femmes berbères,
dans une région où l’analphabétisme atteint
des sommets.

« Dans cette aire rurale, elles étaient vouées
à garder les animaux ou à collecter le bois dans
la forêt.Premières levées, dernières
couchées », fait valoir Mme Knabo.

« Désormais, la plupart de celles qui travaillent
à la coopérative ont de l’argent en poche.Certaines ont intégralement financé l’achat de
leur maison, et ont pu se payer
l’électricité », ajoute-t-elle.

A son ouverture, la coopérative Ajddigue comptait
seulement 16 employées et sa production se limitait
à 200 litres d’huile par mois.Elle atteint
désormais les 1.000 litres, et son chiffre d’affaires
annuel s’élève à quatre millions de dirhams
(environ 360.000 euros).

Réserve de la biosphère

Ses acides gras, ses anti-oxydants, sa vitamine E ont fait de
l’huile d’argan un produit très apprécié en
Europe.Les gros clients sont français et italiens.

A la coopérative voisine de Kaouki, au sud d’Essaouira,
c’est une entreprise britannique qui a signé en 2009.

Mais
même à des milliers de kilomètres de
Bruxelles, la crise européenne est passée par
là : les deux coopératives ont vu la demande de
leurs principaux clients divisée par deux.Avec la
compétition de plus en plus forte, des petits
établissements, comme la coopérative de Tawount,
qui emploie 15 personnes depuis juillet, se battent pour
leur survie.

Malgré la conjoncture délicate, Karima, une des
responsables, reste catégorique sur la
nécessité de ces coopératives.

« Auparavant, les femmes travaillaient à domicile et
remettaient l’huile à leurs maris pour la vente.Désormais, en travaillant ensemble, elles sont en
mesure de récolter elles-mêmes l’argent, d’aider
leurs enfants et leurs familles », explique cette jeune
femme de 28 ans.

Mais l’arrivée sur le marché de personnes peu
scrupuleuses, qui mentent sur la nature et/ou la
qualité des produits met en péril ce secteur
encore jeune, selon les interlocutrices de l’AFP.

« Un grand nombre de fausses coopératives ont vu le
jour.Elles mentent sur leurs activités », avance
Khadija, 21 ans, qui commercialise des produits à
l’huile d’argan au nom de cinq producteurs, dans la
médina d’Essaouira.

« Les autorités doivent cesser de donner des
certificats à ces fausses coopératives.Il y en a
des dizaines dans la région d’Essaouira », dit-elle.

L’argan possède un dernier bienfait, environnemental
celui-là : grâce à sa production d’huile,
l’arganier fait l’objet de programmes de protection, et
même de reforestation.

En 1998, l’Unesco a classé la région comme
réserve de la biosphère, soulignant que l’arbre
jouait un rôle dans la lutte contre la désertification.



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