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Plus de 2000 kg de cannabis saisi par l’antidrogue en 3 ans

Deux jours après la saisie de 119 kg de cannabis et l’interpellation d’un notable propriétaire du colis, au vu des chiffres transmis par la brigade antidrogue de la police nationale, le phénomène est loin d’être un cas isolé. En l’espace de 3 ans cette brigade sous équipée aurait comptabilisé plus de 2000 kg de cannabis dans le seul port de Moroni d’une valeur douanière de 200 millions de francs comoriens. Un record absolu !

Les trafiquants de drogue rivalisent d’intelligence et ne se lésinent pas sur les moyens pour tromper la vigilance de la police antidrogue. Toutes les astuces sont bonnes pour faire passer leur marchandise illicite. Ils dissimulent la drogue soit dans des noix de cocos, dans des chips, dans des bidons d’huile, dans des congélateurs et même dans des portes.

Depuis 1985 que l’officier Mchami Msaidié, chef opérationnel au port de Moroni, officie dans cette brigade, il en a vu beaucoup. Pour lui, la grosse saisie date de 2006 quand ils ont découvert 185 kg de cannabis dissimulés dans des bidons d’huile qui correspondent à une valeur douanière de 185 millions de nos francs.

Mais ce qui inquiète beaucoup cet officier, non seulement les moyens quasi inexistant de cette brigade, mais c’est le pouvoir grandissant de ces narcotrafiquants. Pour lui partout dans le monde, ces hommes et femmes ont des solides relations dans les différentes administrations. Leurs ramifications s’étalent jusqu’à la plus haute sphère du pouvoir. A l’entendre, notre pays ne peut pas faire exception à la règle.

Les faibles moyens dont disposent cette brigade (trois agents seulement au port de Moroni, sans local), l’expose au pouvoir de l’argent des narcotrafiquants. « On m’avait proposé un jour 2 millions de francs comoriens pour laisser passer 81,700 kg de cannabis », a-t-il révélé. C’est la plus grosse affaires dans laquelle un trafiquant a tenté de le soudoyer. Mais en 26 ans de travail, il en essuie des milliers de tentatives, et dit rester toujours droit dans ses bottes, le secret de sa « longévité dans ce poste », a-t-il soutenu.

Que faire faces aux différentes astuces des narcotrafiquants, au moment où cette brigade n’a ni des chiens renifleurs, ni d’appareil en imagerie radioscopique, ni des détecteurs ? Dans ce cas de figure, c’est la sollicitation de la baraka du jour, laissent penser nos interlocuteurs.

Nourdine, adjoint de l’officier Mchami, dit se fier le plus souvent à leur intuition, mais la plupart du temps, ils sont informés par des complices. « Souvent, il suffit d’une incompréhension et l’un trompe l’autre en voulant garder seul le marché et le déçu vient nous informer », fait connaitre l’officier Mchami. Et d’illustrer ses propos par un exemple tout à fait récent.

Celui de la personne appréhendée avec le 119 kg, une histoire selon lui d’escroquerie entre l’homme en question et une femme africaine. Cette dernière lui avait confié des cabris pour les vendre, mais l’homme n’a pas versé l’argent et la dame s’est senti trahie, elle l’a dénoncé alors à la police. Mais jusqu’à quant ces courageux policiers continueront à travailler à mains nues en se fiant à la baraka du jour ? Au vu de ces grosses saisies opérées, les Comores risquent de devenir une plaque tournante de ce trafic de drogue entre l’Afrique de l’Est, Madagascar et l’Ile Maurice.

Maoulida Mbaé

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