En ce moment

Pays à revenus intermédiaires avec un extrême état de pauvreté de la population

La dernière classification de la banque mondiale indique que notre pays est devenu un pays à revenus intermédiaires de la tranche inférieure. Le pays à revenus intermédiaires signifie que le Pib annuel par habitant est fixé selon un seuil convenu par la banque mondiale.
Les habitants de ces pays ont un niveau de vie plus élevé que les pays à faibles revenus, ils ont accès sans problème à plus de biens et de services mais beaucoup d’entre eux ne peuvent toujours pas subvenir à leurs besoins essentiels.
La classification de la banque mondiale est faite sur la base du revenu national brut par habitant et elle est actualisée pour prendre en considération des facteurs qui influent sur le Pib à savoir la croissance du revenu mais aussi l’inflation et l’évolution démographique.
Les déterminants de la croissance ne sont pas les mêmes selon que le pays est capable ou non de définir une stratégie de croissance inclusive notamment d’adopter certaines réformes économiques et structurelles et répondre aux besoins de la population.

En l’état, il n’est pas encore possible de connaître les éléments objectifs d’analyse qui ont déterminé la classification des Comores comme pays à revenus intermédiaires car l’absence de stratégie en faveur des acteurs et opérateurs de l’économie comorienne ne peut entraîner une croissance de l’économie comorienne au point d’amener la banque mondiale à revoir à la hausse le classement des Comores. Les déterminants de la croissance à savoir la démographie, les revenus … échappent au contrôle du gouvernement.
Le classement de la banque mondiale n’a rien à voir d’une politique de performance économique du pays. S’agissant du cas des Comores, seule une croissance inclusive est susceptible de générer des revenus à la population faisant de celle-ci un acteur déterminant de la croissance. Le Ridja invite le gouvernement bien qu’illégitime du colonel Azali Assoumani à observer la plus grande prudence et à ne pas faire une confiance excessive à ce classement.
L’agenda des autorités comoriennes est consacré à la croissance économique alors que le principal objectif devrait être d’éradiquer la pauvreté. La croissance non inclusive sans réelle réduction de la pauvreté et des inégalités ne peut déboucher sur des données fiables. Cette politique ne peut donc avoir la moindre influence sur le classement de la banque mondiale. Car, comme le souligne cette institution de Britten Wood dans son rapport sur les Comores, l’indice de développement humain qui était de 0,497 en 2015 n’a pas évolué mais au contraire, il a chuté, plaçant notre pays à la 132eme sur 177 pays.

Ce rapport indique par ailleurs que plus de 70% de la population comorienne vit dans la pauvreté. La banque mondiale précise « qu’une grande partie de la population vit de la culture vivrière et qu’il n’existe pas d’autres secteurs porteurs aux Comores, la pêche et l’agriculture demeurant des activités de substance. Le pays n’est pas autosuffisant pour son alimentation ». L’augmentation arbitraire – sans concertation avec le secteur privé et les opérateurs économiques- des diverses taxes notamment des taxes douanières a entraîné la hausse des prix des produits alimentaires de sorte que le salaire d’un fonctionnaire titulaire d’un Master 2 d’un montant de 160 $ , celui d’un titulaire de licence d’un montant de 120 $ , celui d’un chauffeur ou taximan d’un montant de 110 $ et celui d’un gendarme ou policier de base d’un montant de 110 $ n’arrive même pas à couvrir les dépenses courantes et mensuelles. Aujourd’hui, les dépenses mensuelles sont lourdes à supporter à commencer par un loyer mensuel de 33 $ pour une pièce en bois sous une habitation en tôle, 52 $ pour une pièce sous une maison en dur, 4,50 $ pour un kilo de viande, le même prix pour le poisson et le double pour le bon poisson, 0,70 $ le kilo du riz, sans oublier des soins médicaux et scolaires excessifs… Il faut souligner en plus que seuls ceux qui ont la chance de travailler peuvent se permettre de parler de dépenses difficiles à assumer. En effet, sur la population active estimée à 278 500 en 2016, seule une population estimée à 35 % travaillent dans le formel et 30% dans l’informel. Bien que les habitants disposent des moyens provenant de la diaspora qui « subvient de façon importante à la survie de la population (source Banque mondiale). Les ruptures de stock des produits alimentaires et pétroliers sont récurrentes. Ils sont dus au manque de fonds du gouvernement pour les carburants et un manque de fonds de prévoyance pour les importations privées. Les investissements privés industriels sont quasiment inexistants et le commerce est consacré exclusivement à l’importation ».

Dans ce contexte de pauvreté extrême et inquiétante, la plus grande prudence est recommandée et la vigilance des partenaires au développement doit être renforcée en ce sens que la situation d’extrême précarité et d’exclusion sociale affectent plus de 70 % de la population comorienne. La dégradation du climat politique consécutive au coup d’État électoral du 24 Mars dernier, la répression constante contre les voix discordantes, l’absence de justice, l’arbitraire, les tortures et le déficit de démocratie, tous érigés en système de gouvernance ne sont pas de nature à améliorer l’environnement des affaires.
La banque mondiale, le fonds monétaire international, l’union européenne et les autres partenaires au développement des Comores doivent contraindre le pouvoir en place à définir une feuille de route axée sur la lutte contre la pauvreté. Le peu de ressources constituées de dons, de diverses taxes douanières et de transferts de la diaspora, ne doivent pas être affectées exclusivement au paiement des gros salaires et autres voyages injustifiés et indécents du président et de ses ministres. Elles doivent être utilisées pour atteindre une croissance inclusive et être un levier pour lutter contre la pauvreté.

Me Said LARIFOU,
Président du Ridja

Comoresinfos est un média qui a vu le jour en avril 2012 et qui depuis lors, prône l'indépendance éditoriale. Notre ferme croyance en l'information de qualité, libre de toute influence, reste un pilier essentiel pour soutenir le fonctionnement démocratique.

1 commentaire sur Pays à revenus intermédiaires avec un extrême état de pauvreté de la population

Répondre à Rimou Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


error: Content is protected !!