«C’est après avoir épuisé toutes les voies de recours que nous nous sommes décidés à porter l’affaire devant le Comité de gestion du Consortium Eassy», a fait savoir Azhar Mohamed, directeur commercial de Telco, direction régionale de Ngazidja.
Par Kamardine Soulé
Nous y sommes. C’est aujourd’hui, mardi 15 novembre, qu’expire le délai de trente jours accordé à Comores Télécom par le comité de gestion du consortium Eassy pour activer la capacité de Telco à la station d’atterrissement du câble sous-marin à fibre optique Eassy (Eastern Africa Submarin System). A défaut, les instances du consortium menacent de désactiver la capacité de l’operateur public.
Comme le note le dernier communiqué de ce comité de gestion du consortium, le câble Eassy comporte neuf stations d’atterrissement pour permettre à tous ses membres de pouvoir activer la capacité dont ils disposent d’un point à un autre du système à des conditions commerciales «justes et raisonnables.»
Position monopolistique
Malgré de nombreuses demandes formulées depuis un an par Telma Comores, aucun accord commercial n’a pu être trouvé. L’opérateur public refuse l’accès du nouvel opérateur à l’interconnexion à l’international via le câble sous-marin dont il est gestionnaire. Outre la désactivation de sa capacité, Comores Telecom pourrait perdre définitivement ses droits, sa capacité «pouvant ultérieurement être réallouée aux seize autres membres du Consortium», a prévenu Chris Wood, président du Comité de gestion d’Eassy.
Lors d’une conférence de presse, vendredi, le directeur général de Comores Télécom avait accusé Telma et le président de la Fédération comorienne des consommateurs de vouloir «semer la zizanie» en agitant la peur d’un isolement des Comores en matière de télécommunications à partir de ce 15 novembre. «Certains pensent que le 15 novembre, avec cette coupure annoncée d’internet, ce sera l’apocalypse. Nous ne pensons pas que le consortium Eassy puisse aller jusqu’à désactiver notre capacité», avait donc déclaré Oumara Mgomri (lire Al-watwan notre édition d’hier).
La réponse de Telma ne s’était pas fait attendre. Les cadres de cet opérateur privé ont montré, correspondance à l’appui, combien Comores Télécom est restée hermétique à toute négociation. «Il a fallu que nous passions par le chef de l’Etat Azali Assoumani pour que Monsieur Oumara Mgomri daigne à nous recevoir», a regretté Azhar Mohamed, directeur commercial Telma Comores pour la direction régionale de Ngazidja.
En effet, le 6 septembre dernier, l’administrateur directeur général du groupe Telma avait écrit au directeur général du protocole du président de la République pour une audience avec le chef de l’Etat, histoire justement de le « tenir informé des problèmes rencontrés» dans le cadre du projet de déploiement de l’opérateur aux Comores. «C’est après avoir épuisé toutes les voies de recours que nous nous sommes décidé à porter l’affaire devant le Comité de gestion du Consortium Eassy», a fait savoir Azhar Mohamed, au cours d’une conférence de presse samedi.
C’est ainsi que les membres dudit consortium se sont réunis, du 2 au 4 novembre à Londres, pour trancher, entre autres, sur le cas de l’opérateur public comorien. Ceci après une saisine du groupe Telma, maison mère de Telma Comores et membre du consortium Eassy. Pour montrer leur bonne foi, les responsables de Telma Comores ont brandi une vingtaine de lettres adressées, en vain, à l’operateur public, au régulateur du secteur (Anrtic) et au ministère de tutelle pour essayer de «dénouer la situation.»
Le chef de l’Etat, les députés et le recours au satellite
Il faut dire que l’affaire a bien dépassé le cadre purement technique et commercial. Vendredi dernier, les députés qui se sont saisies de l’affaire ont donné «cent heures» aux deux parties pour s’entendre. Lors des auditions devant les élus de la République, le patron de Comores Télécom aurait proposé à ce que Telma débourse la somme de 1 million de dollars mensuel pour tout raccordement «physique» au câble sous-marin. Une proposition qui aurait offusqué même les députés et jugée «non raisonnable» par les responsables de Telma.
Mais cette guéguerre entre les deux opérateurs ne se résume pas à la seule question «d’interconnexion». Dès les premières négociations, Comores Télécom a refusé la location et le partage de ses pylônes avec le nouvel opérateur. En contradiction avec les lois et pratiques en vigueur dans le secteur, qui appellent les opérateurs à partager leurs infrastructures, notamment pylônes, énergie, backbone, pour mutualiser et réduire leurs coûts. «Nos études prévoient 150 sites radios pour une couverture totale du territoire ; il était donc convenu que nous louons soixante quinze pylônes chez Comores et Telma doit en installer soixante quinze nouvelles», a indiqué Karim Attoumani Mohamed, chargé des relations publiques et des relations avec le Régulateur chez Telma Comores.
Face à cet enlisement, le directeur général de Comores Télécom, qui continue de camper sur ses positions, pense à d’autres alternatives une fois que le comité de gestion d’Eassy aura mis sa menace à exécution. «Certes, cela risque de produire des désagréments car on reviendra aux 20 mégas du satellite (au lieu des 900 mégas du câble), mais nous misons sur la liaison avec Lion II à travers Maore», a-t-il dit.
Enfin, Telma dit, de son côté, avoir prévu un plan B, si l’operateur public maintient son refus de le raccorder au câble. «Nous avons jusqu’au 14 décembre pour passer notre premier appel commercial. Nous avons beaucoup évolué dans nos travaux, et nous sommes en mesure de dire que nous serons dans les délais. Si aucune solution n’est trouvée avec Comores Télécom, nous nous raccorderons par faisceau hertzien (satellite) à partit de Mayotte », a annoncé Karim Attoumani Mohamed.
Alwatwan
C’est inadmissible de la part des dirigent de comores telecom..