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Non, non, non, Mayotte, ce n’est pas la France !

Depuis plusieurs jours, une situation insurrectionnelle prévaut dans l’île de Mayotte. Les grands médias nous expliquent que la population locale est en colère contre la cherté de la vie. Les produits de consommation courante y seraient beaucoup plus chers qu’en métropole, alors que le pouvoir d’achat des habitants de l’île est bien plus faible. Présenté de cette manière, on ne peut que sympathiser avec les Mahorais en colère.

Une tromperie qui dure depuis 1974

Cependant, tout n’est pas aussi simple  ! Dans cette affaire de Mayotte, les gouvernements français successifs, depuis 1974, ont trompé le peuple qui les a portés au pouvoir.

Ils ont aussi défié la communauté internationale. Pourquoi  ? Pour répondre à cette question, il convient de faire un bref rappel historique.

Il faut, en premier lieu, rappeler une évidence  : Mayotte est une île qui fait partie d’un archipel, l’archipel des Comores, lui-même composé de quatre îles principales  :

  • Grande Comore,
  • Anjouan,
  • Mohéli,
  • Mayotte.

Les habitants de ces quatre îles parlent la même langue, ils ont la même culture, la même religion, la même histoire. Cet archipel a été soumis et occupé par la même puissance coloniale  : la France.

En 1974, les autorités françaises organisèrent aux Comores un référendum sur l’autodétermination. 90% des Comoriens optèrent pour l’indépendance. Le problème aurait donc dû être résolu, de manière définitive, cette année-là  : les Comores auraient dû accéder à l’indépendance nationale, et le nouvel Etat aurait dû être constitué de quatre îles. Or, ce ne fut pas le cas. 

La France contre le droit international

Le gouvernement français argua que, dans l’île de Mayotte, la majorité de la population s’était opposée à l’indépendance. Mayotte, depuis lors, est restée dans le giron français et est devenue l’objet d’un grave contentieux, non seulement avec le nouvel Etat comorien, indépendant depuis 1975, mais aussi avec l’ONU et avec l’Organisation de l’unité africaine, devenue depuis Union africaine.

En effet, l’ONU a établi des règles encadrant le processus de décolonisation. Ces règles s’appliquent à tous les Etats, en particulier aux ex-puissances coloniales au premier rang desquelles figure la France.

Que prévoient ces règles  ? Le point 6 dela déclaration du 14 décembre 1960 sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples colonisés stipule que l’intégrité territoriale des anciennes colonies doit être préservée. Or, dans le cas des Comores, la France a arbitrairement amputé son ex-colonie d’un quart de son territoire.

En Algérie, la majorité de la population avait voté en faveur de l’indépendance. Avait-on, à l’époque, examiné le détail des résultats de ce référendum d’autodétermination  ? Sommes-nous certains qu’à Oran, par exemple, les habitants de cette grande ville, majoritairement de souche européenne, se soient prononcés pour l’indépendance de leur pays ?

Eut-il été envisageable, concevable, admissible, à l’époque, de faire d’Oran une ville française, enclavée dans une Algérie indépendante, à l’instar des villes espagnoles de Ceuta et de Melilla sur la côte méditerranéenne du Maroc  ? Une telle idée eut été immédiatement rejetée par le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), et son rejet aurait reçu le soutien de l’ensemble de la communauté internationale.

En 1974, les nationalistes comoriens n’avaient ni la force ni le poids de leurs collègues algériens, et leur petit pays dépourvu de ressources ne représentait pas, à l’échelle internationale, un enjeu aussi considérable que celui de l’Algérie de 1962.

Pour sa politique comorienne, la France a cependant été régulièrement condamnée par l’Assemblée générale des Nations unies. Depuis 1974, le statut de l’île de Mayotte a évolué. Ce cheminement institutionnel s’est achevé au début de cette année, lorsque le territoire est devenu le 101e département de la République française, et le 5e département d’outre-mer de cette dernière.

