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POURQUOI MOHAMED BACAR NE DOIT PAS PAYER SEUL LES CONSÉQUENCES DU SÉPARATISME

Il y a des moments dans l’Histoire, où la conscience collective doit savoir pardonner pour la paix et la sécurité. Le mouvement séparatiste qui a obligé les Comores à reculer depuis 20 ans ne saurait en aucune manière revenir à la responsabilité du dernier président de l’Ile d’Anjouan. Plusieurs raisons plaident en ce sens. Tout d’abord, il n’était pas à l’origine du mouvement séparatiste. Le premier président auto-proclamé s ‘appelle Fundi Ibrahim d’Abdallah, le second s’appelle Chamasse, le 3è s’appelle Abeid et enfin Mohamed Bacar. Comment donc comprendre que les trois premiers sont libres, mais que le quatrième serait le seul méchant ?COMORES-ANJOUAN-FRANCE-REUNION-DIPLOMACY

En examinant de très près, les résultats électoraux des primaires anjouanaises, les deux candidats défendant du fond de leur cœur l’unité nationale, Nassuf Ahmed Abdallah et Chamanga n’ont recueilli au total moins de 7% des suffrages. Preuve s’il en est que le mal est plus profond qu’on ne veut nous faire croire.

Alors que reproche-t-on à Mohamed Bacar ? Il a refusé d’obéir au doigt et à l’œil, des maîtres de Beit Salam. Pourtant, si l’on examine l’article 16 de l’accord de Fomboni, il est dit sur le chapitre de la transition : « 16. Les structures en place dans les îles continueront d’exercer leurs fonctions jusqu’à la mise en place des nouvelles institutions ; » et l’article de la constitution de 2001 dit ceci : « Article 2 : Une loi organique détermine les îles où siègent les institutions de l’Union. »

Si les délégués de Ngazidja et de l’opposition n’étaient pas à la hauteur des enjeux, a-t-on le droit de reprocher aux Autorités Anjouanaises d’exiger la mise en place de toutes les institutions notamment le vote de la loi organique sur la capitale et les sièges des institutions ? Je ne crois pas.

La résistance de Mohamed Bacar vis-à-vis du pouvoir de l’Union était en droit justifié ; Surtout que les appétits d’Azali de vider le sens de l’article 9 en s’accaparant des domaines dits partagés, n’étaient pas faits pour rassurer les Autorités Anjouanaises, à rentrer dans les rangs. Elbak, président de Ngazidja n’a-t-il pas défilé avec le peuple jusqu’aux portes de Beit Salam, pour réclamer le respect de la constitution ?
Pourtant, l’article 9 de la constitution de 2001, ne souffrait d’aucune ambiguïté :
« Article 9 : Relèvent de la compétence exclusive de l’Union les matières suivantes : Religion, Nationalité, Monnaie, Relations extérieures, Défense extérieure, Symboles nationaux. Une loi organique détermine en tant que de besoin les conditions d’application et les modalités de mise en œuvre des compétences exclusives. Dans les matières de la compétence partagée de l’Union et des îles, les îles ont le pouvoir d’agir aussi longtemps et pour autant que l’Union ne fasse pas usage de son droit d’agir. L’Union n’intervient que si elle peut le faire plus efficacement que les îles parce que :
a) le règlement d’une question par une île pourrait affecter les intérêts des autres îles ;
b) une question ne peut pas être réglée par une île isolément ;
c) la sauvegarde de l’unité juridique, économique et sociale de l’Union l’exige. En ce cas, les îles disposent, selon les matières, du pouvoir de prendre les mesures nécessaires à l’exécution des principes fondamentaux et des règles définies par l’Union ou à la réalisation des objectifs arrêtés par l’Union.
Une loi organique détermine, en tant que de besoin, les matières relevant de la compétence partagée de l’Union et des îles et les modalités de son exercice. Relèvent de la compétence exclusive des îles : les matières ne relevant pas de la compétence exclusive de l’Union ou de la compétence partagée des îles et de l’Union. »

Cet article qui ne souffre d’aucune ambiguïté, a été à l’origine des hostilités avec Mohamed Bacar, Président de l’île autonome d’Anjouan ; Il a veillé aux intérêts de son île, dans le respect de la constitution même si cela devait déplaire à certains. Tant que la loi organique, prévue par l’article 2 de la constitution, n’était pas votée, alors, l’ensemble des institutions prévues par l’accord, n’était pas en place. A mon humble avis, Tant que les textes du droit ne sont pas appliqués tels qu’écrits, mais tels que chacun voit midi à sa porte, le pays continuera à sombrer et nous serons toujours derrière des solutions imaginaires.

On peut me reprocher d’être à la fois pour l’acte héroïque du Général Salimou sur la libération d’Anjouan, et soutenir la position qui fut celle de Mohamed Bacar ! Dans les deux cas, je soutiens le droit. Un militaire ne réfléchit pas, il obéit. Il met tout son savoir faire pour que dans l’obéissance, le succès soit garanti. C’est ce que le Général Salimou a fait lorsque le gouvernement lui a demandé de rétablir ses prérogatives régaliennes sur l’île. S’agissant de Mohamed Bacar , il n’a pas agit par hostilité au pays, mais par peur de voir l’Union dépouiller les îles de leurs compétences. L’histoire lui a donné malheureusement raison. Elbak comme Abdoulwahab, n’ont jamais eu leurs prérogatives. Actuellement, le ministère des finances enlève aux îles leurs droits élémentaires de leur autonomie.

Au jour d’aujourd’hui, dans une période de réconciliation nationale, il n’y a aucune condition qui lui interdit de rentrer vivre librement chez lui comme les trois premiers dirigeants dont j’ai cité plus haut, si ce n’est encore une fois que l’arbitraire. Si un jour, des autorités prennent l’initiative de faire un bilan à l’image d’Afrique du Sud « vérité et réconciliation » en vue de fermer cette page, alors personne ne doit en être épargner. Et il est temps de mettre fin à cette situation et j’appelle toutes les bonnes volontés pour travailler dans ce sens.

Que les Comoriens à tous les échelons apprennent à réfléchir avant d’apposer leur signature, au lieu de vouloir plaire et signer n’importe quoi pour s’apercevoir qu’ils sont en tort sans l’accepter. J’invite les autorités comoriennes à laisser rentrer Mohamed Bacar et si il y a un bilan à lui demander, que ce bilan soit demandé à tous ceux qui nous ont dirigés durant cette période noire.

Mohamed Chanfiou

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