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Présidentielles comoriennes / Faut-il exclure l’hypothèse d’une tournante maoraise ?

Le plaidoyer du Front démocratique (FD), en faveur d’une présidence maoraise en 2016, pose un acte symbolique qui ne peut être balayé d’un revers de main.

Porté par Youssouf Moussa, le seul Mahorais à revendiquer publiquement en terre maoraise, la souveraineté des Comores sur la 4e île de l’archipel sous administration française, le projet d’une présidence maoraise de l’Union des Comores en 2016, n’a suscité ni enthousiasme, ni contestation. S’il est logique qu’un tel scénario soit perçu à Dzaoudzi comme un non événement, il est étrange qu’il n’ait pas suscité plus de réactions à Moroni. Doit-on décrypter de ce silence, un aveu d’impuissance ou le signe de la fin des utopies ?

L’élite politique et l’opinion comorienne ne peuvent pourtant pas faire l’impasse d’une telle déclaration publique pour au moins deux raisons. La première tient au parti qui a porté officiellement ce projet. Malgré sa faiblesse sur l’échiquier maorais, le Front démocratique demeure la seule formation politique comorienne à revendiquer de l’intérieur l’appartenance de Maore à l’ensemble comorien, s’opposant ainsi sans concession à la présence française sur cette île.

La deuxième raison concerne la personne de Youssouf Moussa. L’inflexible indépendantiste se fait le porte-parole d’une expression maoraise, certes ultra minoritaire, mais non moins réelle. Car bien qu’elle soit peu perceptible dans la cohue, la nécessité d’une interaction entre Maore et les îles sœurs ou « voisines » selon le positionnement adopté, est une question de survie de l’ensemble de l’archipel. Si au regard de Paris, la revendication comorienne sur Maore « n’est plus négociable » (F. Hollande), vu du Rocher, il est suicidaire de ne pas trouver une solution à ce différend. Le débat porte sur la nature de cette interaction entre les tenants d’une coopération régionale entre une entité française et un Etat indépendant limité à trois îles et les partisans d’une implication dans un ensemble politique comorien.

Akim Ali Saïd a été le premier à se jeter à l’eau en annonçant depuis plus d’un an, son intention de se lancer dans la course à la présidentielle de l’Union des Comores en 2016. Une sortie publique surprenante, mais que le journaliste de France-Télévision assume et réitère à plusieurs reprises, affirmant à qui veut le croire qu’il s’y prépare en conséquence. D’autres voix, prudentes ou discrètes, laissent entendre qu’elles guettent le moment opportun pour sortir du maquis. En se faisant le porte-voix de cette expression bien que minoritaire dans l’île, au cours d’une récente conférence de presse à Moroni, le Front démocratique pose un acte symbolique et inscrit d’emblée, la tournante maoraise dans le débat des futures présidentielles.

Pour l’heure, les acteurs comoriens se refugient dans le silence, évitant sans doute de ne pas se positionner sur ce casse-tête maorais qui, tel un boomerang, revient épisodiquement sur la scène politique, sans qu’aucun régime ne parvienne à en dessiner une perspective de règlement, autre que celle du rapport des forces imposé par la France depuis 1975.

Ce serait donc une grave erreur politique de penser balayer d’un revers de main cette proposition, ne serait-ce que parce qu’elle pose en de termes nouveaux, une approche de ce vieux différend sur Mayotte dont les conséquences sont néfastes aussi bien pour les Comores indépendantes que pour Maore. A ce face-à-face avec la France au nom d’un droit international auquel se foutent royalement l’ONU, l’UA et la plupart de nos partenaires bilatéraux qui ont leurs propres problèmes domestiques, se pose la possibilité d’un pacte à conclure entre les Comoriens eux-mêmes. Pourquoi ne serait-il pas alors envisageable qu’après le M’gazidja, le M’dzuwani et le M’mwali, ce soit le tour du M’maore, de prendre la destinée de l’Union des Comores à laquelle, il faut le rappeler, Maore en fait constitutionnellement partie.
Outre le fait que le refus de poser ce débat offenserait et affaiblirait le dernier carré interne à Maore des défenseurs de l’unité comorienne, écarter arbitrairement l’hypothèse d’une présidentielle éviterait au pays, l’occasion d’un débat salutaire sur l’Esprit de la constitution issue des accords de Fomboni de 2001. Un débat de fond qui , pour une fois, interrogerait le sens même de la nation, à savoir la volonté exprimée par nos frères mahorais, de devenir des acteurs de leur pays, les Comores.

N’est-ce pas une opportunité bienvenue de faire le bilan de 15 années d’expérimentation de la nouvelle architecture institutionnelle, tirer les enseignements politiques, économiques, sociaux et corriger les dysfonctionnements constatés. Un tel débat ne serait-il pas plus fructueux que les querelles stériles actuelles entre le pouvoir et l’opposition, qui ne font qu’alimenter les divisions et maintenir le pays dans le désastre ?
Les rares réactions sur ce sujet sont des avis personnels rapidement exprimés dans les réseaux sociaux. S’ils ne sont pas significatifs d’une opinion partagée, ces commentaires révèlent néanmoins une tendance déjà observée depuis l’annonce de la première candidature maoraise, celle de Akim Ali Said.

