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MORONI : Qui arrêtera un jour le désordre ?

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Au commencement ce fut l’installation à la fin des années 70, de gargotes insalubres et crasseuses pour la vente de brochettes et de manioc grillé. Ce phénomène s’est amplifié au fil des ans et s’est aggravé avec la pression démographique consécutive à un exode rural d’une population en quête de moyen de survie.

Vint ensuite l’installation sauvage de conteneurs de 20 pieds abritant des épiceries, voire même aujourd’hui, des magasins de pièces détachées et des restaurants, le plus souvent sur le domaine public ! L’ampleur de l’invasion des conteneurs est telle qu’il n’y a plus le moindre centimètre-carré de ce qui reste du domaine public à Moroni, qui ne soit pas squatté en toute impunité ! Il n’est pas rare aujourd’hui de voir des conteneurs, même de 40 pieds, installés le long de la voie publique. Dans une ville aux multiples administrations et pouvoirs (Union, îles, commune), il est inadmissible qu’un tel phénomène continue à s’amplifier dans l’indifférence totale des différentes autorités, continuant ainsi à détériorer une image déjà peu reluisante de la capitale.

Parmi les maux qui contribuent à cette sauvagisation » de la capitale, il y a également le commerce informel qui a envahi rues et trottoirs, à tel point que les piétons doivent désormais disputer aux automobilistes l’usage de la chaussée. Des automobilistes dont le degré de connaissance et de respect du Code de la route est quasi nul. L’exemple le plus révoltant de ce désordre, est celui du marché de Volo Volo, où les passages réservés aux voitures et aux piétons sont entièrement occupés par les vendeurs ambulants. Il n’y a qu’à observer la situation de la sorite sud du marché (face à la direction de la MaMwe), pour se faire une idée de l’ampleur du désordre. Cerise sur le gâteau, un autre phénomène est venu se greffer aux activités du commerce de rue : Il s’agit des « DJ par terre» (après les librairie par terre ») qui vendent en toute impunité, CD et autres DVD illégalement dupliqués, avec à l’appui, projection de clips sur des téléviseurs installés sur les trottoirs ! Ce qui génère des attroupements de jeunes désœuvrés autour de ces endroits, contribuant ainsi à aggraver la situation d’une circulation routière déjà devenue difficile à cause de l’inadéquation entre le réseau routier et la croissance du parc automobile.

L’occupation de la voie publique par un commerce informel non contrôlé et non réglementé contribue pour beaucoup à l’insalubrité de la ville. Si la collecte des ordures ménagères demeure organisée jusqu’ici depuis un an, ll n’en est pas de même pour les rues et les trottoirs qui sont constamment jonchés de sachets en plastique, restes de cartons et autres cannettes vides. Des ordures qu’on qualifierait de « commerciales » dans la mesure où elles proviennent du commerce de rue.

Moroni est devenu également un repère pour épaves roulants : des véhicules d’un âge difficilement évaluable continuent de rouler sur nos routes, la plus part du temps sans feu de signalisation ni réflecteur arrière, et avec souvent un seul phare. Le plus délirant dans cette histoire c’est que la plus part du temps ces véhicules sont munis d’un document pompeusement nommé « Visite technique » ! Mais ça c’est un autre débat. Ainsi, il n’est pas rare de voir le conducteur d’un véhicule flambant neuf (avec 200 kilomètres au compteur), verbalisé pour défaut de « Visite technique » et de croiser au même moment, un camion sans le moindre feu arrière et avec un demi-pare-brise ! Par ailleurs, dans un pays où la réglementation veut que les véhicules aient le volant à gauche pour une circulation à droite, l’importation et la mise en circulation de véhicules au volant à droite (conçus pour une circulation à gauche), continuent leur bonhomme de chemin depuis que certains ont découvert que ces véhicules sont vendus au rabais à Dubaï. Je n’oublie pas la surcharge dans le transport en commun, qui est devenu la règle aujourd’hui, dans l’inconscience et l’indifférence de tous : Ainsi, un minibus de 15 places (4 rangées de 3 places + 3 places avant) transporte jusqu’à 2à passagers dans le transport interurbain. Les taxi-ville de 5 places transportent eux jusqu’à 8 passagers (3 devant, chauffeur compris et 5 derrière).

Des centaines de carcasses de véhicules et même de camions sont entreposés un peu partout à Moroni et des « garages sous le manguier » sont ouverts sur le bas-côté de la route et également sur les routes non goudronnées de la capitale, occasionnant insalubrité et accidents.

Enfin, la palme du désordre revient à ce nouveau système d’immatriculation de véhicules que nul ne saurait qualifier : Il s’agit de l’immatriculation par coup de bombe ou de pinceau de peinture verte ou bleu, à la place du bon vieux numéro d’immatriculation ! Sans oublier aussi les « sans numéro », ces véhicules, qu’on voit circuler jusqu’à partir à la casse sans que leurs plaques n’aient reçu la moindre vraie immatriculation.
La circulation en sens interdit, le stationnement interdit, les arrêts abusifs et dangereux, l’abus des feux de détresse, les surcharges dans le transport public, bref les infractions au code de la route, sont autant de maux qui rongent la circulation routière dans nos îles en général et à Moroni en particulier.

Le squat du domaine public, outre ses conséquences en matière d’urbanisme et de salubrité publique, les infractions au Code de la route avec comme conséquence la multiplication des accidents et des désagréments, sont également autant un manque à gagner en terme recettes publiques.

Plus les années passent et plus la situation se dégrade avec l’exode massif d’une population rurale à la recherche de moyens de survie. Le développement et l’expansion de l’habitat précaire, le manque d’eau, l’obscurité et l’absence de routes dans certains quartiers à Moroni, témoignent si besoin était que nous sommes loin de voir le bout du tunnel. Ainsi les espoirs d’une prise de conscience des uns et des autres s’amenuisent de jour en jour et nous assistons impuissants à l’avancée du rouleau compresseur de la « sauvagisation » de notre capitale.

Abdallah Zaïn-El-Abidine
Un citoyen désabusé

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