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Négociations budgétaires à Bruxelles : "un spectacle navrant"

Les drapeaux des vingt-sept Etats membres de l'Union européenne flottent devant les bâtiments du Parlement européen, à Strasbourg.

L’échec du sommet des dirigeants européens qui n’ont pas réussi vendredi 23 novembre à définir un projet de budget commun vient ternir une image d’une Europe, certes auréolée d’un prix Nobel de la paix, mais sans vision et toujours engluée dans la crise. Après deux jours de conclave, une multitude de rencontres bilatérales, les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne n’ont pas réussi à surmonter leurs divisions. Ils se sont quittés sans accord sur le budget 2014-2020 et sans l’ombre d’un compromis en vue. La seule promesse engageant les dirigeants européens est de se revoir au début de l’an prochain.

Au sortir du sommet, tous les dirigeants ont tenté de minimiser cet échec. « Ce n’est pas un drame », ont insisté plusieurs responsables dont le président français François Hollande ou la chancelière allemande Angela Merkel. Le vétéran des sommets budgétaires, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a rappelé que jamais un projet de budget pluriannuel n’avait été adopté « à la première tentative ».

DYSFONCTIONNEMENTS EN CHAÎNE

Mais l’échec du sommet, certes prévisible, s’ajoute à d’autres dysfonctionnements qui sèment le doute en Europe. Les dirigeants européens ont échoué pour savoir s’il fallait retrancher ou non du budget quelque 30 milliards d’euros supplémentaires. « Les sommes en jeu sont dérisoires – 0,1 % du PIB communautaire. C’est à un spectacle assez navrant auquel nous avons assisté ces deux derniers jours », a réagi Catherine Trautmann, la chef de file des socialistes français au Parlement européen. « Quelques milliards en plus ou en moins. Quelle discussion ridicule », a dit le chef de file des Libéraux européens, l’ancien premier ministre belge Guy Verhofstadt, fédéraliste convaincu.

En trois ans, c’était la 26e fois que les dirigeants européens se retrouvaient pour un sommet. Les ministres des finances ont tenu quant à eux plus d’une quarantaine de réunions. Et ils doivent se retrouver de nouveau lundi à Bruxelles pour tenter de s’entendre sur le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide à la Grèce, promise depuis juin.

UNE RÉALITÉ « ACCABLANTE »

Dans cet environnement, les citoyens européens, notamment ceux des pays les plus affectés par la crise de la dette, se détournent de l’Europe, ce dont profitent les partis populistes eurosceptiques. En Grande-Bretagne, des ministres du gouvernement de David Cameron souhaitent ouvertement que Londres quitte le navire européen. « L’échec des négociations sur le futur budget à long terme de l’Union européenne est une honte. Je suis déçu parce que cela signifie que nous avons laissé mythomanes et eurosceptiques dominer les négociations », a déploré Joseph Daul, le chef du groupe des eurodéputés conservateurs et démocrates-chrétiens.

Le sommet de jeudi et vendredi a montré la limite de l’esprit de solidarité entre Etats européens. En arrivant à Bruxelles, tous les dirigeants, y compris les plus europhiles à l’instar du premier ministre belge Elio Di Rupo, avaient insisté pour que soient pris en compte leurs intérêts nationaux. « La réalité européenne d’aujourd’hui est accablante. C’est l’égoïsme de tel ou tel Etat qui détermine le destin de l’Europe, pas l’intérêt commun européen, ni celui des citoyens ou des peuples de l’Europe. Si ce sont les intérêts mesquins et l’égoïsme qui l’emportent, nous ne nous en sortirons pas », avaient averti, avant le sommet, M. Verhofstadt et le chef de file des écologistes européens, Daniel Cohn-Bendit.

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