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Presse / Saminya Bounou écartée de la rédaction en chef d’Alwatwan

SBounou

« Madame Saminya Bounou est suspendue de ses fonctions de rédactrice en chef du journal Alwatwan pour faute lourde, manquement à ses obligations et désaccord avec la hiérarchie ».

Même lieu, même formule, le directeur du journal Alwatwan sévit encore. Et renvoie Saminya Bounou sans aucune forme de procès. Parce que Madame la rédactrice en chef a toujours refusé de se soumettre aux desiderata d’un directeur qui se croit obligé de censurer les journalistes et s’opposer à ceux d’entre eux qui ne sont pas dans la ligne gouvernementale. Comme lui.

La phrase, lapidaire et bien rodée chez son auteur, est assez connue. Elle a déjà servi contre le journaliste Ahmed Ali Amir par le passé. Bien rangée dans les archives de la mémoire de M. Soimadou, il l’a sortie aujourd’hui pour sévir contre sa rédactrice en chef, en mode ‘‘copier-coller’’.

Quand il avait suspendu Ahmed Ali Amir, Aboubacar Mchangama avait diffusé l’information en ces termes : « c’est par cette petite phrase de la taille de son auteur… ». La formule n’avait pas eu l’air de lui plaire. Il était fâché, rouge. Je ne la reprends donc pas ici, craignant d’éveiller la colère du patron du canard.

« La rédaction d’Alwatwan qui dispose du droit d’élire le rédacteur en chef s’élève contre cette décision qui viole expressément le règlement intérieur du journal », lit-on dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, hier en fin d’après-midi par les journalistes qui ont annoncé « 72 heures d’arrêt de travail ».

La décision, entrée en « vigueur à partir de sa date de signature », a laissé la rédaction sans voix car sans chef. Le directeur d’Alwatwan, désemparé, a informé les journalistes qu’il assure aussi les fonctions de rédacteur en chef. Il nous rappelle des temps anciens et ailleurs où le ministre de l’information était le directeur de publication de ces genres de journaux.

Soulignons que dans une note dite d’observation du 19 mai dernier, M. Soimadou avait averti qu’il allait sévir. Il avait reproché à ‘‘ses journalistes’’ de n’avoir pas défendu la position du gouvernement en soutenant un ministre qui avait juste fait le service minimum et qui fut très peu à la hauteur pour répondre aux journalistes lors d’une conférence de presse.

Commentaire

Les raisons du limogeage de Saminya Bounou sont à chercher ailleurs. Pas dans un compte-rendu d’une conférence de presse d’un ministre. Toujours dans le journalisme de papa, le directeur ne voit pas évoluer les choses et le monde. Il croit encore que ce qui se passe aux Comores ne saurait être connu qu’à travers Alwatwan. Pour lui, il suffirait qu’il dise la bonne parole pour que le web s’enflamme en faveur du régime. Je sais, pour finir, ce que certains voudront voir en cet article. Mais je les laisse penser ainsi, dans leur stupidité. Je suis journaliste. Saminya l’est. C’est une consœur. Me battre avec elle contre les prédateurs de la liberté de la presse est une obligation pour tout journaliste. Pour tout individu épris de liberté. Et donc pour moi. C’est tout.

 

LGDC

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