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Procès du meurtre d’un Ivoirien : entre esprit de corps et méthodes choquantes

30 novembre 2012

Procès du meurtre d’un Ivoirien : entre esprit de corps et méthodes choquantes

Me Fabien Ndoumou, avocat de la famille de Firmin Mahé, devant la cour d’assises au palais de justice à Paris, le 27 novembre 2012 ©AFP

PARIS (AFP) – (AFP)

Certains
militaires trouvent injuste que leurs anciens collègues
soient sur le banc des accusés, d’autres viennent se
dire à la barre choqués par ce qu’ils ont fait.L’armée se serre les coudes ou se juge au procès
du meurtre de l’Ivoirien Firmin Mahé.

Vendredi, deux témoins se sont toisés au
procès devant la cour d’assises de Paris des quatre
anciens membres de la force Licorne en Côte d’Ivoire
poursuivis pour le meurtre en mai 2005 de Firmin Mahé,
qu’ils considéraient comme un criminel, un « coupeur
de route ».

D’un côté, Laurent Peyroux, 32 ans, chef de
patrouille au 4e régiment de chasseurs de Gap.De
l’autre, Jonathan Mouche, 31 ans, sergent-chef dans le 13e
bataillon de chasseurs alpins de Chambéry.

A l’époque des faits, le premier appartenait au Peloton
de reconnaissance et d’intervention antichar (PRIAC)
commandé par l’adjudant-chef Guy Raugel et basé
dans la « zone de confiance », entre le nord rebelle
et le sud loyaliste de la Côte d’Ivoire.

Le 2e appartenait à une Section de recherches (SR)
chargée elle aussi de recueillir du renseignement dans
le secteur.

Des quatre accusés, Guy Raugel est celui qui a reconnu
avoir étouffé Firmin Mahé avec un sac
plastique alors qu’il était transporté dans un
blindé léger entre la localité de Bangolo et
la ville de Man.Il avait agi sur ordre du colonel Eric Burgaud.

L’adjudant-chef Raugel est « le meilleur chef que j’aie
jamais eu », a déclaré le soldat Peyroux.Et
des chefs « j’en ai eu un paquet ».

Les accusés « n’ont rien à faire ici, j’aurais
pu être à leur place, n’importe qui dans le
peloton aurait fait la même chose », a-t-il
poursuivi, rappelant que la bande de Mahé terrorisait
les populations.

Au matin du 13 mai 2005, Laurent Peyroux faisait partie de
la patrouille qui avait localisé Mahé au bord
d’une route.Le suspect s’était enfui, bien que
blessé à une jambe par un tir français.

Sur place, il avait trouvé un pistolet « dans la
brousse, tout près du lieu de l’interpellation »,
a-t-il raconté.Selon lui, Mahé s’en était débarrassé.

« Des gens lui ont marché dessus »

« Dans l’après-midi, le blessé était
retrouvé par une patrouille de la section de
recherches.Le sergent Mouche était là et a mis en
doute la version des hommes de l’adjudant-chef Raugel, dont
les méthodes de « cow-boy » étaient connues,
a-t-il affirmé.

Il a suggéré que l’arme ait pu être
placée là pour légitimer les tirs du matin
sur Mahé, en dehors de toute légitime
défense.Il a émis des doutes sur l’identité
de l’homme arrêté.Il a déploré des
violences dont Mahé a été victime lorsqu’il a
été amené au cantonnement du PRIAC.

« Des gens lui ont marché dessus…il a reçu
des coups, beaucoup d’entre nous étions
choqués », a-t-il dit.

Concernant la mort de Mahé, il a « du mal à
digérer cette chose-là ». »Je ne pensais
pas que l’armée française puisse faire des choses
comme ça », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il
s’était immédiatement ouvert de son trouble au
colonel Burgaud.

Le sergent a aussi dit que lorsque le convoi transportant
Mahé s’était ébranlé vers Man, il avait
le sentiment qu’il n’arriverait pas vivant.

« Vous saviez que Mahé allait arriver mort et vous
n’avez rien fait.Comme les autres, vous avez obéi aux
ordres », lui a lancé Jean Balan, un des avocats de
la défense, laissant entendre qu’il aurait pu lui aussi
être poursuivi pour non-assistance à personne en danger.

Le procès, entamé mardi, est prévu jusqu’au 7 décembre.

Les membres de la famille de Firmin Mahé, qui affirment
qu’il n’était pas un bandit, n’ont pas encore
assisté aux débats mais, ayant finalement obtenu
leurs visas, ils seront là lundi, selon leur avocat.



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