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« Pas besoin d’être banquier pour comprendre qu’avec des flux salariaux de plus de 2,5 milliards de Fc par mois… »

Discours du Chef de l’Etat à l’occasion de la cérémonie d’inauguration du nouveau bâtiment de la Banque Centrale des Comores

C’est pour moi un plaisir de me retrouver aujourd’hui parmi vous pour cette cérémonie d’inauguration organisée par la Banque centrale des Comores mais c’est surtout une bonne opportunité qui m’est offerte, de m’adresser aux banques et aux institutions financières ici présentes, pour faire appel à leur accompagnement, dans notre volonté et notre ambition, de faire des Comores un pays émergent à l’horizon 2030.
C’est également une belle occasion de vous rappeler, qu’Il y a dix ans de cela, le paysage bancaire comorien était composé d’une seule banque commerciale et d’une banque de développement.
Je me réjouis de constater qu’aujourd’hui, nous comptabilisons une dizaine de banques, d’établissements financiers et de micro-finances, dont les demandes d’agrément ont été initiées durant la période de mon premier mandat comme Président de l’Union des Comores. Je fais allusion à l’Exim Bank, à la BFC, à la SNPSF à l’Union des Mecks, et aux Sanduks.
L’arrivée de ces nouvelles banques a profondément bouleversé le système bancaire comorien.
La première action que nous avons entreprise dans le secteur bancaire dès 2004, a été de transformer la Société Nationale des Postes et Télécommunications (SNPT) en deux sociétés : Une banque postale (SNPSF) et une société de Télécommunications (Comores Télécom).
La deuxième action a été d’ouvrir le secteur à d’autres banques pour un double objectif : jouer la concurrence et accroitre les crédits à l’économie. Ce fut alors l’entrée dans le paysage bancaire de l’Exim, de la BFC et des Institutions Financières Décentralisées (IFD) telles que les Mecks, les Sanducks.
Ces actions ont permis non seulement de bancariser aujourd’hui plus de 15.000 agents de l’Etat dont la plupart n’avait pas de comptes bancaires, mais aussi de mettre fin au paiement manuel et, par conséquent, aux multiples risques liés à ce mode de paiement.
Avec la SNPSF, le deuxième objectif recherché était de faire de la banque postale une institution financière capable de collecter de l’épargne à travers la canalisation des salaires des fonctionnaires et l’attraction des fonds de la diaspora comorienne.
On peut dire que le pari de la collecte de l’épargne est gagné, car aujourd’hui, la SNPSF est devenu la deuxième Banque comorienne en termes de dépôts avec 21% de l’ensemble des dépôts derrière l’Union des Mecks qui totalise 24% des dépôts.
Jusqu’en 2006, la SNPSF était en bonne santé, elle enregistrait des résultats positifs, avec des activités qui étaient en pleine croissance.
Malheureusement, vous ne savez plus que quiconque, la situation de la SNPSF s’est empirée au fil de ces dix dernières années à cause d’une mauvaise gestion et des pratiques contraires aux principes d’une gestion rationnelle. La situation s’est dégradée d’année en année à la SNPSF et inutile de citer de donner plus de précisions, étant donné que nous sommes à la Banque Centrale et que vous savez plus que quiconque cette situation.
Dès 2016, la priorité de mon Gouvernement était de sauver la SNPSF. J’ai écarté la proposition de fermer cette société, qui pour nous constitue non seulement un patrimoine national mais aussi une banque pleine d’avenir si elle est bien gérée. Pas besoin d’être banquier ou économiste pour comprendre qu’avec des flux salariaux de plus de 2,5 milliards de Fc par mois, qui sont en constante croissance, une gestion bancaire efficace suffirait pour que la SNPSF redevienne une des premières banques de la place.
Aujourd’hui, sous l’impulsion de mon gouvernement, une nouvelle direction est en place et a entrepris des réformes importantes. Des mesures fortes ont été prises par l’Etat, actionnaire unique, comme la recapitalisation en trois ans. La recherche d’un partenaire est en cours.
Je me réjouis de constater aujourd’hui que grâce à cette politique d’ouverture du secteur bancaire que nous avons mis en place depuis 2004, le crédit à l’économie a été multiplié par 8, passant de 10 milliards de Fc en 2005 à 80 milliards aujourd’hui.
Il est vrai que certaines banques éprouvent aujourd’hui des difficultés, notamment en matière de gouvernance, d’actionnariat, et de respect de la loi bancaire. Des situations qui n’ont probablement pas échappé à l’autorité régulatrice dans le passé, mais qui n’ont pas pu être résolues à temps.
Je salue les actions récentes menées par le nouveau gouverneur de la BCC pour apporter des solutions à certaines de ces difficultés rencontrées par certaines banques.
Monsieur le Gouverneur,
La BCC doit jouer pleinement son rôle de superviseur pour éviter que les situations difficiles vécues dans le passé par certaines banques ne se reproduisent plus, car un meilleur suivi de ces banques aurait permis d’éviter l’aggravation de certains faits.
