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RDC : la rébellion semble marquer le pas à Sake avant le sommet de Kampala

23 novembre 2012

RDC : la rébellion semble marquer le pas à Sake avant le sommet de Kampala

Des Congolais fuient Sake, devant l’avancée des rebelles du M23, le 23 novembre 2012 en République démocratique du Congo ©AFP

SAKE (RDCongo) (AFP) – (AFP)

L’offensive
des rebelles du M23 a marqué le pas vendredi autour de
Sake, dans l’est de la République démocratique du
Congo (RDC), après l’échec d’une contre-offensive
de l’armée ayant poussé des milliers de civils
à fuir, à la veille d’un sommet régional
à Kampala sur cette crise.

L’avancée du M23, qui a conquis mardi Goma, capitale du
Nord-Kivu, puis mercredi la localité de Sake à une
trentaine de kilomètres à l’ouest, « a
été stoppée jeudi » à moins de 10 km
au sud de Sake, après des combats opposant les rebelles
à l’armée régulière alliée à
un groupe d’une milice locale, a indiqué à l’AFP
une source onusienne.

Selon un habitant de Ngumba, localité à 4 km au sud
de Sake, interrogé par un photographe de l’AFP, les
soldats réguliers « ont volé des vaches et des
chèvres dans leur fuite » après l’échec de
leur contre-offensive et les habitants « ont fui dans
toutes les directions ».

Au moins
25 civils ont été blessés
durant les affrontements, selon l’ONG Médecins sans
frontières (MSF).

Dans une rue du centre de Sake, quasiment vidé de sa
population, le photographe a vu le corps d’un civil et des
caisses de munitions vides.

« Il y a des cadavres le long de la route » vers
Kirotshe, à 8 km au sud de Sake, vers où « la
ligne de front s’est déplacée », a
déclaré à l’AFP Thierry Goffeau, chef de
mission de MSF à Goma.

Sake est un verrou stratégique d’où partent
notamment deux routes : l’une au sud qui mène à
Bukavu, capitale de la province voisine du Sud-Kivu que les
rebelles avaient annoncé vouloir prendre, et l’autre
vers l’ouest à Masisi.

C’est dans le
territoire du Masisi qu’a commencé fin avril la
mutinerie d’officiers et de soldats de l’armée devenue
la rébellion du M23.Ce territoire était aussi
l’un des fiefs de l’ex-mouvement rebelle tutsi congolais du
Congrès national pour la défense du peuple (CNDP),
dont sont issus la majorité des membres du M23.

« Tout est concentré autour de Sake », a
indiqué à l’AFP une source onusienne,
précisant que l’armée congolaise « est en train
de réorganiser son dispositif » au sud de cette
localité, vers Minova (Sud-Kivu).Selon une source
militaire occidentale, l’armée compterait sur place
3.500 hommes.Un porte-parole de l’armée, le colonel
Olivier Amuli, a confirmé à l’AFP cette
réorganisation, ajoutant que l’objectif était de
« recouvrer l’intégrité du territoire congolais ».

« S’ils nous attaquent (à Sake), nous allons
réagir », a déclaré de son côté
le porte-parole militaire du M23, le colonel Vianney Kazarama.

Alors que
l’armée essuyait ce nouvel échec face aux
rebelles, le président congolais Joseph Kabila a
suspendu le patron de l’armée de terre, le
général Gabriel Amisi, officiellement parce qu’il
est cité dans un rapport de l’ONU l’accusant de trafic
d’armes avec des groupes armés locaux.

Fuite de milliers de civils

Comme jeudi, des milliers de civils continuaient de fuir la
région de Sake pour se diriger vers le camp de
déplacés de Mugunga, près de Goma.Bienda
Kifumba, chauffeur de moto-taxi, y est arrivé jeudi
avec sa femme et ses quatre enfants, entassés avec
d’autres familles dans une ancienne école. »On ne
nous a rien donné à manger », se plaint le
père de famille.

Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés a
déploré n’avoir plus accès qu’à un seul
de ses 31 camps de déplacés au Nord-Kivu qui
abritent au total plus de 100.000 personnes.

L’Organisation mondiale de la santé a annoncé
craindre une aggravation de l’épidémie de
choléra dans la région où 65 décès
ont été enregistrés depuis janvier.

Sur le plan
diplomatique, la représentante de l’Union
Européenne pour les Affaires étrangères,
Catherine Ashton a demandé « l’arrêt
immédiat » de l’offensive du M23 et exigé son
retrait de Goma, comme l’avaient réclamé mercredi
les présidents Kabila, Yoweri Museveni (Ouganda) et
Paul Kagame (Rwanda).

Mais le M23, qui dit avoir de multiples revendications
« pour améliorer les conditions de vie des
Congolais », réclame un dialogue « direct »
avec Kabila comme préalable à tout retrait de Goma.

Le président du M23, Jean-Marie Runiga Lugerero,
était à Kampala vendredi où il pourrait
rencontrer le président ougandais, selon son mouvement.Il pourrait également être présent samedi
à Kampala où se tiendra un sommet régional
sur la crise en RDC.

Dans un rapport publié
mercredi, l’ONU a de nouveau accusé le Rwanda de
commander de fait le M23 et l’Ouganda de fournir un soutien
à la rébellion, ce que les deux pays nient.

Alors sa mission de 17.000 hommes au Congo (Monusco) a
été critiquée pour ne pas avoir
empêché l’avancée des rebelles, l’ONU
envisage d’utiliser pour la première fois des drones
pour surveiller l’est du pays et de « renforcer les
capacités de la Monusco afin de protéger les
civils des groupes armés », selon des diplomates.



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