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Pharmacies : la loi piétinée 

Nul n’est censé  ignorer la loi. Pourtant, ni le Ministère de la Santé, ni spécifiquement le service de l’inspection, ni l’ordre des pharmaciens ne suit le code de la santé dans le domaine de l’établissement des pharmacies.
Cela fait pratiquement un an depuis que l’ordre des pharmaciens est fonctionnel. Sa mission principale est de veiller à l’application du code de la santé.  Mais à ce jours c’est la loi de la jungle. Des pharmacies sont ouvertes et fonctionnent sans aucune autorisation venant de l’ordre. Des dépôts pharmacies, pourtant interdits par le code  de la santé  publique sont ouverts au vu de tous.  Des personnes non qualifiées ou non habilitées suivant le code de la santé publique ouvrent des pharmacies au vu et au su de tous. Des pharmaciens qui font partie de l’ordre les fournissent en médicaments. 
L’Ordre des Pharmaciens, entre accusation et malaise
«  Tout est politisé au ministère et particulièrement  au service  de  l’inspection. Ils n’arrivent pas à comprendre que nous, Ordre des pharmaciens, ne prenons pas parti. Nous voulons juste faire notre travail » déclare le Secrétaire Général de l’Ordre des Pharmaciens le Docteur Barwan : « lorsque nous sommes confrontés à des irrégularités, notre devoir est de porter l’affaire  à l’inspection. Et c’est à eux de réagir . Quand nous le faisons, l’inspection reste passive. ».
Selon le Secrétaire général,   l’Ordre des pharmaciens est dépourvu de pouvoir d’action et de moyens : « en réalité tout ce que nous pouvons faire est de soumettre un avis à l’inspection. Après, elle peut prendre la décision de le suivre ou pas. Et  quand nous donnons un avis  non favorable à l’ouverture d’une pharmacie car ne répondant pas aux critères, nous subissons des pressions de part et d’autres”. Les propos du Dr Said Omar membre du syndicat des pharmaciens, confirment ceux de son secrétaire général. 
Un cas qui illustre bien cette situation  est la pharmacie du Docteur Abdoulkarim, ancien Ministre de l’Education, Ministre des Affaires Étrangères du Président Ikililou, située dans  l’immeuble Ridjali voisin de la police nationale, en face du Palais de justice.  L’Ordre des pharmaciens affirme ne pas avoir “donné d’autorisation d’ouverture » car « le dossier était incomplet ».

Nous avons constaté dans le cadre de notre enquête, que le dossier est toujours incomplet.   En effet l’ancien Ministre n’a présenté à l’ordre que son Diplôme de pharmacien et une attestation de transfert. Or la loi est claire. Aucun transfert ou délocalisation de pharmacie, n’est autorisé par la loi. Lorsqu’une pharmacie veut déménager, c’est un nouveau  dossier de « création » qui doit être présenté à l’ordre, pour l’octroi d’une attestation d’ouverture.
Malgré la dénonciation du laisser-aller de l’inspection de la santé par l’Ordre des pharmaciens,  cette dernière vit  dans une totale  hypocrisie. A  regarder de très près, le respect de la réglementation passe après l’augmentation du chiffre d’affaires. C’est une guerre, c’est  une course aux profits, peu importe les moyens quitte à  bafouer le règlement et le Code de la Santé. Des membres de l’ordre ouvrent illégalement des dépôts pharmacies et  d’autres jouent au grossistes en fournissant les dépôts.  
Seule la CAMUC disposait  du droit de distribuer des médicaments. On constate que l’actionnaire majoritaire de la pharmacie Oasis est le propriétaire du dépôt  pharmacie de Mdé Bambao, établissement illégal,  et de plus, géré par un doctorant. La pharmacie Oasis fournit le dépôt en médicaments. Pourtant le docteur en pharmacie qui la  gère fait partie de l’ordre des pharmaciens. 
Inspection générale de la santé ou dédoublement de la personnalité
L’inspection générale de la santé, est le gardien de l’ordre de la santé publique. Sa principale responsabilité  est de veiller à l’application de la loi c’est à  dire du  code de la santé. 

Pour l’inspecteur en chef, Halidi,  “le code de la santé n’est pas appliqué en l’état parce qu’il est en cours  d’amendement”. Or, selon les juristes le processus de révision d’une loi ne suspend pas son application. Dans l’entretien que nous avons eu, le docteur Halidi avoue  qu’effectivement, le docteur Abdoulkarim n’a pas d’autorisation d’ouverture,  « je lui ’ai demandé plusieurs fois de compléter son dossier en vain ». En attendant, la pharmacie du  Docteur Abdelkarim est ouverte sans autorisation.

l’Inspection générale doit donner la preuve de sa volonté et sa détermination à faire respecter la loi.
Trouble de la perception
Nos nombreuses tentatives pour avoir un entretien avec la ministre de la santé ont été vaines. Les questions sont :  est-elle au courant de la situation et des dérapages de son département ? Est –elle informée des plaintes de l’Ordre des pharmaciens ? De source sérieuse, oui, elle serait au courant. Une réunion avec l’Ordre des pharmaciens a déjà eu lieu, et tous les problèmes qu’il rencontre au niveau de l’inspection lui ont été révélés. Qu’est ce qui l’empêche d’agir? 
Hayatte ABDOU/Hayba fm

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