En ce moment

Robby Judes, ambassadeur de France aux Comores : ‘‘Les auteurs des violences à Mayotte subiront la rigueur de la loi’’

La situation à Mayotte devient de plus en plus critique. Les Comoriens des autres îles y sont pourchassés et victimes de violences. Un déferlement de haine jamais observé jusqu’ici. Al-watwan a interrogé l’ambassadeur de France à Moroni, Robby Judes, sur ces événements douloureux, notamment sur la responsabilité de l’autorité publique, accusée de ‘‘passivité’’ et ‘‘d’indifférence’’ face à toutes ces exactions.

M. l’Ambassadeur, les Comoriens issus des trois autres îles de l’archipel sont aujourd’hui victimes d’exactions, leurs maisons sont saccagées et brûlées. A Bouéni, des centaines de personnes ont sillonné les rues, pénétré dans ces maisons et délogé leurs occupants. Pourquoi la gendarmerie française a-t-elle laissé ces groupes extrémistes commettre de telles violences ?

image

La gendarmerie française n’a pas laissé des groupes extrémistes commettre des violences, il s’agit là d’une affirmation fausse. Le président de la République, les ministres de l’Intérieur et d’outre mer français se sont prononcés et ont exigé le respect des lois de la République. Et les contrevenants seront bien évidemment punis.

Les choses sont en train de s’apaiser. Vous savez comme moi que le ministre de l’Intérieur a dépêché des forces de sécurité supplémentaires, de la gendarmerie et de la police, pour permettre à tous ceux qui vivent à Mayotte d’être respectés, que ce soient des Mahorais, des Comoriens ou d’autres personnes. Il est important de dire deux choses : les Comoriens qui se trouvent à Mayotte de manière légale, devront et vont récupérer leurs lieux d’habitation et ceux qui sont arrivés de manière illégale vont bien évidemment être expulsés vers leur destinations, à savoir les Comores.

Des élus franco-comoriens ont saisi les autorités françaises dont le président François Hollande. Ils dénoncent la situation que vivent les Comoriens des autres îles à Mayotte. Ils qualifient l’île de ‘‘zone de non droit’’, voire de ‘‘far west’’. Comment la patrie des droits de l’homme peut-elle donner d’elle-même une si mauvaise image ?

Il faut faire attention au vocabulaire qu’on emploie : zone de non droit, far west… Il faut éviter de se laisser aller aux vocabulaires de l’émotion. Il faudrait qu’on soit un peu rigoureux. Mayotte est un département français et les lois de la République s’y appliquent. Nous avons assisté dernièrement à certains dérapages et ceux qui seront tentés de continuer dans ce type d’actions illégales subiront les lois de la République.

Donc, il est tout à fait inexact d’utiliser des termes comme ‘‘zone de non droit’’ et de ‘‘far west’’. Les élus franco-comoriens peuvent dire ce qu’ils veulent, nous sommes dans un pays libre. La France est une démocratie. Qu’on soit élu ou pas, on a le droit de dire ce qu’on l’on veut. Mais, il faut d’abord évaluer la situation et contribuer à apaiser les choses. Il ne sert à rien d’utiliser ces mots pour essayer de compliquer une situation qui l’est déjà assez.

Le mercredi 18 mai, le porte-parole du gouvernement français, Stéphane Le Foll, a déclaré au sujet de la situation à Mayotte : «Il y a là, avec l’immigration qui vient des Comores, un sujet sur lequel le statu quo ne peut pas être accepté ». La France n’est-elle pas en train, avec une telle déclaration, de donner raison aux casseurs ?

La déclaration du porte-parole du gouvernement est assez compréhensible. Il veut dire par là qu’il est temps que toutes les parties prennent leurs responsabilités pour arriver à une situation équilibrée et acceptable pour tout le monde. Je rappelle qu’il existe un Haut conseil paritaire qui permet aux Comores et à la France de discuter et d’échanger sur la question mahoraise. Je suis assez optimiste et j’espère que nous parviendrons à des solutions qui permettront à Mayotte de poursuivre son développement de la manière dont les Mahorais le souhaitent.

Dans un communiqué publié mardi soir, les ministères français de l’Intérieur et des Outre-mer ont condamné les violences commises et rappelé que les individus impliqués auront à rendre des comptes à la justice. Jusqu’ici, personne n’a été inquiété alors que les casseurs n’avaient pas été cagoulés et agissaient à visage découvert. Comment expliquez-vous cette différence entre les discours et les actes ?

Je n’ai pas les dernières informations. Il faudrait poser la question à la préfecture de Mayotte. Il est certain que les gens qui ont commis des actes graves et qui seront identifiés devront rendre des comptes à la justice. La République française ne permet pas à certains de se transformer en justiciers et de s’en prendre à des innocents.

La France a, ces derniers mois, fait l’objet de violentes critiques de la part d’une partie de l’opposition comorienne. On vous accuse d’avoir pris fait et cause pour le candidat du pouvoir à l’élection présidentielle, Mohamed Ali Soilihi et ‘‘d’ingérence’’ dans les affaires internes des Comores. Que répondez-vous à ces critiques ?

Ce sont des critiques continuelles depuis que la France est la France et les Comores sont les Comores. Les Comoriens ont tendance à chercher des bouc-émissaires à leurs affaires intérieures. La France est un grand pays, nous sommes totalement neutres dans cette affaire et ce qui nous intéresse est d’aider au développement de ce pays.

J’en ai pour preuve les dizaines de millions d’euros qui sont envoyés aux Comores pour permettre à ce pays à se développer. Nous n’avons pas de préférence. Notre seule préférence, c’est que vous ayez à la tête du pays un gouvernement élu démocratiquement qui soit le choix du peuple comorien et que ce gouvernement se mette au travail sans tarder pour développer ce pays qui en a bien besoin. Tout le reste est mauvaise littérature.

Propos recueillis par
Mariata Moussa / Alwatwan

Comoresinfos est un média qui a vu le jour en avril 2012 et qui depuis lors, prône l'indépendance éditoriale. Notre ferme croyance en l'information de qualité, libre de toute influence, reste un pilier essentiel pour soutenir le fonctionnement démocratique.

1 commentaire sur Robby Judes, ambassadeur de France aux Comores : ‘‘Les auteurs des violences à Mayotte subiront la rigueur de la loi’’

  1. Moi j’ai dit que tout ce qui se passe à Mayotte la France est derrière car elle a essayé de semer les troubles aux 3iles autres ,elle a raté donc elle va pousser les mahorais d’expulser leurs frères en bouchant ses oreilles et elle se prétend un pays respectant les droits de l’homme mais c’est pays de non respect de droits et notre gouvernement attise aussi le feu aucun gouvernement n’a essayé de rompre nos relations avec la France à cause de problèmes de l’ile de Mayotte.

Réagissez à cet article

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


error: Content is protected !!