Je suis conscient que vous avez hérité d’un système bancaire assez particulier où chacune des banques connait ses propres difficultés, mais je vous fais confiance, pour pouvoir surmonter ces problèmes. Vous devrez tout faire pour que les banques deviennent des institutions très solides capables de répondre au besoin de développement économique et social du pays.
Le paysage bancaire n’est pas que négatif, je voudrais donner une mention particulière à la première banque des Comores en termes de dépôts et de crédits qui est l’Union des Mecks, que je vous demande d’applaudir.
Lorsque nous avons eu l’idée en 2004 de créer les Mecks et les Sanduks, nous avions à l’idée à l’époque de créer des instruments de petits crédits au bénéfice des plus démunis, qui ne disposaient pas de garanties bancaires suffisantes pour pouvoir s’adresser à des grandes banques.
Grande fut ma belle surprise que notre bébé d’il y a dix ans est devenu aujourd’hui la première Banque des Comores en termes de dépôts et de crédit.
Par ailleurs, j’ai pris l’engagement de mettre le pays sur la voie de l’émergence d’ici 2030. Cela voudra dire, que l’ensemble des institutions publiques et privées doivent se mettre à l’œuvre pour répondre à cette vision qui concerne non seulement toutes les institutions mais toute la population entière. Au premier rang desquelles la BCC, et l’ensemble des Banques qui doivent servir de levier en matière de politique monétaire, donc de politique de crédit pour le développement économique et social.
Le système bancaire sous l’impulsion de la Banque Centrale doit être au rendez-vous de 2030 et nous n’avons pas droit à l’erreur.
La Banque Centrale doit tourner une nouvelle page en devenant plus active dans son rôle de conseil pour le développement économique des Comores.
La Banque centrale qui est un établissement public comorien a un rôle important dans la définition de la politique monétaire et de la stabilité financière du pays, certes, tout en ayant à l’idée que l’objectif final recherché est une croissance économique forte et durable.
Inspirons-nous de l’exemple de ce pays voisin qui m’a toujours frappé à l’esprit, ce pays avec qui nous partageons les mêmes atouts naturels mais qui, avec ses 100 000 habitants présente aujourd’hui des résultats très encourageants en matière de développement et de croissance économique, impulsé par le crédit au secteur privé accordé par leur système bancaire.
Monsieur le Gouverneur,
Je saisis l’opportunité de la présence parmi nous, du Vice-gouverneur de la BEAC et du Secrétaire Général de la BCEAO, pour exhorter et encourager la BCC à intensifier ses relations avec ces deux institutions sœurs, à s’inspirer de leurs expertises et de leurs expériences et de les répliquer aux Comores car notre appartenance à la zone franc hier et nos liens avec la zone Euro aujourd’hui, constituent un bouclier de stabilité pour notre économie et notre population. C’est une opportunité qu’il faut capitaliser et auquel, personnellement, je crois fermement.
J’exhorte alors les membres du Conseil d’Administration de la BCC ici présents, à faire preuve du plus grand respect du choix et de la volonté des peuples français et comoriens pour leurs nouveaux dirigeants.
Je voudrais leur rappeler, que les Administrations sont là pour guider les politiques dans leurs orientations, bien entendu dans le strict respect des Lois et des règlements en vigueur.
Je me réjouis que la Banque Centrale, ses dirigeants et ses personnels puissent désormais disposer de ce nouveau bâtiment qui, en plus de sa grande capacité, de ses salles de conférence, de formation, de réunion, de documentation et d’information, offre un cadre de travail et de recherche moderne au pays, aux étudiants et aux professeurs d’université, comme en témoigne ce musée que nous visiterons tout à l’heure.
Toutefois, j’ose espérerqu’à propos de ce que j’ai lui dans la presse ces derniers jours, concernant cette institution, toute la lumière sera faite et toutes les responsabilités seront clairement dégagées, aussi bien pour la BCC elle-même que de son Conseil d’Administration.
En effet, tout doit être fait pour que la BCC reste cette institution de référence, car respectée et respectueuse de la Loi et des intérêts du pays. C’est à ces conditions que nous pourrons, ensemble, faire de la BCC, un cadre de confiance, au service du financement de l’économie nationale, en vue de créer un environnement favorable à un meilleur financement de cette économie et permettre au pays de poursuivre avec optimisme, son ambition de s’inscrire parmi les pays émergent du continent africain, à l’horizon 2030.
Je reste persuadé qu’avec avec le nouveau Gouverneur de la Banque Centrale des Comores, choisi pour sa compétence et son expérience, ses collaborateurs et l’ensemble des cadres et des personnels de cette institution, nous réussirons à écrire une nouvelle belle page de l’histoire de cette institution.
Je vous remercie.

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