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Salim Saad : «Réclamer une constitution de 2001 abrogée est une stratégie dangereuse»

Souhaitant intervenir après le discours du chef de l’Etat et la conférence du parti Crc, le leader du parti Al-qamar, qui se réclame de «l’opposition constructive», a abordé plusieurs sujets de l’actualité politique nationale. De 2021 à la détention de Sambi, en passant par le bilan du pouvoir, la gestion de la Covid-19, la conférence de Paris, entre autres, Salim Saad a livré sans cligner les yeux son avis. Entretien.
Après le discours-bilan et la conférence tenue par le parti présidentiel Crc, le leader du parti Al-qamar a réagi, lors d’un entretien accordé à Al-watwan. Ainsi, il condamne «les propos déplacés» qu’auraient tenus le secrétaire général de la Convention pour le renouveau des Comores, Youssoufa Mohamed Ali, contre les forces et les personnalités qui défendent la tournante en référence de la constitution de 2001. «Nous ne tolèrerons pas des propos qui nourrissent la division des Comoriens. Un directeur de cabinet chargé de la Défense ne doit pas tenir de tels propos contraires à la paix et à l’unité nationale. Nous demandons de surcroît que Youssoufa Mohamed Ali présente des excuses publiques à l’endroit des Comoriens», a-t-il déclaré, soulignant que les menaces et les intimidations n’ont pas de place dans la société. «Ce pays nous appartient tous et les divergences d’opinions doivent continuer d’exister sans avoir à craindre pour sa propre vie. La liberté d’opinion est un droit qu’on ne peut pas négocier», a-t-il insisté.

Sur la question de la tournante de 2021 prônée par certains cadres politiques, Salim Saad indique que la position du parti Al-qamar ne souffre d’aucune clarté. «Notre pays a adopté une constitution en 2018 qui prévoit autre chose. À ma connaissance, ces personnalités défenseurs de la constitution de 2001 ont participé aux élections présidentielles de 2019, la meilleure façon de légitimer la constitution en vigueur aujourd’hui», a-t-il rappelé avant d’ajouter que ces derniers avaient l’opportunité de défendre les accords de Fomboni pendant les Assises nationales et le référendum, ils ont choisi la politique de la chaise vide. «Aujourd’hui, le fait de ne pas accéder au pouvoir ne doit pas constituer un argument du retour à une constitution de 2001 abrogée. Cette stratégie dangereuse exposée aux anjouanais doit cesser, car l’histoire doit nous servir de référence. L’unité nationale est sacrée», a martelé ce leader qui se réclame de «l’opposition constructive».
En ce qui concerne le bilan du chef de l’Etat, le parti Al-qamar demande à la Crc et au président de la République de présenter un bilan de 3 ans, de 2016 à 2020, et non le bilan d’une année. «Au lieu de jouer de la démagogie, le parti au pouvoir doit montrer ce que le peuple comorien a bénéficié pendant ces trois années de gouvernance», réclame-t-il. «Quelle est la situation socio-économique qui prévaut dans le pays par rapport à 2016, au-delà de la politique politicienne qui consistait à organiser des scrutins au lendemain des assises nationales ?».

Contrairement au parti du pouvoir, Salim Saad dresse un autre tableau. Pour lui, les Comoriens continuent de se soigner à l’étranger, les problèmes du chômage persistent, la vie demeure très chère, la balance commerciale demeure toujours déficitaire, les déchets continuent de joncher dans les rues de la capitale, les plages sont transformées en déchetterie… «Quelques améliorations sont quand-même à noter sur la question de l’électricité même si les délestages ne sont pas totalement éradiqués», a-t-il mentionné.
Le leader du parti Al-qamar déplore que l’émergence prônée par le chef de l’Etat et le plan Comores émergentes (Pce) ne réussissent pas à prendre la vitesse de croisière. Selon lui, «il y a du flou qui règne» dans la phase post-Cpad. «Le gouvernement doit élaborer un plan d’exécution des projets retenus lors de la Cpad et dévoiler les plannings correspondants, accessible à tous», souhaite-t-il.

Par rapport à la gestion de la Covid-19, Salim Saad regrette «le manque de calendrier prévisionnel» clair sur la gestion de la pandémie et le plan de sortie de crise. «Tous les pays ont tracé une feuille de route claire, certains pays ont procédé à l’ouverture de leurs frontières et d’autres ont annoncé des dates», a-t-il expliqué, demandant à connaitre le plan et la santé économique de notre pays, mais également les mesures spéciales étudiées pour pallier aux désordres causés par la pandémie. «Le gouvernement doit élaborer un plan national de solidarité en faveur de la population en créant un fonds de solidarité spécial dédié à la hauteur du contexte», propose-t-il.
Salim Saad propose également qu’une politique d’autosuffisance alimentaire soit urgemment mise en place, après l’expérience de la pandémie. «Le gouvernement doit mettre l’agriculture sur le compte des projets prioritaires. L’importation des produits vivriers et de premières nécessités constitue un handicap majeur sur le développement de notre pays. Notre indépendance doit trouver écho sur l’indépendance alimentaire pour que chaque Comorien puisse manger à sa faim à moindre coût», continue-t-il de clamer.

Concernant la position des leaders de l’opposition selon laquelle Salim Saad ne fait pas partie de l’opposition, le principal intéressé a répondu cash : «je crois que ce sont eux qui ne font pas partie de l’opposition. Moi, je représente l’opposition. Eux, ils se sont exclus de l’opposition. S’ils ne reconnaissent pas le président de l’Union des Comores, ils ne sont pas de l’opposition. L’opposition est celle qui reconnait le président, le gouvernement, une justice. On peut avoir des divergences, ne pas être d’accord sur tous les sujets, mais on se met autour de la table, on échange, on améliore. Leur seul leitmotiv est que le président s’en aille pour le remplacer. Ils ne proposent aucune solution pour les Comores».

Par rapport à la détention de l’ancien président, Ahmed Abdallah Sambi, le leader du parti Al-qamar a montré qu’il n’a pas l’habitude de commenter des décisions de justice, cependant, il demande à celle-ci d’accélérer le dossier afin que le procès soit tenu dans les brefs délais. «Il est temps que la justice accélère les choses et fasse son métier et que le président Sambi soit jugé, qu’il soit reconnu coupable ou innocent, mais qu’il y ait un verdict, qu’il soit fixé sur son sort», a-t-il demandé, regrettant «une détention qui dure encore longtemps»

Nassila Ben Ali/ Alwatwan

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