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Présidentielle 2016 : Itinéraire d’un Mayotte 2.0

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Reculer pour mieux sauter. Une manière de faire pleine de bon sens car elle permet à chacun d’entre nous de faire un flash-back, examiner les causes et en tirer les conséquences.  Pour les comoriens il n’en est rien ! Il a toujours était question de regarder tout s’écrouler autours de nous, faire juste le constat les bras croisés, observer les conséquences et les dégâts qu’on aurait pu éviter et par la fin avoir que nos yeux pour pleurer.

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Reculons alors ! Avant d’accéder à son « indépendance », les Comores ont subi ce que chaque pays colonisé a subi : le mépris. Le mépris de ceux qui vous font croire que vous êtes dans le bon chemin, celui de  l’évolution alors que vous tournez en rond. Tout ça à coup d’avortement des têtes émergentes, étouffer  la moindre lueur de tête pensante avant qu’elle n’ait eu le temps d’éclore. Et il a fallu compter sur le courage de certains résistants pour mener la fronde et accoucher de cette indépendance. Au nom de la liberté et surtout de la fierté, celle de pouvoir prendre à tort ou à raison nos propres décisions qui nous permettent d’avancer de s’émanciper. Ah l’émancipation ! Bref,  le tableau est planté. Mais il n’aura échappé à personne qu’on n’y a pas laissé que des plumes. Il nous a couté des années de coup d’états, de dictature, de régressions mais pas que. Nous avons surtout laissé une partie de notre chair, une partie de notre âme, 17% de notre territoire, 25% des nôtres.

A qui la faute ?! Ça dépend sur quoi se base-t-on. Si on s’aligne sur le droit et que là-dessus, c’est évidement l’une des plus grandes injustices qu’aura été victime notre pays. Cependant cessons rien qu’un instant de penser en victime et de nous poser (chidaho : en famille) une  ou deux questions : Pour quelle raison ne nous ont-ils pas suivi ? Pourquoi les mahorais ont préféré rester français ?  Si on était simpliste, taquins  et prenions des raccourcis on pourrait dire que Mayotte a vendu son âme au diable pour une vie meilleure, sacrifier un peu de liberté pour mieux vivre. Comment leurs en vouloir d’autant plus que si on compte les milliers de morts dans la traversé Anjouan-Mayotte on se pose des questions. Pour autant le refus de Mayotte à suivre les siens n’a pas été seulement économique, il était aussi question de liberté. La liberté des « mamies chatouilleuses » à vivre comme elles le souhaiteraient, celle de pratiquer la religion qu’ils voudraient mais aussi et surtout celle de se voir marginaliser dans un système politique fortement dominé par la Grande Comores. ‘Kayiri ya kafa la oudji woussa’ comme on dit chez nous car quitte à se faire dominer, autant choisir par qui on veut que ça le soit. Mmm !!  Un peu masochistes ces maorais.

Cependant les mêmes causes produisant les mêmes effets, la crise indépendantiste de 1997 était venue, comme pour une piqure de rappel, nous mettre en garde contre la marginalisation de certains d’entre nous par nous même pour des intérêts aussi personnels que nombrilistes. Nous rappeler à coup d’embargo qu’on a plus besoin de la communauté internationale qu’elle n’a besoin de nous n’en déplaise à quiconque. Il en va donc de l’intérêt de chacun d’entre nous de veiller à la stabilité du pays et cela passe par le respect de chacun de nos compatriotes peu importe son île d’origine car le constat est simple. Le manque évident de patriotisme des comoriens sera compensé que par la force qu’on mettra à montrer à un anjouanais qu’il est l’égal d’un mohélien mais aussi d’un grand comorien et c’est exactement ce qu’a accouché de la constitution actuelle. Comment expliquer qu’il a fallu 36 ans pour voir un enfant de Mohéli accéder à la fonction suprême de l’état ? Parce que c’est la plus petite des iles ? Je vous inviterais donc à méditer sur ceci : « Si vous avez l’impression que vous êtes trop petit pour pouvoir changer quelque chose, essayez donc de dormir avec un moustique… et vous verrez lequel des deux empêche l’autre de dormir.” Le Dalaï Lama

Ce n’est donc en aucun cas une lecture insulaire de la constitution que de penser (à raison) que parler d’une présidence tournante entre les îles signifie que le moment venu, c’est un enfant de celle-ci qui doit se hisser à la tête de l’Etat et surtout quand on sait que c’est exactement pour ça qu’elle a été rédigée. Aimer son pays c’est peser le pour du contre,  penser dans l’intérêt commun et en responsable privilégier la solution de la stabilité. Remuez cette constitution et vous ferez de l’une de nos trois îles un Mayotte 2.0. Quand on voit les esprits tordus essayer de la tourner en leur avantage, on se doute bien d’où est ce qu’ils veulent en venir mais  personne n’est dupe et on leur dit niet !. Les comoriens  ont retenu la leçon et ne veulent plus être pris en otage juste parce que certains sont tellement assoiffés de pouvoir qu’ils ne peuvent pas patienter et attendre qu’ils soient éligibles. Cette fois ci personne ne quittera le navire quand il commencera à couler. Aucune asile ni aucune porte de sortie ne sera ouverte à ceux qui auront semé le désordre. Ils seront jugés à la hauteur de tous leurs crimes pour enfin avoir un exemple à montrer aux prochains qui seraient tentés.

LAGUERA Mohamed Elamine

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