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Pourquoi Mamadou sera élu président

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Mohamed Ali Soilihi (Mamadou) a redoublé ses chances d’être élu président des Comores au sortir du second tour le dimanche 10 avril, devançant Mouigni Baraka et Azali Assoumani. 

Détesté par certains, adulé par d’autres, Mohamed Ali Soilihi, ancien vice-président d’Ikililou Dhoinine, est plus que jamais en passe de l’emporter. Depuis un mois, Mamadou, impavide devant ses détracteurs, recommence la stratégie qui lui avait réussi à se placer en tête devant une vingtaine de candidats au premier tour (17,61%), multipliant discours et visites face à des publics élargis et impeccablement ciblés, avec la quasi-certitude qu’il pourra l’emporter au second tour.

Sa campagne, menée tambour battant, est largement au-dessus de celle de l’ex-gouverneur de Ngazidja, Mouigni Baraka Said Soilihi, un candidat redoutable au vu de sa montée en puissance ces derniers temps. Il est arrivé deuxième avec 15,09%.

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Mamadou a brillamment su réunir la Mouvence présidentielle (contrairement à d’autres formations divisées, dont Juwa) de manière à encourager les candidats les mieux lotis au premier tour à rejoindre le parti du pouvoir, à l’exception de Fahmi, 4ème avec 14,45%. Celui-ci a laissé Sambi lui choisir Azali, le troisième candidat (14,95%).

Des hautes personnalités politiques issues de Mbadjini, la plus grande région de l’île de Nagazidja, ont apporté leur appuie à Mamadou, facilitant une campagne électorale bien maîtrisée.

Il s’agit, entre autres, du candidat au gouvernorat, Hamada Moussa Aby, de Said Larifou (Ridja, 6,12%), d’Abdou Soeuf (Radhi) et plus récemment de Ibrahim Mhoumadi Sidi (Juaw). De ces hommes politiques aguerris, s’ajoute l’ancien président de l’Assemblée nationale, Bourhane Hamidou de Hambou (5,77%).

Mamadou peut fortement compter sur l’apport de sa propre région (Hamahamet) et sur celle de son colistier, Houmed Msaidie (Mitsamiouli-Mboudé). Deux régions acquises à la cause du candidat de l’UPDC. Le ralliement de Djanfar Mansoib (ancien de Juwa et natif de Mitsamiouli) vient consolider cette dynamique en marche.

Par ailleurs, l’île d’Anjouan lui semble promise après la dispertion des électeurs de Juwa, déçus par la position du « chef ». Là-bas, Mamadou joue collectif. Avec Anissi Chamsidine, le gouverneur sortant, et Nourdine Bourhane, son vice-président, Mamadou est, peu ou prou, quasi-certain de l’emporter.

Propulsé par une jeunesse déterminée à opérer un changement, Mamadou a sillonné ces dernières semaines toutes les régions d’Anjouan, s’appuyant sur l’expérience d’Ahmed Ben Said Jaanfar, l’ancien ministre de Sambi. Le coup de maître vient delà.

A Mohéli, Mamadou compte sur la première dame, elle-même candidate au poste de gouverneur, et sur l’ancien directeur de Comores Télécom, Abiamri, son vice-président.

Cependant, le candidat du pouvoir n’est pas le seul prétendant aux élections présidentielles. Il doit se méfier de Mouigni Baraka Said Soilihi qui, lui, a su mobiliser la crème de la notabilité, la plus grande force vive de la société comorienne. Il a bénéficié du soutien de certains candidats éliminés au premier tour et cherche à récupérer des électeurs de Juwa.

L’outsider de cette élection n’est autre que Azali Assoumani, l’ancien président de la République. Ce dernier, hué par un peuple meurtri lors de la passation de pouvoir avec Sambi, son successeur. Celui-ci avait alors déclaré que son prédécesseur avait vidé les caisses de l’État et mis en prison des ministres d’Azali.
Mais celà n’a pas empêché Sambi d’apporter son soutien à Azali, le putschiste du 30 avril 1999. Une décision qui a sonné comme une trahison chez des nombreux électeurs de Juwa.  

Mamadou pourrait aussi profité de la faible crédibilité des promesses non tenues de Sambi pour rafler la mise. D’autant que l’action d’Azali pendant son mandat (2002 à 2006) a déçu.

Les Comoriens réservent un rejet massif aux deux anciens présidents réunis. Ils s’amusent à penser que l’on peut se baigner deux fois dans le même rivière de vie. Chacun a détruit à petit feu une nation, jusque-là prospère, à commencer par les négociations au sujet de Mayotte au profit de la France. Conséquences : l’humiliation aux derniers jeux des îles de l’Océan indien sur l’île de la Réunion.

Le choix sur Mamadou se justifie par le dégoût de deux président décevants au termes de leurs mandats redpectifs. Aussitôt Mamadou au pouvoir, nous lui rappelleront les engagements pris devant le peuple. Mais pour le moment, mobilisons-nous d’abord le dimanche 10 avril.

Abdoul Youssouf

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