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Quand Al-watwan justifie la violence policière sous couvert de fact-checking

D’abord il me paraît utile de rappeler la définition du nouveau terme qu’est « fact-cheking ». C’est une technique consistant d’une part à vérifier en temps réel la véracité des faits…, d’autre part à évaluer le niveau d’objectivité des médias eux-mêmes dans leur traitement de l’information. Cette notion est apparue aux États-Unis dans les années 1990 sous l’appellation de fact-checking (anglicisme également utilisé dans les pays francophones).

Mise en pratique par des journalistes d’investigation dans le cadre de leur profession, la méthode s’est démocratisée grâce à des logiciels aidant les particuliers à vérifier les faits (source: Wikipedia). Comme le reconnaît Al-watwan lors du lancement de son nouveau service la semaine dernière, le fact-checking a contribué à « assainir l’écosystème médiatique de nombreux pays et à discipliner les professionnels de la presse dans le processus de collecte, de vérification, de recoupement et de diffusion de l’information ».

Pour revenir à nos moutons, c’est l’histoire d’une vidéo postée sur Facebook apparemment le 18 mai en soirée et qui a suscité une onde d’indignation. L’indignation suscitée par cette vidéo est du fait de la violence disproportionnée utilisée par les forces de l’ordre sur un citoyen. La scène se déroule à Moheli. Dans la vidéo, on y voit un agent mettre violemment son bras autour du cou du malheureux au point de le faire traîner par terre. Il se fait réellement malmener. Les agents sont plusieurs à être sur lui, tels qu’une meute de loups sur un bison.

Cette vidéo a été traitée par Al-watwan dans sa nouvelle rubrique de fact-checking dans son édition du mercredi 20 mai. Le canard gouvernemental s’est contenté de dire que le jeune homme n’a pas été arrêté, comme lu ici et là, au motif qu’il ne portait pas de cache-nez mais « pour outrage et violence envers les agents ».

Le journal du gouvernement a pris soin de ne citer dans son article que des officiels, notamment le chef de la police de Mohéli. Celui-ci a reconnu quoiqu’en l’amoindrissant « une arrestation un peu musclée ».

Le jeune homme violenté n’a pas eu droit à un mot de compassion. Le journal ne l’a pas interrogé. Bien au contraire, il s’est contenté de rapporter (du chef de la police qui cherchait avant tout à accabler le malheureux pour expliquer le dérapage de ses agents) que le jeune était connu pour être violent. Il n’a pas non plus cherché à interroger les témoins qui ont assisté médusés à la scène et qui auraient pu livrer une autre version des faits. Nous n’avons que celle de la police et de la gendarmerie. La police n’a pas regretté son geste mais au contraire l’a justifié.

Et enfin, Al-watwan aurait pu, même brièvement, regretter la violence policière dont sont régulièrement victimes les citoyens mais il n’en a rien été. En réalité, ce n’est pas du fact-checking que fait Al-watwan. C’est, en un mot comme en cent, une opération de com’ pour le gouvernement.

Source : Toufé Maecha / La Gazette des Comores

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