Dans l’ensemble, ces réactions brandissent l’étendard du texte de la loi (l’article IX). Rien de condamnable en soi. Ce légalisme est néanmoins étriqué dans la mesure où il écarte la possibilité d’un débat politique en gravant dans le marbre, le Texte au détriment de l’Esprit qui est le fondement de la reforme de la loi.
C’est comme si, après les événements de 1997 qui menaçaient le pays d’éclatement, on se refusait à envisager la reforme de la Constitution pour défendre l’unité du pays. L’esprit de 2001 doit être rappelé, comme étant la quête d’un modèle institutionnel préservant l’unité du pays dans le cadre d’une large autonomie des îles, et visant la réconciliation des Comoriens autour de la stabilité et du développement. Les tenants de ce légalisme étriqué traînent un autre défaut, celui du leurre qu’un jour à venir, les Maorais décideraient par eux-mêmes et collectivement de sortir du giron français.

Le 6 juillet 2105, les Comores vont célébrer les 40 ans de l’indépendance. Le bilan de quatre décennies est un échec pour la défense de la souveraineté territoriale, l’affirmation de l’unité politique et la réussite du développement économique et social. De ce piètre résultat, il n’est pas naïf de soutenir que la proposition du FD d’une présidentielle maoraise en 2016, offre l’occasion d’une réflexion de tous les Comoriens des quatre îles, autour de la seule question qui vaille aujourd’hui : quel pays nous voulons laisser aux générations futures ?
Kamal’Eddine Saindou/LGDC

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2 commentaires sur Présidentielles comoriennes / Faut-il exclure l’hypothèse d’une tournante maoraise ?

  1. Ou se trouve le blocage de la justice comorienne?
    C’est sans doute la corruption.
    Il faudra un chef d’Etat comme le régreté ALI SOILIHI pour résoudre ce problème de Justice en déracinant une fois pour toute la corruption .Bien entendu,il y a de hauts et de bas.

  2. LE NOUVEAU PATRON DE LA JUSTICE.

    La création d’un conseil supérieur de la magistrature ne règlera pas les déboires de la justice comorienne. Alors, quel est le rôle de cette institution? Ce dernier a deux rôles:

    D’abord, elle assiste le président da la république en tant que garant de l’indépendance de la justice et son dualisme s’il y en a. Il faut dire que plusieurs pays disposent deux types de juridictions.
    En d’autres termes, une juridiction judiciaire et juridiction administratif, c’est le cas de certains pays européens comme la France.

    Ensuite, elle gère les carrières des magistrats et lors de certaines nominations des magistrats, du siège comme du parquet, le président doit demander l’avis de ce conseil. Cette institution ne dispose pas un contre pouvoir.

    En revanche, pour mieux cerner les vrais problèmes de la justice comorienne, il est utile de se pencher vers d’une part la formation des magistrats, et d’autre part celle des enquêteurs de la police judiciaire.

    D’abord, pour les magistrats, les comoriens doutent de leur capacité à rendre justice d’une façon impartiale.

    Cette incapacité s’explique par deux choses:

    Premièrement, leur formation n’est pas à la hauteur de la réalité d’aujourd’hui. Il faut souligner que le monde est interconnecté et que la mondialisation a généré aussi certains crimes. Par conséquent, nos magistrats n’ont pas pu suivre l’évolution de la population.

    Deuxièmement, nos législateurs sont loin d’être des juristes. Normalement, ils sont censés à nous produire les lois car elles relèvent du législateur. Si nous avons du mal à accoucher des vraies lois, c’est parce les députés sont de piètres qualités.
    Bref, nous avons des élus qui sont dans une situation intellectuellement critiquable et des juges qui sont discutables par leur formation.

    Par ailleurs, beaucoup parlent et se refugient dans la corruption pour accuser le chef de l’état. Or, le système tout entier est à mettre en cause. Bien sûr, indéniablement le chef de l’état garant de la justice a une part de responsabilité concernant la gabegie judiciaire aux Comores. Toutefois, les juges ont une lourde responsabilité dans leurs décisions. Si les juges continuent à exercer leur fonction alors que, leurs jugements ne s’appliquent pas pour une raison simple, le chef de l’état ou le chef de l’état major a intervenu pour libérer un criminel ou un délinquant, il est à notre responsabilité de démissionner. Mais tant que vous continuer à exercer dans cette justice à deux vitesses, alors vous consentez car qui dit rien consent.

    Donc, il est temps de dire la vérité aux comoriens, puisque leur justice n’a pas les hommes et les femmes compétents pour faire le travail.

    Si la justice comorienne est une catastrophe c’est aussi la faute des enquêteurs qui sont lamentables.

    Certains se demandent qui sont les enquêteurs de la police judiciaire? Ont-ils l’intelligence de mener des enquêtes?

    Le niveau des enquêteurs ne correspondent pas aux enjeux du XXIe siècle.

    D’abord, leur formation est totalement obsolète et qu’il est urgent d’agir car, plus cette situation perdure plus la corruption se gangrènera.

    Si la corruption existe c’est parce que ces hommes et ces femmes ne font pas le poids. Ce manque de décernement est une source de corruption.

    Donc, ce n’est pas en changement la tête de la justice que le problème sera résolu. Il s’agit de pencher sur l’ensemble du système qui entoure la justice comorienne et non pas une partie du puzzle. Imani

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