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Polémique après la publication d’une conversation entre l’ex-épouse de Dutroux et le père de l’une de ses victimes

Jean-Denis Lejeune, père d'une victime de Marc Dutroux (ici en mai 2004 avec la mère de Julie).

Un quotidien régional belge, Sud Presse, est la cible de vives critiques, en Belgique. Il a publié des extraits de l’entretien que Jean-Denis Lejeune, le père de la petite Julie, l’une des premières victimes du tueur Marc Dutroux, a eu, vendredi 16 novembre, avec Michelle Martin, l’ex-femme et complice de ce dernier.

Lire : Rencontre entre le père de Julie et Michelle Martin

Michelle Martin avait été condamnée, en 2005, à 30 années de détention. Elle a bénéficié récemment d’une libération conditionnelle et avait proposé, dans une lettre, une rencontre confidentielle à M. Lejeune. Ce dernier l’avait acceptée, dans l’espoir, d’obtenir de nouvelles précisions sur la mort de son enfant.

Quelque 57 minutes de cette conversation – qui a duré près de 3 heures 45 au total – ont été écoutées clandestinement par une journaliste suite à une prétendue erreur de l’un des deux médiateurs présents autour de la table. L’un d’eux a évoqué samedi « un problème technique » : son smartphone, tombé par terre, et qu’il n’aurait pas voulu ramasser pour ne pas troubler la rencontre, aurait rappelé automatiquement le dernier numéro entrant de cet appareil. A savoir, celui d’une journaliste de Sud Presse, laquelle a décroché son poste fixe et écouté les échanges.

Cette journaliste se serait manifestée à diverses reprises auprès des différentes parties durant la journée, parfois agressivement selon l’une d’elles. Le médiateur, membre de l’association de Namur Médiantes, soutient qu’il ne lui aurait fait aucune déclaration.

L'ex-épouse de Marc Dutroux, Michelle Martin, le 8 juin 2004.

La version avancée laisse sceptique, voire pantois. Elle ne semble, cependant, pas impossible au plan technique. Peut-être n’est-elle, dès lors, que la dernière d’une très longue série de bévues qui ont, depuis 17 ans et les premières disparitions d’enfants, émaillé l’affaire Dutroux.

A différentes erreurs commises par des enquêteurs de la gendarmerie se sont longtemps ajoutées l’incurie de magistrats et l’absence de véritable préoccupation pour les enfants disparus. On avait cru à une amélioration après l’arrestation de Marc Dutroux en 1996 mais, en avril 1998, le détenu en principe le plus surveillé du royaume parvenait à s’échapper du palais de justice d’Arlon. Une cavale qui n’allait durer que quelques heures mais qui entraîna deux démissions ministérielles.

Samedi matin, M. Lejeune n’a pas fait de commentaires et a simplement déploré les fuites. Son avocat, MeGeorges-Henri Beauthier, ainsi que celui de Michelle Martin, MeThierry Moreau, ont quant à eux annoncé une plainte pénale et ont, en parallèle, saisi la commission de déontologie de l’Association des journalistes professionnels (AJP). Cette dernière aurait convaincu Sud Presse de ne pas publier d’autres extraits lundi.

Pôle régional du groupe Rossel – propriétaire entre autres du Soir de Bruxelles et de La Voix du Nord, à Lille – Sud Presse se caractérise depuis quelques temps par une politique rédactionnelle très agressive.

Dimanche, ses journalistes affirmaient avoir fait « juste notre devoir tout en respectant ce qui est notre première mission : informer le lecteur ». Ils disent également avoir délaissé des passages de l’entretien,  » pour respecter les victimes et leur famille « . Et ils assurent ne pas avoir enregistré les propos qu’ils entendaient.

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