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Où sont les Comores dans le développement régional des infrastructures?

Dans ma dernière tournée dans les pays de l’Afrique de l’Est je venais d’apprendre que le Kenya, le Sud-Soudan et l’Ethiopie sont dans un processus de mettre en œuvre un plan directeur qui verra la construction d’un port moderne, un oléoduc, une ligne de chemin de fer moderne et une autoroute pour relier les trois pays.

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Les faits et chiffres relatifs à ce projet, nommé «Corridor Lapsset», sont stupéfiants. À la fin, le projet aura coûté 25 milliards de dollars. Cette somme colossale sera pompée pour la construction d’un nouveau port maritime de grande capacité à Lamu, au Kenya, 1.600 km de ligne de chemin de fer moderne du Sud-Soudan à l’Ethiopie en passant par le Kenya, 1.700 km d’autoroute qui traverseront les mêmes pays, une nouvelle pipeline pétrolière et trois aéroports internationaux, probablement deux au Kenya (Lamu et Isiolo) et un aéroport, soit à Juba ou à Abyei au Sud-Soudan. Construire une ligne de chemin de fer ultramoderne de Juba au Sud Soudan à Addis-Abeba en Ethiopie va sûrement transformer la Corne de l’Afrique, stimuler le commerce, le tourisme, les cultures et rajeunir un nouvel élan pour le commerce intra-africain dans cette région.

En ce qui concerne ce grand projet régional, je suis attristé de constater que pendant que d’autres pays discutent de super projets de développements régionaux de leurs infrastructures, nous Comoriens, en particulier nos dirigeants, sommes occupés à voler l’argent des contribuables, détourner quotidiennement, parler de tournante du pouvoir dans les îles, limite de mandat… autrement, de ‘’cheap politics’’ (politique banale). Alors que le Kenya, le Sud Soudan et l’Ethiopie discutent et cherchent les voix et les moyens de trouver les 25 milliards de dollars pour leur projet, nos dirigeants politiques s’égorgent les uns contre les autres.

Pendant que les présidents du Kenya, de l’Ethiopie, et du Sud Soudan réfléchissent sur la façon de partager équitablement les avantages nets du projet ‘’Corridor Lapsset’’, nous sommes occupés à ne penser qu’aux voies et moyens de bloquer ou non Mr Sambi, de celui qui doit être le prochain ministre, et du ministre qui doit être dans la ligne de mire … Ce ne sera pas surprenant qu’un pays comme le Sud-Soudan, qui vient juste de sortir de trois décennies de guerre, et qui vient d’accéder à l’indépendance dépasse les Comores en matière de développement. Actuellement, le Sud-Soudan que j’ai visité est l’un des pays du monde le plus moins développé, avec aucun infrastructure.

C’est peut-être ce qui explique leur faim et soif d’opportunités qui puissent leur mettre sur la route d’un vrai développement. Ca ne doit également pas être une surprise que le Kenya et l’Ethiopie, en tant que membres du ‘’Corridor Lapsset’’, se battent pour libérer la Somalie afin que la Somalie devienne partie intégrante de ce projet. Je ne pense pas que les intérêts du Kenya et de l’Ethiopie dans la guerre en Somalie soient seulement pour la paix régionale. Non. Il est question d’avoir un territoire élargi pour la poursuite d’un développement réel régionale dans la communauté des pays de l’Afrique de l’Est.

La ‘’politique des piétons’’ nous vole la chance de bénéficier de projets régionaux. Nos conversations et débats devraient s’orienter d’avantage sur le vrai développement au détriment des attaques destinées à ‘abattre’ les autres. Supposons que notre pays faisait partie de ce projet et qu’il est vrai que du pétrole soit découvert dans nos eaux maritime. Il y aurait alors de la chance que nous construisions une raffinerie de pétrole moderne pour desservir toute la région, compte tenu de notre statut de pays producteur de pétrole. La beauté de la chose, c’est que le gouvernement Comorien n’assumerait pas entièrement les coûts de construction de la raffinerie.

Au contraire, chaque pays impliqué dans le projet du Corridor Lapsset contribuerait à la raffinerie. Maintenant que le Kenya vient de découvrir du pétrole, il bénéficiera d’un financement conjoint pour construire une raffinerie moderne. Quand je pense à l’humiliation que le pays a subit à la cérémonie d’ouverture des jeux de l’Océan Indien je me demande quel intérêt de continuer à être dans cette famille ! N’est-il pas temps de penser à nos amis de la Communauté des Pays de l’Afrique de l’Est avec qui nous partageons la même culture et qui ont toujours été là quand on a besoin?

En tant que pays, nous devons nous positionner stratégiquement pour tirer parti des avantages collectifs des ressources au niveau régional si l’on veut réaliser l’objectif d’assurer un pays de classe moyen, moderne et prospère et industrialisés (on peut se permettre de rêver). Je sais que le Kenya a une vision similaire, baptisé «Vision 2020», avec un secrétariat. Le Rwanda en a aussi. Qu’est-ce que nous avons? Pedestrian politics and cheap politics (la politique des piétons et la politique banale). Au moment où nous auront finis avec notre politique des piétons et nos intrigues, il sera trop tard…

Adinani Toahert Ahamada

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