Cette départementalisation avait été approuvée par 95,2% des votants, lors d’un référendum organisé dans l’île le 29 mars 2009. On notera cependant que le taux d’abstention, lors de ce scrutin, s’élevait à 41,19%.

La question de l’appartenance de l’île à la France est donc définitivement réglée, diront les démocrates jacobins sourcilleux, partisans d’une République «  une et indivisible  ». Je ne suis pas d’accord avec cette vision des choses. Si l’on devait organiser un référendum, demain, à Haïti, voire en Somalie, sur la départementalisation de ces contrées, on aurait sans doute un résultat semblable à celui de Mayotte.

Pourquoi Mayotte a voté « oui » à la départementalisation

Comment s’étonner que des populations démunies votent «  oui  » massivement, lorsqu’on leur promet que ce choix leur apportera un revenu minimum garanti et une couverture sociale identiques à ceux dont bénéficient les Français  ? Pourquoi le peuple français n’a t-il pas été consulté, au sujet de départementalisation de Mayotte  ? N’eut-il pas été normal de lui demander son avis  ?

Lors des accords sur le nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie, le gouvernement de Michel Rocard avec organisé un référendum national. La majorité des Français qui y avaient participé s’étaient prononcés pour le «  oui  », même si l’on peut légitimement se poser la question de savoir si les habitants de Roubaix ou du plateau de Millevaches étaient réellement conscients de l’enjeu de ce référendum, en 1988.

Pourquoi une procédure similaire n’a-t-elle pas été suivie pour Mayotte  ? La départementalisation de ce territoire insulaire n’a fait l’objet d’aucun débat, en France. Pire, elle est passée complètement inaperçue, les grands médias ne l’ayant que très peu évoquée  !

Il était du devoir du gouvernement français d’informer les Français. Il aurait dû leur dire la vérité, au sujet de Mayotte. Leur avouer que 60% de leurs nouveaux «  compatriotes  » ne parlent pas français et que la polygamie est une pratique courante et acceptée à Mayotte. Qu’en l’an 2000, 35% des hommes et 40% des femmes étaient analphabètes (je doute que ces chiffres aient beaucoup évolué, depuis).

Que la charia a plus de valeur, aux yeux des Mahorais, que les lois de la République. Que jusqu’à la récente départementalisation, seuls les cadis (juges islamiques) rendaient la justice, en matière de statut personnel. Que la superficie de cette île est de 376 km2 contre 4 000 en moyenne pour un département «  normal  ».

Une bombe à retardement

Enfin, le gouvernement français n’aurait-il pas dû prendre conscience que cette départementalisation constituait en fait une véritable bombe à retardement  ? Mayotte n’est située qu’à 30 kilomètres d’Anjouan, la plus proche des trois îles de l’archipel faisant partie de l’Union des Comores. Mayotte représente donc un véritable aimant pour les Comoriens des autres îles.

Ces derniers, citoyens d’un des pays les plus déshérités de la planète, voient dans cette île restée française un véritable havre de bien-être. Une terre où l’on peut trouver du travail (au noir) et éventuellement bénéficier de la couverture sociale et de l’accès aux soins, d’une éducation de qualité, et où la citoyenneté française peut permettre de gagner la France et l’Union européenne qui y sont vus comme de véritables eldorados.

Sait-on qu’avec au moins 60 000 Comoriens, Marseille est aujourd’hui la plus grande ville comorienne, loin devant Moroni, la capitale  ?

Mayotte, une « Lampedusa française »

Cette attraction irrépressible est source de tragédies sans nom. Des milliers de Comoriens, embarqués sur des rafiots de fortune, ont en effet perdu la vie en tentant d’atteindre le rivage mahorais. Parmi eux, un grand nombre de femmes enceintes, désireuses d’accoucher à Mayotte, afin que leur enfant devienne un citoyen français. C’est là que réside la véritable bombe à retardement  : le droit du sol, cher à la Républiquefrançaise, est inapplicable à Mayotte.

