20 novembre 2012
RDC : calme et désarroi à Goma, tombée quasiment sans combats
Des rebelles du M23 dans une rue de Goma, en RDC, le 20 novembre 2012 ©AFP
GOMA (RDC) (AFP) – (AFP)
Débordant de rebelles en
armes, un camion circule lentement dans le centre de Goma. »Mais dans quel pays sommes-nous ? », s’interroge une
jeune habitante de cette ville stratégique de l’Est de
la République démocratique du Congo, (RDC)
tombée mardi, quasiment sans combats, sous le
contrôle des mutins du M23.
Ils sont arrivés mardi matin par la route de
l’aéroport, sous une pluie battante qui tombait sur la
ville située au bord du lac Kivu.A leur entrée
dans Goma, quelques échanges de tirs d’armes
légères ont été entendus.Puis les
habitants ont vu les soldats de l’armée
régulière disparaître des rues, tout comme
les policiers.
Dès la mi-journée, plus eu aucune détonation
ne retentit.Enfant et adultes qui s’étaient
terrés à l’abri des maisons ressortent dans les
rues, curieux, et la ville de plus de 300.000 habitants
recommence à s’animer.
Un policier sort d’une villa, son arme au dessus de la
tête.Les rebelles prennent son arme, retirent le
chargeur, et le laissent repartir, désarmé, sans
même l’interroger.
Au « rond-point des banques », le cadavre d’un soldat
de l’armée régulière est l’objet de toutes
les curiosités.
Ailleurs, la ville ne porte pas de traces de destructions
dues à des bombardements ou à des
déplacements d’engins blindés.Mais à
l’hôpital Heal Africa, on annonce que 37 personnes
blessées par balles ont été soignées : 12
enfants et 25 adultes dont trois femmes enceintes.Deux ont
perdu leur bébé.
Comme sur un terrain d’opération, une douzaine de
rebelles passent, en ligne.Disciplinés,
concentrés, ils ne répondent pas aux questions et
se positionnent dés que les éclaireurs marquent un
arrêt, en tête de la colonne.
Ils sont
vêtus de tenue de camouflage appelées
« cache-cache » à Goma et chaussés de bottes
en plastique noire comme les membre de l’AFDL (Alliance des
forces démocratique pour la libération), la
rébellion partie de l’est en 1996 qui avait porté
au pouvoir Laurent Désiré Kabila (père de
l’actuel président Joseph Kabila), avec le soutien du Rwanda.
« Mais dans quel pays sommes-nous ? », demande Suzanne
Bita, 28 ans, habitante de cette ville déjà prise
par des rebelles en 1996 et en 1998. « Les gens qui
viennent d’arriver à Goma viennent du Rwanda (…) il
est temps que les dirigeants de notre pays nous disent la
vérité sur la gestion de notre province.Nous
n’allons pas accepter que chaque fois, les pays voisins
viennent marcher sur notre démocratie », lance-t-elle.
Nous ne savons pas où aller
Un autre passant, Christophe Paluku, 30 ans, s’approche,
amer : « Nous ne savons pas où aller sinon j’aurais
quitter la ville avec toute ma famille.C’est inacceptable
que ce genre d’histoire revienne au Nord-Kivu », dit-il.
La plupart des habitants semblent pourtant soulagés
qu’il n’y ait pas eu de vrais combats en ville, même si
l’un d’entre eux a vu sa maison détruite par un char
qui a tourné trop court dans la rue.Les
« éclats se terminent », commente un Congolais du
quartier Office.
Mais seuls les « rwandophones » (Hutu et Tutsi
congolais) disent leur satisfaction d’avoir vu partir une
armée qui les rançonnait et des policiers qui
exigeaient de l’argent à chaque contrôle.Les
autres ne veulent rien dire.
Les soldats des Nations
Unies, omniprésents jusqu’à la semaine
dernière dans Goma, se font rares.Quelques voitures de
liaison siglées UN passent sans que les rebelles ne
s’en formalisent, ainsi que des camions d’approvisionnement
en eau.
Les seuls blindés visibles sont ceux du bataillon indien
de la Monusco (Mission des Nations unies pour la
stabilisation en RDC) qui gardent la zone aéroportuaire
dévolue aux Nations unies.
Le porte-parole militaire du mouvement du 23 mars
(M23), le colonel Viannay Kazarama, a quitté les
collines de Rutshuru pour venir à Goma.Et, à la
radio locale, il a demandé à tous les militaires
et policiers en poste dans la ville de se rendre.Il les a
appelés à se présenter mercredi matin au
stade de football de Goma, afin de s’y faire enregistrer et identifier.
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