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Mayotte, le plus grand orphelinat de France

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Côté face de la carte postale, vous découvrez, bien ancrée dans la « France du large » et sous les cocotiers, l’île de Mayotte, la petite dernière des départements français. Un petit paradis, ciel azur, lagon cristallin, des lémuriens qui bouffent des bananes sur l’épaule des touristes, des îlots de sable blanc, l’un des plus grands lagons du monde dans lequel font trempette tortues marines, baleines, dauphins et puis, sur terre, qui se gavent, des fonctionnaires, métropolitains pour la plupart, bénéficiant encore de nombreux avantages issus d’une époque où il fallait rendre le départ de métropole attractif…

Côté pile, c’est le purgatoire : 26 % de chômeurs, une délinquance en perpétuelle augmentation, un seul établissement pénitentiaire… Et le garde-manger des requins qui bouffent régulièrement, au moins dix par mois, les Comoriens venus des autres îles, notamment celle d’Anjouan, entassés à bord de barcasses appelées « kwassa-Kwassa », pour débarquer clandestinement et par centaines sur l’eldorado français mahorais, simplement pour survivre, se soigner, accoucher, manger et travailler au noir, cela va de soi.

C’est aussi le plus grand orphelinat de France. 4 000, peut-être 6 000 mineurs isolés — qui n’ont pas de représentant légal à leurs côtés — sur une population estimée à 186 000 habitants en 2007. 4 000, peut-être 6 000 enfants nés dans les îles de l’archipel des Comores, c’est-à-dire à l’étranger, de parents étrangers ; ou nés à Mayotte, donc nés Français, mais séparés de leurs parents qui ont été expulsés. À l’ombre des cocotiers et de la société de consommation, ces mineurs peu ou pas scolarisés vivent dans la rue, de la débrouille, de chapardages, de la solidarité de familles mahoraises ou comoriennes. Police et justice, de plus en plus confrontés à ces mineurs délinquants récidivistes et sans référent à Mayotte, alertent depuis des lustres Paris et avouent leur impuissance devant cette « d’une bombe à retardement » qui pétera tôt ou tard.

En un peu plus de 40 ans, période où Mayotte s’est séparée des Comores pour rester dans le giron français, près de trente secrétaires d’État ou ministres, de droite comme de gauche, ont visité le paradis mahorais sans trop se préoccuper de ces enfants cachés, ceux de la République. Depuis l’an dernier, la situation semble évoluer. Valérie Trierweiler, en compagnie du candidat Hollande en visite à Mayotte, avait assuré élus locaux et associations de sa volonté de revenir au pire en tant que journaliste, au mieux en première compagne, histoire d’aider ces enfants. À son retour à Paris, elle s’était exprimée sur le sujet à travers le quotidien Libération : « Il y a tant de choses à faire en France et ailleurs. À Mayotte, une dizaine d’instituteurs, des profs, des sages-femmes sont venus me parler de la situation apocalyptique des quelque 6 000 enfants livrés à eux-mêmes. »

Il y a peu, Valérie Trierweiler recevait à l’Elysée le sénateur de Mayotte, Mohamed Thani Solihi, ainsi que le défenseur des droits, Dominique Baudis, qui doit rendre un rapport fin mars sur la question. « On est au bord d’une catastrophe humaine », a-t-il résumé.

L’arrivée cette semaine à Mayotte de la préfète à l’égalité des chances, Yvette Mathieu, chargée par Dominique Baudis d’une mission sur le cas de ces enfants perdus, semble enfin aller dans le bon sens.

Une place au soleil : c’est tout ce que demandent les enfants des rues de Mayotte !

Jacques Tillier, le 29 janvier 2013
Source: bvoltaire.fr
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