L’île compte aujourd’hui 60 000 immigrés clandestins, sur une population totale de 200 000 habitants. 80% des nouveaux-nés, à la maternité de Mamoudzou, le chef-lieu du département nouvellement créé, sont de mères non mahoraises  : Comoriennes, mais aussi Africaines venues de la région des Grands Lacs.

Mayotte, au fil des ans, est donc devenue une véritable «  Lampedusa française ». La différence entre les deux îles est que les Italiens, eux, sont au courant de la situation qui prévaut à Lampedusa, et ils en mesurent les enjeux. Alors que la grande majorité des Français ignorent tout de Mayotte et des risques engendrés par la départementalisation.

Rien n’est irréversible

On affirme que le nouveau statut de Mayotte est irréversible, que l’on ne peut pas revenir en arrière. Je ne suis pas de cet avis. Je reste persuadé qu’il existe une alternative. Un accord de partenariat privilégié pourrait être conclu entre la France et l’Union des Comores. 

Dans ce cadre, Mayotte pourrait trouver une place de choix dans cet Etat fédéral que constituent désormais les Comores, et jouer un rôle clef dans ce partenariat. Mayotte pourrait trouver le chemin d’un développement véritable au sein de son environnement culturel et géographique naturel, au lieu de générer cette économie artificielle qui est en train de se développer dans l’île, véritable cul-de-sac de la France, où 45% des salariés sont employés par l’administration.

Cette solution pourrait ensuite être soumise à référendum, tant en France qu’aux Comores, après une période durant laquelle tous les enjeux auraient été clairement expliqués aux citoyens des deux pays.

Les Mahorais, comme le reste des Comoriens, ont le droit au respect. Quant aux Français, ils ont le droit à la vérité. Le gouvernement actuel, comme tous ceux qui l’ont précédé depuis 1974, n’ont jamais eu la volonté et le courage de la révéler.

Hervé Cheuzeville / rue89


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3 commentaires sur Non, non, non, Mayotte, ce n’est pas la France !

  1. A en croire ts ces cris si Mayotte revient aux comores tous les pbs des crs iles disparaitrons. Ces soit disant élus qui manipulent la population par ce qu’ils ne savent pas comment les sortir du misère revendique Mayotte. Avant de revendiquer Mayotte pourquoi ne pas avoir une santé decente aux comotes et évités ts ces morts ds la mer? Pourquoi ne pas résoudre les pb d’électeicité, d’eau, de mal nutrition, d’éducation et j’en passe….alors svp laissez nous en paix faite en sorte que la vie soit mrilleur chez vous apres…

  2. 40 ans d indépendance le frein en main est rouillé il faut commander la pièce pour le changer comme ça vous pouvez venir à Mayotte volé les pièces d identité pour vous rendre à Marseille et ne plus rentré à moroni car (retour impossible pièces d identité volé donc clando ) ingrats que vous êtes vous avez de la chance que mayotte est à côté vos dictateurs vous enfument depuis 40 ans et ils ramassent l argent qui arrive dans les caisses et vous osez pas manifeste dès que vous parlez de mayotte vous êtes rassasié la famine arrive

  3. Oulalala !
    Cher ami je pense que tu te trompe sur toute la ligne mais il je te félicite les efforts fournis !
    Mayotte ne parle pas grand comorien ni anjouanais ! Et encore le « shimoili » hummmm!
    Moi je parle malgache et des générations en génération avant même que la France prend l’initiative de nous en réunion en État à duré déterminer !
    Autres choses le mahorais accepte que le président soit n’importe qui élu démocratiquement dans la république française bien entendu or je constate que c’est une chose inimaginable au Comores ! Pour la simple raison que rien ne se ressemble entre grand comoriens et anjouanais , …, encore moins mahorais !
    Donc pas d’assemblage possible sauf forcé!
    Cher ami , je te comprend parfaitement et sache que mon esprit musulman m’interdit d’insulter ni grand comorien ni qui que se soit !
    Soyons musulman et pensons à Allah « swt »

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